Dernière Chance [Hakim]

Chapitre 52 - Je repars dans quatre jours.

Assise à table, Lia n'était pas très bavarde, l'éphorie quant à la découverte du sexe du bébé était retombée. Une pause digestive s'était imposée avant que le dessert ne soit mis sur table. Lia devait annoncer son départ, ce n'était sans doute pas le meilleur moment pour le faire, mais elle avait déjà trop repoussé cette conversation et il n'était pas question de le dire la veille du départ comme elle avait pu le faire quelques années plutôt.

Son avion s'était posé à Charles de Gaulle depuis cinq mois, jour pour jour, New-York ne lui manquait plus tant que ça, mais Paris l'étouffait toujours autant, si ce n'était plus qu'avant. Dévoiler son secret ne l'avait pas libéré tant que ça contrairement à ce qu'elle pensait. La ville Lumière la rendait toujours aussi fataliste sur sa vision de la vie.

Ces quelques mois avaient été propices aux remises en question. Elle n'était plus sûre d'avoir pris que de bonnes décisions, mais elle avait toujours laissé sa raison la guider vers ce qui lui semblait le plus juste à faire, tout en sachant que les conséquences pourraient la faire souffrir.

Lorsque son envie de partir avait pris le dessus sur l'amour qu'elle portait à ses proches, un sentiment de culpabilité s'était mélangé à son mal-être grandissant. Une part d'elle n'avait pas envie de les abandonner, car oui, pour Lia décider de partir, revenait à abandonner les trois personnes qui lui étaient le plus chers au monde.

Ce sentiment d'abandon, Lia le connaissait que trop bien, la vie s'était montré injuste trop souvent, en emportant dans un premier temps loin d'elle ses parents. La brune évitait de penser à eux, la douleur qu'engendrait ce triste souvenir était encore vive, le temps ne faisait pas oublier, il permettait seulement d'apprendre à vivre avec. Elle avait que quelques photos d'eux, compensant que trop peu le manque de souvenir qu'elle avait d'eux.

Bien sûr, Tia Helena lui avait beaucoup parlé de ses parents, mais elle était si jeune qu'elle ne s'en rappelait plus tant que ça. Sofia, sa mère était la douceur incarnée, d'une bonté infinie et d'une honnêteté sans faille, elle prônait le dialogue pour la résolution de tous conflits, jugeant que les mots étaient la plus belle arme que possédait chaque individu, elle estimait que rien ne pouvait être infranchissable pour celui qui savait les manier.

Sofia était la force tranquille du couple qu'elle formait avec Luís, le papa de Lia. Ce dernier n'était pas aussi sage que sa femme, il préférait agir plutôt que de parler, jugeant que rien n'était plus probant que les actes. Il avait un tempérament de feu, ne mâchait jamais ses mots et ne s'embarrassait jamais de fioriture, lorsqu'il avait quelque chose à dire cela sortait tel qu'il le pensait.

Malgré son côté bagarreur et grande gueule, il avait tout de même réussi à séduire Sofia à force de patience et de persévérance. La mère de Lia s'était longtemps montrée réticente, beaucoup de choses semblaient les opposer, mais elle avait fini par se laisser charmer par son côté protecteur, sincère et doux.

Très vite, ce fut évident pour chacun d'eux, qu'ils avaient rencontré LA bonne personne, celle avec qui ils voulaient passer le restant de leurs jours. Ils s'aiment d'un amour sincère et indéfectible. Leur union fut célébrée moins d'un an après leur rencontre, ils ne voulaient pas attendre plus longtemps face à cette évidence.

Lia était arrivée quelques années après, cela ne faisait pourtant pas parti de leurs projets immédiats, mais ils avaient aimé ce qu'ils considéraient être un cadeau de Dieu dès l'instant où ils eurent connaissance de son existence. Elle était la concrétisation d'un amour à l'état pur.

Elle vint au monde dans un foyer aimant, elle avait hérité de sa mère une crinière brune indomptable et des yeux d'un bleu intense dans lesquels n'importe qui pourrait se noyer. Tout comme son père, elle avait de longs cils, un nez fin et le même sourire qui avait charmé sa mère quelques années plutôt. Lia n'en avait pas vraiment conscience, mais elle était un parfait mixte des deux, elle ne ressemblait pas plus à sa mère ou à son père, elle ressemblait aux deux.