Le prix à payer - PEAKY BLINDERS

Chapitre 18

Lizzie fit mine de ne pas m'apercevoir ou peut-être était-ce vraiment le cas. Elle s'empressa d'ouvrir un grand placard et chercha quelque chose à l'intérieur. Après quelques instants, elle en ressorti une bouteille de Whisky. Elle semblait très agacée et marmonnait dans sa barbe. Je pu décrypter quelque bribes de phrases comme « ...foutus domestiques ».

Après s'être emparée de l'objet de sa conquête, elle rebroussa chemin afin d'atteindre la sortie de la cuisine. Je ne pus m'empêcher de la suivre du regard. Il était vrai que c'était tout de même une très belle femme, mais je me demandais ce Thomas pouvait bien lui trouver de si spécial pour vouloir partager sa vie avec elle.

Ma cigarette s'était entièrement consumée et je l'écrasai dans le cendrier tout en me levant pour rejoindre à mon tour la pièce principale. Cependant, prise dans mes pensées, je ne m'étais pas aperçue que Lizzie se tenait droit devant moi dans le cadre de la porte, et qu'elle me fixait d'un regard assez noir.

Nous étions toutes les deux face à face à quelques mètres de distance, plongées dans un long silence. Je ne compris pas réellement ce qu'elle attendait de moi. Elle en profita pour s'allumer une cigarette à son tour tout en s'avançant vers moi.

- J'ai bien remarqué la manière dont il te regardait.

Elle semblait un peu saoule. Assez confuse, je ne savais quoi lui répondre. Elle n'avait pas totalement tort, j'avais moi-même constaté que Thomas me jetait parfois des regards qui ne trompaient pas, des regards assez implicites qui n'étaient malheureusement pour lui, pas très discrets. Et c'était réciproque. Je m'efforçais tant bien que mal de l'ignorer la plupart du temps, mais c'était comme si mes yeux étaient inlassablement attirés vers lui. Et je me rendis à l'évidence qu'une part de moi le détestait profondément tandis qu'une autre pouvait le désirer. Et je m'en voulais pour cela car c'était un homme qui plaisait à toutes les femmes malgré sa nonchalance permanente et je ne voulais plus en être l'une d'elles.

- Je..

Elle me coupa directement, comme si son but n'avait jamais été d'entreprendre une conversation, mais de m'assommer de ses paroles.

- Je suis au courant de ce qu'il s'est passé entre vous. Je vais alors être très claire. Je suis consciente que Thomas n'est pas toujours très loyal envers moi, mais je me suis battue pour me faire une place au sein de cette famille et je compte bien y rester. Je l'aime et nous essayons d'avoir un enfant. Je n'ai pas envie que tu t'interposes entre nous, est-ce bien clair ?

- Cela n'a jamais été mon intention.

Elle se rapprocha encore plus près de moi en cherchant à m'intimider. Malencontreusement, ça ne fonctionnait pas.

- Je vois très bien le genre de femme que tu es, mais si tu te posais la question, non ça n'arrivera plus désormais.

Elle faisait clairement référence à une possibilité que lui et moi nous rapprochions de nouveau et elle avait une façon très infantilisante de s'adresser à moi. Cela m'agaçait énormément. J'avais déjà toléré ses petits pics toute la soirée et ses petites menaces avaient dépassées le seuil de tolérance et de gentillesse qu'il me restait. Alors, pour la provoquer, je me rapprocha d'elle également en la narguant d'un grand sourire.

- Ça, je ne peux pas te le promettre.

Elle resta bouche bée et j'en avais profité pour partir définitivement de cet endroit afin de rejoindre les autres invités. Je savais pertinemment que ces paroles avait dut la rendre folle de rage, je ne les pensais évidemment pas. Je n'étais pas du genre à briser un ménage même si la femme en question était une vraie conne.

Assez contente d'avoir rembarrée Lizzie, j'étais reboostée pour reprendre le cours de la soirée. Je voulais surtout rejoindre mon frère et discuter un petit peu avec lui car nous n'avions pas tellement échangé pendant le repas.

