Chapitre 44

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Les Shelby avaient pris place autour de la table où se trouvaient assis Turner et ses hommes. L'ambiance était particulièrement étrange ; tout le monde était sur ses gardes. Seuls Thomas et ce fameux Ander discutaient. Arthur et John étaient plus en retrait, et observaient toute la tablée, tout comme les hommes de main, prêts à dégainer leurs armes à tout instant.

Mais après quelques discussions échangées, Thomas avait su faire la part des choses. Il s'était adouci, tout en ne perdant pas de vue son objectif. L'argent. Cette affaire pouvait lui rapporter si gros qu'il se devait d'être diplomate. Alors il avait fait de nombreux efforts pour parvenir à garder son calme face à son interlocuteur qui était plus qu'arrogant et orgueilleux.

Le chef des Peaky Blinders était doué pour le dialogue et la persuasion. Il était très rare qu'il s'énerve, il ne parlait que très peu mais quand il ouvrait la bouche, tout le monde l'écoutait. Si bien qu'il en sortait de sa personne un charisme presque magnétique.

Cependant il savait faire dégager de sa personne cette sorte d'agressivité par son regard, qui contrastait avec reste de son visage impassible. Il arrivait à faire comprendre aux autres qu'il ne fallait pas l'entuber sous peine de représailles. Et cela, Turner l'avait bien compris.

Alors après avoir poffiné les derniers détails du contrat d'exportation, ils s'étaient tous deux arranger sur les parts que chacun toucherait. Ils avaient craché dans leur main, comme pour jurer sur l'accord passé, et se l'étaient serrées. Le marché était conclu. Les deux gangs allaient devenir plus riches que jamais.

Mais Thomas était tout de même très méfiant. Comme si son instinct primitif lui envoyait des signaux. Au regard de l'attitude de Turner Anderson, il comprenait qu'il allait rapidement devenir un problème. En effet cet homme avait gravi les échelons à une vitesse folle et il avait déjà une petite armée de soldats à ses bottes ainsi qu'une énorme fortune dans son compte en banque.

Thomas savait qu'il était un homme puissant, et que celui-ci essayerait de la lui mettre à l'envers un jour. Car les nouveaux riches sont ambitieux et ils n'ont peur de rien. Ils n'ont rien à perdre car ils n'ont aucune réputation à tenir auprès des autres.

C'était comme s'il se voyait en lui, quand il était bookmaker en soif d'argent et de pouvoir et qu'il s'était allié avec Billy Kimber sur les revenus des paris hippiques. Au début cela lui avait suffi, puis il avait vu plus gros. Comme s'il n'avait pas été comblé par ce qu'il avait déjà.

Au bout d'un moment, quand tout le monde avait enfilé la moitié des cinq bouteilles de Rhum sur la table, l'atmosphère s'était allégée. On ne parlait plus business ni affaires car après la signature d'un contrat, cela portait malheur de le faire.

Chacun avait pris part aux conversations dont les sujets tournaient majoritairement autour de l'économie, de la politique et des femmes. John et Arthur rigolaient parfois, mais Thomas se murait dans le silence car cela le mettait face à ses propres échecs. Les femmes et la politiques. Chiara et Oswald Mosley.

C'était un homme qui détestait la défaite et pourtant il avait perdu sa douce ainsi que sa petite bataille contre le fasciste. En effet, après le départ de sa bien-aimée, il avait été rongé par la culpabilité.

Il avait abandonné son poste au sein de la Chambre des Lords car il ne pouvait plus se confronter à Oswald. En le côtoyant, il se souvenait ce qu'il avait fait. Et il voyait en son âme un être horrible qui avait tué un gamin innocent. De plus, Oswald avait fini par quitter La Chambre des Lords après qu'on lui ait proposé un poste bien plus alléchant dans une autre ville.

Alors il s'était encastré dans sa chaise, fumant et buvant encore et encore. Il observait autour de lui les gens qui dansaient et riaient, la musique qui hypnotisait les corps, les prostituées qui s'invitaient à leur table. L'une d'entre elle s'était même assise sur Arthur, qui semblait avoir oublié Linda sur le champ. Mais tout ceci lui paraissait si futile, si superficiel.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant