Chapitre 50

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Deux longs mois s'étaient écoulés depuis le retour de l'escapade à Londres des Peaky Blinders. En effet, le deal passé avec Alfie et Turner les avait rendus plus riches qu'ils ne l'étaient déjà. La marchandise d'alcool et d'opium s'écoulait comme du petit pain aux États-Unis et ils avaient vu leur fortune s'agrandir de quelques millions.

Cela avait permis de solidement ressouder les liens familiaux ; Arthur et John étaient revenus dans les bureaux de Shelby Company Limited malgré la réticence de leurs conjointes. L'appas du gain était beaucoup trop puissant et pouvait détourner n'importe quel homme du droit chemin.

Aujourd'hui était un dimanche ensoleillé et Thomas avait décidé de ne pas travailler, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Il souhaitait s'accorder un jour de repos après les dernières réussites qu'il avait accompli.

Il détestait ne pas avoir l'esprit occupé car cela signifiait qu'il devait le laisser divaguer. À vrai dire, il n'avait pas réellement eu le choix que de prendre cette pause. Son médecin l'avait averti que le stress, l'alcool et la fatigue le tuerait un jour. Pour cette fois, il avait écouté son avis malgré sa réticence.

Il avait alors pris l'initiative de monter son cheval noir pendant la matinée, afin de se perdre dans la nature qui entourait sa demeure. Lors de sa grande balade, il avait pensé et réfléchi. Dernièrement, il s'était assagi. Il se sentait un peu différent, malgré le fait qu'il se laissait toujours sombrer dans l'addiction quelques soirs. Il voyait qu'un changement, même minime, s'était opéré en lui. Quelque part, il se sentait mieux.

Depuis ces deux mois, il n'avait pas eu de nouvelles de Chiara. Et il n'avait pas cherché à en prendre non plus. Il s'était résigné à la laisser en paix, et il s'était convaincu qu'elle était plus heureuse maintenant après tout ce qu'elle avait traversé par sa faute. Et cette pensée le rassurait, il souhaitait seulement la savoir épanouie. Elle lui avait pardonné, et en faisant cela, il s'était pardonné à lui-même également, et avait trouvé la paix peu à peu.

Et puis il s'estimait heureux de l'avoir revu et d'avoir même partagé une nuit avec elle. Lui qui avait oublié le son de sa voix, son odeur et la douceur de sa peau. Il se sentait chanceux d'avoir pu se sentir proche d'elle une dernière fois, comme un dernier adieu.

Il n'en avait parlé à personne, et malgré le fait que la femme qu'il aimait éperdument soit aux bras d'un autre, il avait fait le choix de ne pas se ronger l'esprit à essayer par tous les moyens de la ramener à lui. Elle méritait mieux qu'une vie auprès d'un homme alcoolique et rongé par ses démons.

Aux alentours de midi trente, il rentra tranquillement chez lui car il devait déjeuner avec sa tante. Quand il arriva dans la grande salle à manger, elle était déjà assise devant la table où la nourriture avait déjà été servie par Frances. Polly le regarda d'un air blasé tout en fumant sa cigarette, il se hâta alors pour la rejoindre.

-       Pas trop tôt, lança-t-elle ironiquement.

-       Excuse-moi, ce n'est pas tous les jours que je prends du temps pour moi, lui répondit-il avec un léger sourire.

Ils discutèrent de tout et de rien, mais surtout pas de business pour la journée. Polly rapporta les aventures de Michael à New York et disait s'estimer heureuse pour lui. Apparemment, il avait même rencontré une jeune femme qu'il comptait marier. Thomas quant à lui resta comme à son habitude discret et dans l'écoute, mais il se traduisait tout de même sur son visage une certaine douceur qui indiquait que l'échange le réjouissait. Et sa tante lui fit remarquer.

Malheureusement, cet instant ne dura pas bien longtemps car Frances débarqua dans la pièce d'un pas hâtif. Thomas et Polly se retournèrent agacés vers elles.

-       Monsieur Shelby, vous avez un appel très important qui vous attends dans votre bureau.

-       Ça attendra demain nous sommes dimanche, lui lança-t-il froidement.

-       Je suis sincèrement navrée, mais je pense que cela ne peut pas attendre, lui dit-elle d'un air timide.

-       Tu vois Polly, il n'y a jamais de repos pour moi dans cette vie, souffla-t-il.

Il se leva très en colère pour rejoindre ladite pièce, en laissant sa tante derrière lui. Quand il décrocha le combiné il n'eut même pas le temps de parler que son interlocuteur débitait déjà sans interruption.

-       Je sais ce que tu vas me dire mon petit Tommy, qu'il faut toujours privilégier la paix à la violence et tout ce tralala et ces conneries, c'est aussi ce qu'est censé faire un bon juif, mais tu vois je crois que je n'en ai rien à foutre. Il n'y a rien qui m'énerve plus que quand quelqu'un se fou de ma gueule et qu'on ne me donne pas mon argent. Mon putain d'argent ! Tu comprends ?

-       Alfie, qu'est-ce que tu racontes ? lui demanda le chef des Peaky Blinders.

-       Oh tu sais, j'ai entendu dire que vous vous étiez mis bien toi et tout votre petit monde à Birmingham, mais ça me rend très en colère de voir que je ne peux pas en profiter autant. Où est mon blé ? cria-t-il dans l'appareil.

-       Merde ! De quoi tu parles ? rétorqua Thomas.

-       De quoi je parle ? Le rhum, les USA, ma part de 8% sur 6 millions de putains de dollars ! Voilà de quoi je parle !

-       Il était convenu que Turner, l'homme que tu m'as présenté je te rappelle, te fasse la transaction une fois la somme reçue. Je suis à Birmingham et tu sais que je ne gère pas ce qui se passe à Londres en ce moment.

-       Oui et bien après avoir relancé ce petit enfoiré, je n'ai toujours pas mes putains de billets en poche. Et c'est là que ça pose un problème tu vois ? Parce que je pense qu'on s'est bien foutu de ma gueule et que j'ai attendu assez longtemps. Alors c'est très simple mon petit Tom, si je ne suis pas payé à la fin de la semaine, j'envoie mes hommes faire un tour de courtoisie dans ta campagne et chez lui. Mais comme nous sommes de très bons amis toi et moi, je sais que tu ne laisseras pas une telle chose arrivée et que tu vas trouver une solution pour payer ce bon vieil Alfie, hein mon petit cœur ?

Salomons raccrocha aussitôt et ne laissa pas l'occasion à Thomas de répondre. Ce dernier était épuisé, et surtout fou de rage. Il avait accordé sa confiance à un homme qui lui mettait à l'envers et il ne supportait pas ça. Pour lui, rien n'était plus important que son business et sa réputation, et de nombreuses situations avaient dégénérées pour bien moins que cela. Il ne pouvait pas laisser une telle chose se produire, au risque de voir ses relations commerciales avec Alfie très contrariées.

Demain il irait à Londres accompagné de son gang et des Lee, ainsi que d'une bonne cargaison de munitions.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant