Dernière Chance [Hakim]

Chapitre 38 - ils pourraient se remettre ensemble ?

L'aiguille venait tout juste d'être reposée par le tatoueur, Lia qui n'avait pas eu si mal que ça, s'empressa de se lever pour admirer le résultat dans le miroir. Trois petits mots, très discrets tachaient maintenant à vie, le haut de son triceps droit, juste en dessous de son aisselle.

Le blason de la ville de Paris était constitué d'un bateau accompagné de trois mots juste en dessous "Fluctuat nec mergitur". Paradoxalement, malgré toute la répulsion qu'elle ressentait envers la ville lumière, Lia venait de se faire tatouer, la devise de Paris, " il est battu par les flots, mais ne sombre jamais" Cette phrase résonnait en elle, la capitale la faisait suffoquer, elle avait coulé de nombreuse fois, prise dans le torrent d'événement qui l'avait submergé tout au long de sa vie, mais elle n'avait jamais sombré, trouvant toujours la force de se relever. Après s'être rhabillé, Lia regagna sa voiture et prit la direction de l'appartement des garçons.

Lia c'était fait tatouer ces quelques mots sur un coup de tête. Son vécu était gravé en elle au fer rouge, elle n'oublierait jamais ce qu'elle avait enduré au cours de ces vingts cinq années, mais par ce geste elle affichait sa volonté de tourner cette page. En avouant toute la vérité à sa famille, en faisant tomber les derniers mensonges et les non-dits, Lia était sur la bonne voix, dans sa recherche de paix intérieur, le chemin restait long, mais elle n'était plus seule au milieu de sa détresse.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis les révélations de Lia. Elle avait passé la fin de la soirée sur le toit avec Hakim. Il avait conclu ce moment hors du temps en scellant ses lèvres tendrement à celles de la brune. A défaut de trouver des mots suffisamment réconfortant, il avait essayé de se montrer le plus tendre et affectueux possible, même si l'échange n'avait duré qu'une dizaine de seconde. Ils avaient repris le chemin de l'appartement des garçons, marchant bras dessus bras dessous en silence au milieu de la nuit parisienne.

À leur retour, les membres de la fratrie s'étaient empressés de témoigner à Lia toute l'affection qu'ils ressentaient pour elle en la câlinant de longues minutes. Ils avaient passé la fin de la soirée à discuter, Miguel et William tentèrent de remettre le sujet sur la table, mais Lia les stoppa immédiatement, cela appartenait au passé, la page devait se tourner définitivement, elle ne souhaitait plus parler de tout ça, jugeant qu'ils connaissaient les grandes lignes et que c'était amplement suffisant, gardant ainsi pour elle l'identité de l'auteur de cette nuit cauchemardesque.

Gabriel étant maintenant hors d'état de nuire, Lia regagna ainsi son appartement le lendemain, ne voyant plus de raison de rester chez les garçons. Elle éprouvait un besoin grandissant de retrouver une part d'indépendance, cela n'avait pas été évidant pour elle, de se sentir constamment épiée et d'avoir à rendre des comptes à chacun de ses déplacements.

Tara et Alex avaient remis de l'ordre dans son logement, il ne restait plus de trace du passage de Gabriel, hormis les photos qu'avaient pris ses agents du saccage. Elle passait tous les jours voir Alicia qui vivait toujours chez ses frères, ils n'étaient pas prêts de la laisser vivre seule dans l'appartement que Lia lui avait acheté. Ils avaient été mis longtemps à l'écart de cette situation, leur peur bien qu'inavoué peinait à se dissiper.

Lia et Hakim avaient recommencé à s'engueuler trois jours après l'épisode du toit, bien que tous les doutes sur les intentions de Lia étaient dissipés, cela semblait plus fort qu'eux. Ils peinaient en temps normal déjà à communiquer autrement que par des piques et Lia avait relancé les hostilités, ne sachant pas comment interagir avec le Kabyle après toutes les confidences qu'elle lui avait faite. Dire qu'elle regrettait serait mentir, mais elle se sentait gêné n'ayant pas l'habitude de se mettre à nue comme ça devant un inconnu.

Ils ne s'étaient pas revus de la semaine, Alicia lui expliqua que les deux frères passaient du temps avec d'autres amis à eux, qui faisaient aussi de la musique. Lia n'avait pas tout écouté, fort peu intéressé par ce que lui raconta sa sœur sur le moment, retenant seulement que c'était avec ces amis là, que les deux frères s'étaient fait connaître.