Chapitre 8

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Je marchais frénétiquement à la recherche d'un taxi qui me conduirait vers la demeure d'Ada Shelby. J'avais en mémoire qu'elle se situait dans une petite rue de Londres, non loin d'un quartier que j'avais l'habitude de fréquenter jadis. Dans mes souvenirs, Thomas lui avait acheté cette maison pour qu'elle et son fils puissent vivre en paix, loin des affaires familiales.

En réalité, j'ignorais si elle y résidait toujours.

Après une quarantaine de minutes de trajet, j'arrivais devant l'endroit que je cherchais. C'était une grande maison de briques rouges, typique de l'architecture anglaise. Néanmoins, elle restait très grande et la façade traduisait d'une certaine richesse.

J'étais immobile devant cette grande demeure, et je regrettais soudain d'être venue. Après tout, qui étais-je pour elle et ainsi venir la réconforter ? Nous n'étions pas si proches que cela. Et si sa famille était déjà sur place ? Et si elle n'habitait plus là ?

Je cessais de me poser ces questions, et me pris mon courage à deux mains pour m'avancer vers ce grand portail. Je remarquai son nom gravé sur la boite aux lettres. J'étais au bon endroit. Au moins je ne risquerai pas de rentrer chez un inconnu.

Je continuais dans ma lancée, et m'avançait vers la grande porte en ferraille noire, parfaitement ornementée. Je décidais alors de toquer sur cette dernière. Une fois. Deux fois. Une dernière fois. Sans réponse. Après quelques instants, je criais son nom pour l'interpeller, sans grand succès.

J'étais face à un dilemme : entrer chez elle sans son approbation. Ou faire demi-tour. Je choisi la première option, j'étais inquiète pour Ada, d'autant plus qu'elle ne répondait pas. Je souhaitais vraiment l'aider. Je tournai alors légèrement la poignée, et la porte s'ouvrit. Elle n'était pas verrouillée, étrange.

Un immense hall d'entrée apparu à moi. La décoration était magnifique. Elle avait peu changé, mais je constatai que quelques meubles avaient été remplacés et les murs avaient été repeints. Une fraîche odeur de peinture envahit la pièce. Un immense tableau de la famille Shelby surplombait le salon. Ada avait réellement de très bons gouts en matière de décoration.

Je m'avançai, peu confiant et à pas de loup au sein de cette immense bâtisse, observant tout autour de moi. La maison était vide, il n'y avait pas un chat. J'appela Ada, sans réponse.

Je décidai de monter à l'étage, pour savoir si tout allait bien. Mon dieu, si elle n'était pas ici et que quelqu'un me surprenait, je me sentirai honteuse. Mais j'avais un pressentiment. Quelque chose n'allait pas.

Arrivée à mi-chemin des escaliers, une voix me fit tressaillir. Je me raidis de peur.

-    Madame, qui êtes-vous ?

Je me retournai immédiatement dans un sursaut. Un petit garçon se tenait devant moi. Il devait avoir environ 7 ans. Son visage était baigné de larmes. Il était raide, tel un piquet, l'air totalement affolé. C'était Karl, le fils d'Ada. Il avait tant grandi, j'eu un peu de mal à le reconnaitre. Mais il avait les yeux de sa mère, les yeux qui étaient le propre de toute la famille Shelby. Des yeux que je reconnaitrai entre mille.

-    Karl ! Je suis venue voir ta maman, sais-tu où elle est ?

Je m'avançai vers le bambi apeuré, et le prit dans mes bras afin de le réconforter.

-    Tu n'es pas seul Karl, ça va aller. Mais dis-moi où est ta maman s'il te plait, tu veux bien ?

-    Ma..maman est en haut. Enfermée dans la salle de bain. Répond pas depuis une heure.

-    D'accord merci Karl. Ne bouge surtout pas, installe-toi sur le canapé, ça va aller. Je reviens tout de suite.

Mon dieu, je craignais le pire. Mon esprit ne me jouait pas de tours, je savais que quelque chose n'allait pas. Je couru en direction de la salle d'eau et frappa frénétiquement à la porte.

-    Ada ! Ouvre-moi, c'est Chiara !

Silence. J'insista encore quelques minutes, en criant son nom, encore et encore. Puis, prise d'inquiétude et de peur, je mis un grand coup de pied dans cette fichue porte qui nous séparait. J'entrais dans la pièce et je la découvris enfin. Elle était bien là. Inconsciente, sur le sol, une bouteille de scotch à sa droite, des médicaments à sa gauche. Son visage était creusé et son teint blafard. Ses yeux étaient fermés. Je fus immédiatement prise d'une panique intense, de sanglots violents. Je craignais qu'elle ait commis le pire, n'ayant pas supporté la douleur de la perte de Ben Younger. Je pris son pouls, en espérant me tromper. Il était très faible, mais elle respirait.

Je n'avais pas beaucoup de temps pour agir. Réfléchis Chiara.

Pendant la Guerre, j'avais suivi une brève formation d'infirmière, et je me rappelai soudainement les premiers gestes de premier secours que l'on m'avait enseigné.

Je soulevai son corps désarticulé, tel un pantin, et le plaça en position assise. Je mis mes deux doigts dans sa bouche, pour qu'elle puisse vomir. Il fallait nettoyer son corps des pilules qu'elle avait ingéré. Et vite. Si elle ne recrachait pas tout d'ici quelques minutes, elle allait surement mourir. Rien ne venait. « Ada je t'en prie » pensait-je, le visage inondé de larmes. Je hurlai et criait qu'on nous vienne en aide. Mais personne ne pouvait nous entendre depuis cette immense demeure. Dans un élan de désespoir, j'interpella son fils, resté dans le salon.

-    Karl !! Appelle les urgences tout de suite !!

Quelle idée de demander cela à un enfant de 7 ans. Il ne savait surement pas se servir d'un téléphone et il était déjà assez choqué comme cela. Mais je devais tout essayer.

Après plusieurs tentatives, Ada libéra de son corps le poison qu'elle avait ingurgité. Je fus soulagée immédiatement. Ses jours n'étaient plus en danger. Mais elle était toujours inconsciente. Je la plaçai sur le côté, les mains relevées sous son visage, pour qu'elle ne s'étouffe pas. Ensuite, je couru dans le hall d'entrée afin de saisir le combiner, pour qu'on envoie une ambulance ici le plus vite possible.

Il fallait que je prévienne également sa famille. Mais une seule correspondance me restait en mémoire. La sienne. Alors je l'appelai, lui. Thomas Shelby.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant