Chapitre 5

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J'étais toujours très en colère, et puis pourquoi devrais-je lui accorder cette discussion ? Il m'avait ignoré toute la soirée. Sa demande m'interpella, Thomas n'avait pas pour habitude de former des requêtes, il ne demandait jamais rien. Je le regardais, il me fixait dans les yeux. Je ne baissai pas le regard, je soutenais le sein en attendant qu'il daigne enfin prendre la parole. Quelques secondes passèrent, mais je n'allais surement pas perdre ce duel. Ses yeux étaient d'un bleu transperçant, et même si je ne montrais rien, j'étais très intimidée par lui. Thomas était vraiment un homme très charismatique. Il plaisait beaucoup aux femmes, et il le savait.

-    Chiara, ce n'est pas ce que tu crois.

-    Comment ça ce n'est pas ce que je crois ?? Tu es membre de ce nouveau parti politique et tu travailles auprès d'Oswald Mosley, mais tu vas me dire que tu as une explication à cela ?

Ma voix avait monté d'un ton en prononçant ces paroles, si bien que quelques personnes se retournèrent sur nous. Thomas semblait être très agacé à ce moment, mais je m'en fichais. Je n'avais même plus envie d'entendre ses explications.

-    Baisse d'un ton tout de suite Chiara.

-    Sinon quoi ?

J'avais prononcé ces paroles en rigolant. Il était tellement culotté. Son coté autoritaire m'était désormais insupportable, et je refusais de m'y soumettre. Je pris une gorgée dans mon verre et pencha ma main pour attraper une cigarette. Il me saisit la mâchoire à cet instant, et serra son emprise en me tournant le visage, pour que je le regarde dans les yeux. Il approcha le sien.

-    Sinon je vais devoir m'occuper de toi. Arrête de faire l'enfant et écoutes moi maintenant.

Ce geste m'avait complètement déboussolé, son visage était si proche. Je scrutais les moindres détails de celui-ci, son nez fin, ses lèvres si joliment dessinées, son regard déstabilisant, ses petites rides aux creux de ses yeux. Tous ces petits détails qui le rendaient si attirant. Quant à lui, il semblait impassible, comme à son habitude. Cet acte, qui manifestait son agacement, provoquait mon désir pour lui. Il fallait que je me ressaisisse. J'avais vraiment trop bu. Il relâcha son emprise, pourtant je n'avais pas envie que cette proximité s'arrête.

-    Tu n'as décidemment pas changé depuis le temps, toujours aussi borné. Je t'écoute.

-    Chiara, tu dois t'éloigner de cet homme, et partir de cette ville.

-    Ce ne sont toujours pas des explications.

-    Je ne te dois pas d'explications. Tu dois juste comprendre que ce que tu crois savoir n'est pas la réalité. Cette situation est bien plus complexe que tu ne le crois. Et tu es plutôt étonnante, toi qui travailles également auprès de cet homme.

Mince, je me sentais coincée. Je ne savais pas quoi répondre à cela. Il avait raison, je manifestais de la colère à son égard, alors que je travaillais littéralement pour Mosley. Tout comme lui, la vérité n'était pas celle qui paraissait.

-     Je... cherchais juste un travail, c'est tout.

-    Et en plus de ça, tu me prends pour un idiot. J'ai bien compris ton petit jeu, je ne suis pas dupe Chiara. Mais contrairement à toi, je ne tire pas de conclusions hâtives. Je ne sais pas ce que tu viens foutre ici, ou qui t'as envoyé faire le sale boulot mais tu vas devoir partir de Birmingham. Mosley n'est pas un homme fréquentable et je ne veux pas de toi dans cette ville.

Ses mots m'assommèrent. Je ne craignais pas le fait qu'il se doutait de mes réelles intentions quant à ma présence ici. Thomas n'avait rien à me dire, il était membre d'un gang qui commettait les pires atrocités et je ne pense pas qu'il me dénoncerait. Mais j'avais tout de même une appréhension quant au fait qu'il se serve de cela comme moyen de pression contre moi, pour que je quitte les lieux. Ce qui m'attristait, c'était qu'il me demande de partir. Me détestait-il autant que cela ? Ou avait-il quelque chose à cacher qu'il ne souhaite pas que je découvre ? Était-ce de la rancune relative à notre passé ? Je me sentais si seule ici, je pensais qu'en le retrouvant, je pourrais retrouver un certain réconfort, mais loin de là. Moi, qui quelques instants m'était surprise à apprécier notre proximité, je me sentais terriblement idiote. Je sentais les larmes me monter aux joues, mais je me pinçai les lèvres pour les retenir. Je n'allais surtout pas pleurer pour lui, il n'en valait pas la peine. Je ne le reconnaissais plus.

Le prix à payer - PEAKY BLINDERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant