Chapitre 33

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Je m'étais réveillée, allongée sur un petit lit dans une pièce mal éclairée mais dont la blancheur des murs réussissait tout de même à m'éblouir. C'était une chambre d'hôpital.

Je regardais tout autour de moi, encore très étourdie, comme si je m'étais réveillée d'un long cauchemar. Ma tête me lançait et mes idées étaient très floues. Tout était confus et je n'arrivais pas à me souvenir exactement ce qui s'était déroulé, tout était allé si vite.

J'avais tenté de me redresser afin de pouvoir mieux respirer et reprendre mes esprits, mais au moment où j'avais essayé de bouger, de vives douleurs traversèrent tout mon corps. Alors je l'avais fait plus doucement, tout en serrant les dents.

Une fois presque assise, j'avais relevé le drap qui me recouvrait afin d'observer ce qu'il en était de mon corps qui me faisait tant souffrir. Ma cuisse était recouverte d'un gros bandage parsemé de rouge, ainsi que mon épaule. De nombreuses contusions parcouraient ma peau, étalées un petit peu partout. Ce n'était pas beau à voir.

Et ce fut à la vue de ces blessures que tout m'était revenu en tête. Le voyage à Londres, la gare, le café, la dispute, les tirs, les cris, Nathan.

Nathan. Je me souvenais l'avoir vu se jeter à terre, et puis la douleur, le noir total et enfin le vide. Une vague d'angoisse monta en moi si bien que d'un coup il m'était devenu impossible de respirer. Je commençais à suffoquer à l'idée de ne pas savoir ce qu'il était advenu de mon frère, où il se trouvait et s'il allait bien.

Je devais le retrouver, le rejoindre. C'était la seule chose qui m'importait à cet instant. Alors, en ayant totalement fait abstraction de la douleur qui m'habitait, je m'étais levée pour rejoindre la porte et partir à sa recherche.

À vrai dire, je n'avais aucune idée d'où il pouvait se trouver, mais cela n'avait pas d'importance. Je devais quitter cet endroit au plus vite et je rejoindre car l'attente m'était insupportable, bien plus que la douleur que je ressentais.

Après avoir ouvert la porte, je m'étais dirigée dans le couloir, tout en titubant. Ma tête tournait et je savais que j'étais au bord de l'évanouissement, mais je devais continuer. Je tentais tant bien que mal d'avancer tout en m'agrippant aux murs et aux chariots qui se trouvaient aux alentours afin de trouver un peu d'appuis.

Mais c'était à ce moment que j'aperçu une infirmière en face de moi. Elle me fixait, terrorisée, comme si elle venait de voir un fantôme. Je n'eus même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle s'était mise à crier.

- Elle s'est réveillée ! Elle s'est réveillée !

Quelques secondes après, une horde de personnes accoururent vers moi, dont quatre femmes et un homme, qui semblait être le médecin du groupe puisqu'il portait un stéthoscope autour du cou.

- Madame, vous devez rester allongée ! Vos sutures risquent de sauter !

Ils me prirent par le seul bras qui n'avait pas été touché et m'aidèrent à regagner la chambre dans laquelle j'étais. Je n'avais pas la force de me débattre ni même de parler, comme si mon corps n'était qu'un pantin désarticulé.
Ils me placèrent alors dans le lit et m'apportèrent un peu d'eau afin de calmer la sécheresse de ma gorge. Tout le monde semblait très agité.

Ils se tenaient tous plantés autour de moi, à me regarder, comme si quelque chose clochait. Puis, au bout de quelques instants, une infirmière rétorqua qu'il « fallait le faire venir » et elle s'en alla de sitôt en courant.

Le médecin s'approcha doucement de moi et tira une chaise à côté de mon lit avant de s'installer dessus. Il me regardait, l'air désolé.

- Madame, vous souvenez-vous de quelque chose ?

J'eu beaucoup de mal lui répondre, tout semblait requérir un effort extrême, même parler. Il s'avança d'un peu plus près.

- Je sais que c'est difficile, prenez de votre temps.

- Les tirs... mon.. frère...

- Vous êtes en sécurité ici, ne vous inquiétez pas. Nous vous avons retirez deux balles, une dans la cuisse et une dans l'épaule. L'artère fémorale a été perforée et vous avez perdu beaucoup de sang. Heureusement qu'on nous a appelé rapidement. Vous avez eu beaucoup de chance.

- Combien de temps... ici ?

- Vous avez été inconsciente pendant 3 jours, il faut vous reposer maintenant. Vous pourrez sortir quand on jugera que votre état sera stabilisé.

Tout juste après la fin de sa phrase, j'entendis des bruits sourds dans le couloir qui venaient en ma direction. Quelqu'un était très agressif au dehors j'entendais crier à haute voix : « elle est où putain ? ». Puis, Thomas apparut dans le cadran de la porte, le visage rempli de colère. Et tout le monde se tut et baissa la tête.

- Barrez-vous d'ici maintenant, laissez-moi avec elle.

- Monsieur, elle doit se repo...

- Depuis des jours vous m'interdisez de la voir maintenant barrez-vous avant que je pète les plombs.

- D'accord monsieur Shelby.

Suite aux ordres de Thomas, tout le monde avait quitté les lieux. Il avait pris place sur la chaise occupée par le soignant quelques secondes auparavant et s'était rapproché tout près du lit. Il avait saisi ma main dans la sienne et avait déposé un baiser dessus. Il semblait très calme et bienveillant mais je vis dans ses yeux qu'il subsistait une lueur de rage.

- Chiara... j'ai eu si peur. Je suis désolé. J'aurai dû t'empêcher d'y aller, je savais que cet endroit n'était pas sûr. On va retrouver les batards qui ont fait ça, je te le promets.

Je m'étais redressée pour pouvoir lui répondre et être ainsi plus confortable. Il semblait déboussolé et enragé, comme si l'on avait touché à la seule chose qui comptait à ses yeux. Je ne savais même pas quoi lui répondre, car tout cela m'importait peu en réalité, et une seule chose m'obsédait. Mon frère.

- ... où est ... Nathan ?

Il se redressa instinctivement, et il rapprocha nos mains entremêlées vers lui, comme pour se sentir plus proche de moi. Il se mura dans le silence et fixa droit devant lui, dans le vide. Quelques instants plus tard, il posa son regard dans le mien, les yeux brillants. Il prit une grande inspiration.

- Chiara, le plus important pour l'instant c'est toi.

- Réponds moi tout de suite.

Il ne répondit rien à nouveau. Alors les larmes me montèrent aux yeux instinctivement car je me sentais exténuée et surtout impuissante, et dans un élan de colère j'avais brusquement dégagé ma main de la sienne. Je continuais de le fixer, mais lui esquivait mon regard. J'étais à deux doigts de partir en crise d'hystérie.

- Pourquoi personne n'est foutu de me répondre putain !!

- Tu veux entendre la vérité ? Ton frère n'a pas survécu. Il est mort.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant