Le prix à payer - PEAKY BLINDERS

Chapitre 14

Nous arrivâmes avec Nathan au Garrison aux alentours de minuit. L'ambiance était fidèle à celle de ce bar : quelques hommes étaient assis autour des tables rondes au fond et jouaient aux cartes, d'autres étaient assis face au comptoir, et la petite salle réservée aux Shelby semblait fermée.

Les lumières étaient tamisées, les gens riaient, les vapeurs de cigarettes nous chatouillaient les narines et l'alcool coulait à flot. Nous prîmes place au comptoir et quelques hommes se retournèrent pour dévisager mon frère tout en chuchotant. Les étrangers n'étaient pas courants ici et ils nous le faisaient ressentir. Le barman s'approcha de nous afin de prendre notre commande. Nathan prit un whisky Irlandais et moi, ne raffolant pas de l'alcool fort, une coupe de champagne. Je me détendis petit à petit car l'atmosphère était réconfortante et chaleureuse. Je sirotai mon verre tout en regardant tout autour de moi.

-    Bon, raconte-moi. Comment se passe ta vie ici désormais ?

-    Nathan s'il te plait, parlons d'autre chose.

Sur ces paroles mon frère engloutissait sa boisson d'une traite et fit retomber le récipient sur le bois massif en un bruit sourd. Il me regarda, le sourire aux lèvres, m'invitant à faire de même. Je m'exécutai immédiatement tout en rigolant. Ce soir je souhaitais seulement m'amuser. A ce même instant, un orchestre se mit à jouer du Charleston, ce qui renforça l'euphorie de la soirée.

-    Monsieur, resservez-nous la même chose. En fait non, ce sera une bouteille de champagne et une du même whisky.

-    Nathan, arrête ! Nous n'avons pas les moyens.

Il fit mine de ne pas m'écouter et saisit les deux bouteilles que le serveur nous tendit afin remplir nos verres vides.

-    C'est ma tournée, j'ai un peu d'argent de côté.

-    Si papa te voyait...

-    Oui mais il n'est plus là. Détends-toi s'il te plait, on peut bien rigoler un petit peu.

La soirée continua ainsi. Nathan et moi, nos verres de champagne et de whisky respectifs. L'alcool nous enivrait mais il était si bon de se retrouver, de profiter de notre compagnie mutuelle. Je commençais réellement à sentir le breuvage me monter à la tête, mais je m'en fichais. Je souhaitais juste profiter de ce moment, les parcelles de bonheur qu'il me procurait étaient inestimables et me firent oublier tous les soucis auxquels j'étais confrontée.

Nous parlions, rigolions, et Nathan m'invita même à danser sous les encouragements des autres hommes présents autour de nous. J'étais tout de même un peu réticente à l'idée de me dévoiler devant tous les regards.

-    Allez sœurette, juste une petite danse.

Il me prit par la main et m'entraina au centre de la pièce. Les ivrognes autour de nous s'étaient écartés, dévoilant l'esquisse d'une piste de danse. Il me prit par la taille et nous dansâmes, endiablés sur un rythme de Jazz Roots. J'étais tellement heureuse à cet instant.
Les adeptes du bar ainsi que le serveur nous acclamaient en cœur en exprimant leur joie. Apparemment, il était rare que des gens dansent ici.

Quelques coupes de champagnes plus tard, je sentis ma tête me tourner, mais c'était si bon. Des hommes nous hurlaient de continuer et entre deux gorgées, nous reprîmes notre petite chorégraphie et la musique accompagnait chacun de nos pas, comme si l'orchestre ne jouait que pour nous deux. Le temps s'arrêtait réellement.

Pourtant, je fus soudainement arrachée de ma petite bulle quand la porte de la petite salle privatisée s'ouvrit.

-    Putain de merde ! Vous allez arrêter votre foutoir ? On n'est pas dans un bordel ici !