J'arrivai dans la salle à manger tout en le cherchant du regard mais il n'était plus là. Thomas non plus. Seuls Michael, Polly, Ada et Finn discutaient autour de la table. Ada me fit un grand sourire quand elle me vit.

- Chiara ! Enfin ! ça va mieux ?

- Ada, où est passé mon frère ?

- Oh ! Il est en haut avec Tommy, sur le balcon. Ils discutent tous les deux.

Mon sang ne fit qu'un tour et je m'empressai directement de rejoindre l'étage pour rejoindre ce foutu balcon. Le fait que Thomas s'approche de mon frère ne me plaisait absolument pas. Je souhaitais absolument qu'il reste le plus loin possible de cet homme qui attirait atour de lui les ennuis et les drames. Qu'il prenne l'initiative de s'éclipser seul avec Nathan, la personne la plus chère à mes yeux, alors qu'il était de mauvaise influence et qu'il m'avait provoqué toute la soirée me plongea dans une colère folle.

Arrivée à l'étage je ne mis pas beaucoup de temps à les retrouver, guidée par les odeurs de cigarettes qui se dégageaient d'une chambre. Je traversai cette chambre en furie afin de les rattraper et j'ouvris la porte en verre qui nous séparaient. Ils se retournèrent et se turent immédiatement.

Thomas me regarda d'un air satisfait tout en portant manichalement sa cigarette à la bouche. Il semblait encore me défier.

Nathan fumait également, alors qu'il ne le faisait jamais d'habitude, et semblait naïvement content de me voir. Il ne devait réellement pas avoir conscience du danger qu'il courait en se rapprochant de cet homme.

Thomas brisa la glace le premier et prit un ton totalement ironique.

- Tiens Chiara, quelle surprise !

- Toi, tais-toi. Nathan, laisse nous seuls et redescends tout de suite en bas s'il te plait.

Nathan ne semblait pas comprendre mon comportement si agressif, mais il ne chercha pas à comprendre et s'exécuta. J'avais toujours eu une certaine autorité sur lui, et il l'avait toujours acceptée. Il savait à quel point je l'aimais et à quel point je souhaitais le protéger.

Mon frère s'éclipsa et nous laissa seuls avec Thomas sur ce balcon. Quand je fus assurée qu'il avait quitté l'étage, je m'avançai très énervée vers mon interlocuteur tout en le pointant du doigt. Il avait un petit sourire en coin, ce qui renforça ma rage de plus belle.

- C'est une vraie blague ce qu'il se passe ? Tu te fous de moi ?

Je criais mais lui était toujours plus imperturbable que jamais.

- C'est-à-dire ?

- Je ne veux pas que tu t'approches de mon frère et que tu lui attire toutes tes merdes. Reste loin de lui putain.

- Quel dommage, Nathan est pourtant très sympathique, je l'apprécie beaucoup. Ça change du reste de la famille.

- Va te faire foutre Thomas.

Je ne jurais jamais habituellement, mais ce soir fut l'exception. Je n'arrivais pas à garder mon sang froid face à cet homme qui me riait au nez et me provoquait de la manière la plus explicite qui soit.

- Tu m'as l'air assez tendue ce soir dit donc.

- Non tu penses ? Entre tes petites remarques désobligeantes pendant le repas et les menaces de ta chère Lizzie dans la cuisine, il y a de quoi péter un plomb. J'ai été stupide de venir en pensant que pour une fois, tout pourrait bien se passer. Au revoir.

À ces mots je m'empressa de tourner les talons afin de quitter ce maudit balcon, bien décidée à quitter cet endroit, cette maison, et ne plus revenir.

- Attends.

Je me retournai vers lui, il n'avait pas bougé d'un centimètre, et fumait toujours sa cigarette, le visage malicieux.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore Thomas ?

- Tu sais, si tu avais porté ce genre de robe à l'époque, je ne t'aurais surement pas quitté.