Chapitre 12

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À ce moment précis, mon sang ne fit qu'un tour. Pour qui cet homme me prenait-il ? Pour sa putain de service ? Pensait-il sincèrement que son pouvoir lui permettrait de mettre n'importe quelle femme dans son lit ?

Deux solutions s'imposèrent alors à moi : réagir de la manière la plus violente possible ou ne rien dire et déguerpir au plus vite. Malheureusement pour Oswald Mosley, j'étais moi aussi très agacée ce jour-là et la décision fut vite prise. La colère monta en moi et mon souffle s'accéléra.

Je m'étais levée subitement afin de lui faire face et je n'eus pas le temps de réfléchir que ma main était déjà plantée dans sa figure. Je venais de gifler Oswald Mosley.

Celui-ci, surpris par ce geste, fit un pas en arrière et porta sa main à l'endroit où je l'avais blessé. Une lueur de haine brilla dans ses yeux et il s'avança vers moi.

C'est à cet instant précis que je compris que ce je venais de faire était une belle erreur. Mon impulsivité allait me couter très cher, comme d'habitude... Je me sentis idiote car je ne faisais pas le poids seule dans cette pièce avec un homme me dominant de deux têtes de hauteur.

Il continua de se rapprocher de plus en plus proche, animé par une haine intense tel un animal enragé, renversant tous les objets qui se trouvaient sur son passage. Une veine sur sa tempe se dessinait et son ses sourcils se fronçaient, comme s'il perdait tout contrôle.

À la vue de cette menace imminente, j'essayais délibérément de reculer tout en essayant de chercher des yeux un chemin pouvant m'amener le plus vite possible à la porte de sortie. Malheureusement pour moi, j'étais tout au fond de la pièce et il chargeait vers moi. J'étais effrayée mais je sentis en même temps dans mon corps l'adrénaline me secouer à l'approche du danger. Je lui hurlais dessus.

-    Je ne suis pas votre putain, allez-vous faire foutre !

-    Comment oses-tu..

A cet instant, il était tout près de moi et me plaqua contre le mur d'une force telle que la douleur que je ressentis m'arracha un petit cri. Il me bloqua ainsi et il saisit mon visage dans ses mains. Il me serrait fort la mâchoire, il était impossible que je bouge d'un millimètre. J'essayais de me débattre de toutes mes forces mais en vain, il était réellement plus fort que moi. Je me sentis vaincue.

-    Qu'est-ce que tu peux faire maintenant, hein ? Petite conne ! Tu crois que je vais accepter qu'une femme se comporte de la sorte avec moi ? Pauvre idiote.

Ma colère monta de plus en plus et le sentiment d'impuissance qui me gagnait me déchira entièrement. Cette époque était cruelle pour les femmes et tout le monde le savait, j'avais vécu de nombreuses situations abaissantes ma vie lié au fait que j'étais de genre féminin, mais jamais je n'avais ressenti une telle humiliation. Une humiliation telle que la colère et la peur me paralysaient complétement et m'empêchaient de prononcer le moindre mot.

Je senti les larmes me monter aux yeux. Ma mâchoire toujours prisonnière se crispait afin d'essayer de les retenir. Je ne voulais pas lui donner ce plaisir.

Il continuait de me fixer de son air satisfait et arborait même un petit sourire, le sourire de celui qui avait gagné. Il rapprochait de son visage du mien, si bien que je senti son haleine sur ma peau. Il fixa mes lèvres, mon cou, mes cheveux, ma peau. J'étais sa proie.

J'essayais de le repousser de toutes mes forces mais mes bras ne bougèrent pas d'un poil. Toujours maintenus contre le mur par sa poigne, j'étais impuissante. A chaque fois que j'essayais de bouger, il resserrait son emprise un peu plus, tout en me regardant.

Je compris à cet instant dans ses yeux qu'il ne me ferait rien. Il ne me frapperait pas ou pire il n'abuserait pas de moi. Il souhaitait juste me faire comprendre qu'il aurait toujours le dessus sur moi. Qu'il gagnerait toujours.

Son visage transpirait la satisfaction. Ses expressions laissaient paraitre une grande jouissance. Celle d'avoir corrigé la femme qui avait refusé ses avances et qui avait porté la main sur lui.

Celle de me voir impuissante entre ses bras, tremblante et désemparée. Il avait gagné. Il était redoutable. Et moi, je me détestais à cet instant. Je haïssais la faiblesse que je ressentais. Je haïssais le fait d'être une femme au 20 ème siècle.

-    La prochaine fois que tu me refuses quelque chose ou que tu agis ainsi...

Il fut coupé dans ses paroles par le grincement de la porte qui s'ouvrit derrière nous. Je bénissais le ciel qu'une personne soit arrivée à cet instant, mettant fin à cet enfer.

Il se détacha de moi en un instant, comme s'il avait été pris sur le fait accompli. Il remit son costume trois pièce en place et prit le soin d'ajuster sa cravate tout en se retournant vers le ou la nouvelle venue, afin de paraître impeccable et de revêtir le masque d'un homme tout à fait charmant.

J'étais toujours sous le choc mais je me sentis soulagée, libérée de son emprise. Je profitai de ce moment pour m'extirper rapidement vers la sortie avec l'envie de ne plus jamais remettre un pied dans cet endroit et ne plus jamais être confrontée à ce monstre.

En le contournant et en marchant frénétiquement vers la porte je vis enfin le visage personne qui m'avait délibérément sauvée de cette situation.

Thomas était planté à l'entrée de la pièce, nous balayant Mosley et moi du regard. Je m'arrêtai nette dans ma lancée. Il se tenait droit comme un piquet sur mon chemin et restait immobile comme de la roche.

Je vis dans son regard quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant : une colère noire. Son corps crispé essayant tant bien que mal de ne trahir aucune émotion, mais il était à deux doigts d'imploser.

Il avait compris ce qu'il venait de se passer. Il fixa Mosley quelques secondes avant de s'approcher doucement vers moi, tout prenant soin de ne pas baisser son regard. Il m'attrapa le poignet délicatement pour m'entrainer vers la sortie avant de s'avancer vers Oswlad.

-    Rentre chez toi maintenant.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant