Chapitre 67

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- Donc il n'y a pas un jour où si je te laisse conduire là, que tu ne vas pas vouloir chercher à nous jeter dans un ravin quoi ? Ma voix, elle était enfin de retour ! Hum, je voulais t'observer en période de décision. Mame que toi ? On t'a dit qu'on prend l'iboga derrière le mbandja ? Derrière une maison ? Tu sais qui habites là ? Et surtout tu connais l'enfant là ? Il sort d'où ? C'est qui ? Tu es sûre que c'est l'enfant du bwiti d'Iviti ?

- EKEH !!!

- Mouf là-bas, de te lever et d'aller t'assoir au mbandja. Si tu veux prendre l'iboga, tu demandes à Iviti et à lui seul. Vous ne savez pas que la main du nganga qui te donne le bois varie selon le nganga ??? Tu veux prendre pour la première fois l'iboga dans la main d'un type avec des dreadlocks ??? Tu es normale ??

La voix était mal, très mal vénère. Elle n'arrêtait pas de me parler, de me poser les questions, me montrant ainsi à quelle point j'avais été imprudente. Je préférai la laisser se calmer en ne répondant pas. J'étais trop impulsive, je ne prenais jamais le temps de réfléchir avant de poser un acte, de peser le pour et le contre. Je rejoignis rapidement le mbandja. J'aperçus plus loin dans la cour maman Mwuessi en train de guider certains jeune hommes à placer une tente blanche. D'autres revenaient avec des meubles, des bancs, des pièces de lit à majorité blanche. Maman Mwuessi créait son petit coin de sirène, elle ne joue pas deh, partout où elle passe elle emmène sa classe et son bon goût. Maman Mwuessi détestait tout ce qui n'était pas propre, blanc impeccable. J'aimais à savoir que c'était une femme aussi perfectionniste qui m'avait prise sous son aile et qui allait me former.

- Oh tu étais où ? Je t'ai cherché, il ne faut pas t'éloigner comme ça dans mon mbandja, tu es en sécurité, à l'extérieur c'est pas bon surtout quand on est en train de préparer un grand travail comme ça. Il faut être très vigilante, c'est là où les sorciers qui veulent conserver leur viande sortent les griffes pour nous empêcher d'y parvenir en créant des incidents, des désagréments quoi !

- Ah ok, je suis désolée, je l'ignorais complètement ! Effectivement, j'ai bien failli être imprudente.

- Comment ça ?

- Bah j'ai failli prendre de l'iboga derrière là.

- Ah bon ? Et qui voulait t'en donner ?

- Un jeune garçon bwitiste. Il prétendait se nommer Vianga avec des dreadlocks.

- Je n'ai aucun enfant portant ce combo ici. Moi, je ne peux pas avoir un enfant avec les locks, le bwiti n'aime pas ça !

Il se leva agacé. Il fit appel aux autres dans la cour, il les scruta tous, aucun n'avait des locks, je commençais à flipper sérieux.

- Qui a vu un garçon avec des dreadlocks et qui portait un pagne, un dénommé Vianga ?

Tous se regardèrent interloqués, une voix dans l'assistance répondit :

- Le boss, on a beaucoup de boulot sinon quoi, on va régler l'affaire là après, il va bientôt être 17h.

- Ok, ok, retournez à vos tâches !

- Mama, je vais te donner l'iboga au moment où le travail de ta mère va commencer, pas avant. Je crois que toi aussi je vais te couper la corde, tu as un moukoukou d'embrouillaminis !

- Aka moukoukou, c'est encore quoi ça ?

- Un esprit qu'on t'a collé depuis l'enfance, mais comme tu as un esprit fort et que ta mère te protégeait beaucoup spirituellement, l'esprit là n'agissait pas encore bien.

- Mais comment se fait-il que personne ne l'ai vu au Ghana ??

- Aucun nganga ne peut tout voir. Seul Dieu le peut, c'est pourquoi on dit que l'étranger voit toujours mieux que l'habitant du village. Il y a des choses que maman Mwuessi a vu et a arrangé que moi je n'aurai pas pu voir et arranger et il y a des choses que je verrai et arrangerai qu'elle n'aurait pas pu voir.

- Okay.

- Il est temps, va chercher ta mère. Mets la dans une chaise roulante, ne panique pas et quand tu pars, ne te retourne pas et ne dis pas au revoir le ditengou là, va rester derrière toi, on va le bloquer.

- Mais là, il n'entend pas ?

- Non, il est dehors.

- Donc moi aussi, on va me ligoter comme un saucisson et deux snakes vont se battre en duel sur mon body ! Euh, sorry ! Je crois que je vais décliner cette charmante invitation hein.

- Tu dois accompagner ta mère sur la natte, elle est très faible. Je serais obligée de faire appel au Diable.

Ah barré, je me casse d'ici !

L'étoile de la mer gabomaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant