Chapitre 71

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J'avais troqué mon pagne de maboundi (nganga, femme initiée au bwiti mitsoko) contre un jogging B&W Nike (Tarik avait déteint sur moi) avec de grosses lunettes noires et mes tongs. J'avais mis la capuche sur ma tête et mis les écouteurs de mon iPod. Je me préparais mentalement à 4 putains d'heure de route, de croiser les doigts pour qu'il n'y ait pas trop de bouchons hein. Je ne voulais même pas un peu dormir si c'était encore pour rêver de pédophiles, non merci. Le trajet fut assez confus, ma mère avait vraiment retrouver son visage mais pas l'usage de ses membres, ni de la parole.

- La difficulté dans le cas de ta mère, c'est qu'elle a été bouffée depuis trop longtemps et elle même n'a plus la force, ni l'envie de se battre. Tout ce qu'on fait là, c'est pour lui ajouter des mois, voir des années si tout se passe bien.

On arriva au village la nuit tombée, Tarik avait essayé de me joindre mais je n'avais pas décroché. Je ne voulais lui parler qu'après le travail de ma mère ensuite maman Mwuessi ne pourrait pas m'en empêcher. J'avais une soif de vie que je ne m'expliquais pas. Je savais juste que je ferai payer oncle Al et toute sa clique. Il fallait juste que je me recharge de l'amour de mon chéri.

Maman Mwuessi commença les préparatifs pour la descente en mer, elle était très concentrée sur son travail. J'allais moi aussi me préparer, me laver avec les parfums, les encens qu'aiment les génies de la mer. Je mis mon pagne blanc et bleu pour aller rejoindre mes sœurs et frères du culte à la mer. Un très grand feu était allumé sur la plage. La pirogue blanche fut apprêtée, elle était remplie de fleurs naturelles et de sacrifices, riz, sucre, fruits, un mouton blanc vivant était attaché au fond de la pirogue. Maman Mwuessi avait lâché ses cheveux, c'était étrange de la voir ainsi elle était très belle. Je voyais son esprit d'eau qui transparaissait.

- Ce sera moins pénible cette fois, me rassura maman Mwuessi. Plus tu le feras, mieux tu le vivras jusqu'à ce que tu ne ressentes plus rien. Heureusement qu'Iviti a soigné un peu ta mère, elle n'aurait même pas survécu au passage. On prit chacune un des bras de ma mère réveillée qui ouvrit juste la bouche en un O silencieux et on plongea dans l'eau. Aussitôt, on se transforma en sirène. La pirogue se renversa avec nous, les fleurs, les fruits, l'argent et le pauvre mouton aussi. Il bêlait comme un fou, l'eau était glacé. Tout d'un coup, un tourbillon se forma dans l'eau, c'était hallucinant et effrayant.

- Plongeons dans le tourbillon

- AKAH HEIN !

N'ayant pas le choix, je plongeai dans le tourbillon avec maman Mwuessi et ma mère la peur au ventre ce fut terrible. On tournoya pendant longtemps dans mon esprit, je me souvins encore, j'avais la nausée, je vomis même au moment où ça s'arrêta. Purée, je détestais cette histoire de passage. On arriva dans un étrange royaume, une sirène grande couverte d'une armure et de bijoux de grande valeur nous attendait, elle avait l'air complètement furax.

- C'est maintenant que tu oses te présenter devant moi ? Dans cet état ?? Tu te moques de moi ? Jamais un sacrifice même pas un bonbon, une bouteille de lait, des oeufs, des fruits, rien de rien. Pourtant tu savais, tu savais que j'existais, tu le savais !

- Ô grande reine, c'est ton enfant, il faut lui pardonner, ne la laisse pas mourir à cause de ta colère, il n'est jamais trop tard, supplia maman Mwuessi.

- Non ! Je ne peux pas lui pardonner ce qu'elle m'a fait vivre ! Tu sais c'est quoi être une reine et avoir une représentation terrestre qui est pauvre ? J'ai tout fait pour l'en sortir, je lui ai envoyé deux grands rois qui étaient fous amoureux d'elle, l'un prit sa virginité et lui fit un enfant. Si madame m'avait écouté, suivit, elle n'en serait pas là, elle a préféré écouter son frère.

Elle hurlait, maintenant ses cheveux explosaient autour d'elle, ses yeux se remplirent d'eaux, je compris qu'elle pleurait de rage, sa colère était grande, tout l'air vibrait intensément autour de nous.

- Qu'ai-je fait ? Oh mon Dieu qu'ai-je fait ? Le problème avec les génies de la mer, c'est leur colère. Tu auras tout, puissance, argent, gloire mais ta colère sera très souvent destructrice. Elle en veut énormément à ta mère ! Oh mon Dieu qu'ai-je fait ??

Voir maman Mwuessi aussi alarméee me fit peur, elle si calme, si décidée, si pondérée, la voir dans cet état me bouleversait et me faisait prendre conscience de la gravité de la situation. C'était désormais à moi de jouer !

- Ô grande reine, je comprends ta colère, je ne te dirais pas que tu as tord ! Moi-même, j'éprouve de la colère contre elle, elle ne m'a rien dit sur mon père, je ne sais même pas qui je suis. J'ai découvert que j'étais ghanéenne, il y a cinq mois maxi. J'ai découvert que oncle Al était mon pire ennemi, un membre de ma propre famille ! Elle a aussi a été trahi par ses propres frères et soeurs même père, même mère, doit-elle mourir pour cela ? Je t'en prie, sauve la !

- NON ! Je ne la sauverai pas !

L'étoile de la mer gabomaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant