Chapitre 6

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La nuit fut terriblement courte. Après avoir réfléchi jusqu'à 4 heures du matin, je m'étais enfin donné les réponses dont j'avais besoin. Je resterai. Je ne partirai pas de Birmingham tant que je n'aurais pas accompli mon travail.

Il était hors de question que je consentisse aux ordres de Thomas Shelby. Il avait l'habitude qu'on lui obéisse, et bien j'en serais l'exception. Il devra me trainer lui-même en dehors de la ville s'il souhaite réellement me voir déguerpir.

Le réveil fut difficile, mes yeux restèrent quelques instants tuméfiés à cause des sanglots de la veille. Ma tête me lançait, l'alcool n'était pas tout à fait redescendu. Je constatai alors l'état dans lequel je me trouvais, et à cet instant précis, je me fis la promesse de ne plus jamais pleurer pour cet homme.

Il me fallut du courage pour quitter mon lit alors que mon corps réclamait du repos. Je n'avais pas le choix, il fallait que je parte au travail. Il était 6h30 et je commençais à 8h.

Je me préparai en vitesse, enfilant une robe grise, et des talons. Cela me fit penser que je devais impérativement m'acheter de nouveaux vêtements, ma garde-robe étant trop conventionnelle. Par fainéantise je laissai mes cheveux lâchés aujourd'hui, les boucles valsant le long de mon dos. Je me maquillai très légèrement, un peu de poudre, du mascara et un rouge à lèvre discret. Simple mais efficace.

En une trentaine de minutes de marche j'arriva à destination. J'aurais pu prendre un taxi, mais j'avais souhaité marcher ce matin, afin de me réveiller, même si l'air pollué de la ville n'était pas très rafraichissant. Pendant ce trajet, je pris le soin d'emporter l'enveloppe contenant le billet de train que Thomas m'avait donné la veille. Je le déchirai, et l'écrasa sous ma chaussure. Au moins, je ne reviendrais pas sur ma décision. Si l'intéressé l'apprenait, il prendrait surement cet acte comme de la provocation, tant mieux. J'étais assez enthousiaste à l'idée de lui tenir tête et ne plus me laisser faire désormais.

La journée passa très lentement. Je ressentais la fatigue me submerger à chaque geste que je faisais. Ce jour-ci, Oswald n'était pas présent. Il m'avait juste chargé de trier une multitude de papiers afin d'en retenir l'essentiel. Ce n'était pas franchement intéressant, et plutôt mécanique mais de toute façon, je n'étais pas là pour que ce le soit. La journée passa ainsi, et vers 17h je quittai le bureau pour me rendre en ville.

L'idée de m'acheter de nouveaux vêtements me hanta toute la journée. J'avais besoin de changement, et de m'intégrer avec l'accoutrement d'ici, qui était plutôt chic pour les personnes que je fréquentais. Il fallait que j'en sois de même.

Je me baladai donc, rêvassant dans les rues, jusqu'à tomber sur une boutique qui ne me sembla pas trop mal. J'en ressorti avec quelques robes, une nouvelle paire de chaussure et une très belle fourrure marron. De quoi refaire une partie de mon dressing.

Puis, telle une journée plutôt banale, je rentrais enfin chez moi avant que la nuit ne tombe. Je déposais mes affaires dans un coin, en me disant que je les rangerais plus tard, et je tentai de m'assoupir quelques instants afin de récupérer. En vain. Mes pensées allaient vers mon frère qui me manquait tant. Je pris donc la décision d'écourter cette tentative de sieste pour prendre de ses nouvelles.

Je saisis le téléphone, et demanda sa correspondance. Après quelques longues seconde il décrocha enfin.

-    Nathan, comment vas-tu ?

-    Chiara ! Ton appelle me fait si plaisir, je comptais te joindre incessamment. Comment vas-tu ? Comment se passe cette nouvelle vie à Birmingham ?

