Dernière Chance [Hakim]

Chapitre 33 - Que ce que tu manigances ?

Malgré les propositions des trois hommes pour prendre le relais, Lia avait refusé de lâcher le volant. Conduire l'aidait à réfléchir de manière assez rationnelle quant à la suite des événements. En étant passagère, son cerveau l'aurait amené vers des pensées plus sombres, qui ne les aurait pas aidés.

Le billet d'avion étant à destination de Madrid, Lia espérait qu'il se rendrait là-bas, ratissant les alentours en vain. Peut-être n'avait-il même pas quitté la France, il connaissait peut-être tout Paris, mais certainement pas Madrid, une personne réfléchit n'aurait pas foncé tête baissé dans la capitale espagnole. La vraie question, était de savoir dans quelle catégorie ranger Gabriel. Est-il une personne réfléchit ou non ?

Sa façon, de dissimuler ses affaires illégales le montrait, mais la manière dont il avait pété les plombs en s'attaquant frontalement à Lia, témoignait de son impulsivité. Lia était persuadée qu'il foncerait à Madrid, hormis le malencontreux billet d'Alex, elle était sûre de n'avoir laissé aucune trace, elle espérait ainsi avoir encore un peu d'avance. Gabriel était néant moins malin, se révélant être un adversaire redoutable.

Lia aurait été plus sereine, si et seulement si Alicia avait été joignable, ce qui n'était plus le cas pour une raison qui lui échappait encore. Bien entendu, elle s'imaginait le pire, cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas eu le moindre contacte avec Gabriel, il avait peut-être attendu d'avoir trouvé Alicia pour envoyer le message.

Elle écartait partiellement cette idée, Tara s'était rendue à son appartement et avait constaté que la porte avait été fracturé et que tout l'intérieur était saccagé. Les voisins auraient alerté la police depuis bien longtemps si cela remontait à quelques jours. Bien entendu, Gabriel avait peut-être pu envoyer des types faire le sale boulot et trouver le billet d'avion aurait été la cerise sur le gâteau.

Ce départ en catastrophe pour l'Espagne était sans doute la meilleure solution, c'était la seule chose dont elle était plus ou moins sûre. Mais pour y faire quoi ? Rester en Espagne en attendant que les choses se calment ? Cette option était inenvisageable, les garçons avaient des obligations sur Paris, aussi diverses, soient elles. Rester seule avec Alicia là-bas ? Impossible, Miguel et William seraient capable de les ligoter dans la voiture pour les ramener de force.

Lia avait la certitude qu'en allant en Espagne, ils ne rentreraient pas en France sans Alicia. Le stress la rongeait, ne pouvant s'empêcher d'imaginer la petite maison retourné et vide de tous occupants. Si Gabriel les trouvait, dieu seul savait ce qu'il leur ferait, il pourrait mettre à exécution ses menaces ou les séquestrer sur une îles au beau milieu de l'océan indien, narguant Lia avec de faux indices qui ne mèneraient nul part.

Alicia avait peut-être eu le temps de fuir, mais sans moyen de communication, comment ferraient elles ? Avait-elle du partir dans la précipitation ? Avait-elle pensé aux cartes prépayées ? Lia avait pris soin de faire acheter plusieurs cartes, mais pas d'autre téléphone. Comment ferait sa sœur une fois sa réserve de cash épuisée ?

De nombreuses interrogations lui polluaient l'esprit, mais sans d'autres éléments sur le contexte, il lui était difficile de faire le tri dans ses idées et trouver des réponses rationnelles à ses questions. Lia avait peur et détestait cette sensation qui lui broyait les entrailles et lui serrait la gorge.

L'atmosphère dans la voiture était électrique, un silence de mort, quasi-religieux régnait. Miguel l'interrompait parfois, laçant une réflexion cinglante à Lia, entrainant une nouvelle crise dans la voiture, jusqu'à ce que l'un d'eux parvienne à clouer le bec à l'autre. William intervenait parfois lorsque cela dégénérait un peu trop. Oui, il en voulait à Lia, oui, il comprenait Miguel, mais non ce n'était pas le moment de se déchirer, conscient qu'il fallait garder la tête froide pour l'instant et qu'ils auraient tout le temps nécessaire pour régler leur compte après.