Le prix à payer - PEAKY BLINDERS

Chapitre 35

Le bar était plein à craquer. Un orchestre jouait du jazz, des femmes dansaient, des hommes assis au bar avaient le nez plongé dans leur verre. J'avais enlevé mon manteau, dévoilant une robe noire assez simple, pour le déposer sur une chaise car il faisait très chaud à l'intérieur.

Je m'étais avancée vers une petite table vide au fond de la pièce et je m'y étais installée. Le serveur était venu me voir quelques instants plus tard pour prendre ma commande et il m'avait ramené dix minutes après une bouteille de vin que je n'avais pas mis beaucoup de temps à finir entièrement. Si les semaines passées m'avaient bien appris quelque chose, c'était que j'avais une bonne descente.

J'avais fumé de nombreuses cigarettes tout en observant la vie autour de moi. Je ne reconnaissais aucun visage familier. Quelques hommes m'avaient approché pour tenter leur chance mais je les avais tous envoyé paître, n'ayant absolument pas la tête à cela. Et puis, au fond, il y avait toujours Thomas dans ma tête.

Je sentais que l'alcool me montait à la tête et cela me procura une sensation assez agréable. Je me laissais bercer par le rythme de la musique et j'arrivais pour une fois à penser à autre chose qu'à la mort de mon frère.
Une petite heure plus tard, deux hommes entrèrent dans le bar et tout le monde s'était tut d'un coup. J'avais tourné la tête et j'avais directement croisé le regard d'Arthur et de John.

Je m'étais alors contentée de tourner la mienne afin de les éviter car à cet instant je n'étais pas vraiment d'humeur à parler avec qui que ce soit. Du coin de l'œil je les avais vu se diriger en direction du bar où le barmaid leur avait directement tendu une bouteille de Whisky.

Puis, ils avaient directement marché en ma direction et s'étaient tiré une chaise avant de s'asseoir à mes côtés, tout en se servant un verre. J'avais lancé un grand soupir à cet instant précis, car je me sentais dénuée de toute force pour avoir une interaction sociale.

Ils semblaient un peu gênés de la situation et leurs yeux me regardaient avec dépit, parcourant mon visage creux et mon corps maigre. Je sentais de la tristesse sur leur visage et cela se voyait qu'ils ne savaient pas comment m'aborder. Mais avec bienveillance et malgré une voix tremblotante, Arthur engagea la conversation.

- Ça fait du bien de te revoir parmi nous.

- Merci, c'est gentil Arthur.

- Tu veux reprendre un verre ?

- Ça va aller, j'ai déjà trop bu.

- Hm. Tu vas faire quoi maintenant ?

- C'est-à-dire ?

- Dans ta vie, je veux dire.

- Oh, et bien, je n'en sais trop rien. J'ai perdu mon boulot, mon frère, je n'ai plus d'attache ici. Je vais peut-être tout recommencer ailleurs. Loin de cette maudite ville.

- Et Tom ?

À cet instant John avait regardé Arthur d'un regard noir et lui avait donné une petite accolade du coude comme pour lui indiquer de se taire.

- Il est le cadet de mes soucis actuellement Arthur.

Au fond de moi, je savais que ce n'était pas le cas. Je souhaitais juste ne pas me rajouter une source de préoccupation en plus, même si cela me déchirait partiellement le cœur. J'avais juste le besoin d'être seule pour affronter mon deuil.

- Il t'attend tu sais. Il t'attendra toujours.

À la suite de ces mots, et comme si l'univers tout entier avait entendu les paroles d'Arthur, les portes du Garrison s'ouvrirent simultanément. Thomas entra d'un pas assuré à l'intérieur du bar, tout en ôtant de sa main ganté le béret qui était vissé sur sa tête. Il était vêtu d'un long manteau noir qui laissait paraître un costume trois pièce très élégant. Son visage laissait transparaître une certaine fatigue et ses yeux étaient assez vides. Il semblait traverser une période assez sombre lui aussi.