J'étais si soulagée d'entendre sa voix, elle me réconforta immédiatement, me réchauffant le cœur. Je me sentais soudain moins seule. J'aurais aimé lui raconter tout ce qu'il se passait, mais je n'en dis pas un mot, ne voulant pas briser l'enthousiasme de notre échange. Je n'avais pas non plus envie de l'inquiéter plus qu'il ne l'était déjà à mon égard. Lui parler suffisait à me remonter le moral.

-    Petit frère, tu me manques tellement. Eh bien, je ne suis ici que depuis 2 jours, mais je crois que cela ne se passe pas trop mal. Mon premier jour de travail n'était pas trop difficile, et l'hôtel dans lequel je suis est confortable. Je pense que cela pourrait être pire.

-    Je suis rassuré. J'espère que ce n'est pas trop dur de côtoyer ce fameux Mosley. On entend déjà des échos de ses idées ici, à Londres, tu te rends compte ? Ça semble se propager à une vitesse Chiara, c'est terrifiant. Fais attention à toi tout de même.

-    Cela ne m'étonne pas tu sais... Mais je vais tout faire pour l'en empêcher.

Mon petit frère était dans la confidence quant à la raison de mon séjour, je ne pouvais rien lui cacher, il était la seule personne qui me restait et en qui j'avais une confiance aveugle. Je l'aimais tant. Je repris la parole.

-    Bon, assez parler de moi. Comment se passe ton travail à Londres ? Le bar tourne bien ?

-    Eh bien, figure-toi que c'est assez compliqué en ce moment... La pauvreté frappe la ville et les gens ne viennent plus autant qu'avant. Seuls quelques habitués consomment, mais ça ne suffit pas à faire tourner l'affaire. Je suis assez inquiet pour tout te dire, le patron nous rabâche sans cesse qu'on est à deux doigts de mettre la clef sous la porte.

-    Nathan... Je suis terriblement désolée, le temps sont durs en ce moment. Mais j'espère que tout s'arrangera, et si ce n'est pas le cas je suis certaine que tu seras embauché ailleurs, tu es tellement compétent. Ne t'en fais pas.

-    Merci grande sœur, on verra bien ce que l'avenir me réservera. J'essaie de ne pas trop y penser. Sinon, tu as retrouvé ton fameux Thomas ?

-    Oh, ne m'en parle pas je t'expliquerai une autre fois.

-    Bon, je ne vais pas forcer le sujet... Sur ce, je suis désolé grande sœur mais il est presque 20h. Le devoir m'appelle ! Je suis déjà en retard. J'espère te revoir bientôt, je pense à toi, je t'aime.

-    Je t'aime aussi, prend soin de toi.

Cette conversation me remonta le moral, elle était tout ce dont j'avais besoin. Elle me remit sur pied immédiatement. Tellement, que j'en oubliais la fatigue que j'avais accumulée tout au long de la journée. Je fus tellement remplie d'énergie suite à notre échange qu'il était alors hors de question que je reste chez moi seule ce soir, il fallait que je sorte, que je côtoie du monde et que je profite de la nouvelle vie qui s'offrait à moi. Il était hors de question de rester terrer à me morfondre sur mon sort. Sortir me ferait surement du bien. Je pensai cependant à contacter mon supérieur avant de sortir, mais je me dis que je n'avais pas suffisamment d'informations à lui rapporter. Je n'avais rien appris de palpitant aujourd'hui.

J'enfila alors la nouvelle robe que j'avais achetée aujourd'hui, en velours rouge. Je me coiffai à la va vite, laissant encore mes cheveux détachés, mais je fis l'effort de porter des jolies boucles d'oreilles pendantes, pour être tout de même jolie. Une petite retouche de maquillage, et j'étais partie.

Direction le Guarrison. Quitte à jouer la provocation en restant à Birmingham, autant le faire jusqu'au bout. Il fallait bien que je m'impose désormais. J'avais cependant l'espoir de rencontrer quelqu'un ce soir, n'importe qui, afin d'avoir de la compagnie pour les semaines à venir.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant