II. Âme sœur Aux Multiples Natures

Chapitre 12 : Nouvelle Présence

Dans une chambre spacieuse au deuxième étage, la porte ouverte sur le couloir désert et la fenêtre sur la journée ensoleillée au dehors, un corps repose, les yeux fermés, le visage légèrement crispé. Lorsque les mélodies entêtantes des oiseaux, chantant à tue tête pour attirer la femelle de leur cœur, perce le brouillard du sommeil, une grimace tord les lèvres de l'inconsciente.

Une demie seconde plus tard, ses yeux d'un vert étincelant se révèlent de derrière ses paupières désormais  levées. Elle tourne le regard à gauche puis à droite sans esquisser un mouvement, la crainte de trouver l'endroit de ses cauchemars à son réveil une nouvelle fois faisant trembler ses membres violemment.

Lorsqu'elle constate, non sans un certain soulagement, qu'elle se trouve dans une chambre tout ce qu'il y a de plus banal, elle reporte enfin son attention sur son corps. La sensation est différente des autres jours.

Surprise, elle soulève rapidement son buste provoquant un tourni subit. Elle ferme ses yeux quelques instants pour enlever cette vision d'un monde mouvant désagréable puis porte sa main à sa tête. Sa main...
Sa main ?!

Elle rouvre brusquement ses paupières et porte son membre devant ses yeux, le détaillant scrupuleusement alors que ses yeux  s'arrondissent de seconde en seconde avant de se plisser et de laisser quelques perles salées s'écraser sur la couette qui recouvre encore ses jambes.

Un peu plus et elle se serait pincée pour être certaine de pas rêver.

Encore dubitative, elle tâtonne dans son propre esprit avant de tressaillir lorsqu'elle effleure un autre Esprit, cette nouvelle présence qui partage son corps depuis maintenant quelques temps, froide et impulsive.

Elle revient vivement à elle et relâche ses poings qu'elle a serré convulsivement autour de la couette. Elle finit par se détendre lorsqu'elle remarque qu'elle a un total contrôle de son corps, prouvé par sa forme humaine.

Elle s'est apaisée ? Pense-t-elle, étonnée et méfiante.

Comme pour répondre à sa question muette, la conscience de sa Louve s'étend tranquillement mais la jeune femme élève ses barrières mentales, prête à riposter, ses muscles tendus à l'extrême. Lorsqu'au bout de quelques secondes elle ne sent aucune pression, elle s'autorise à créer une infime brèche dans ses défenses pour voir s'il ne s'agit pas d'une feinte puis les brise l'instant d'après quand elle est sûre que tout danger est écarté.

À peine fait, elle sent brusquement ses narines agressées. Instinctivement, elle se couvre le nez. Avec sa pauvre protection qui laisse filtrer l'odeur, elle se rend compte que si celle-ci est forte, elle n'est pas désagréable pour autant.

Elle retire ses paumes et rouvre ses yeux qui perçoivent comme une trace de fumée dans l'air

La marque de l'odeur... Comprend-t-elle.

Elle baisse le regard pour suivre sa direction et est surprise de la voir provenir des draps autour d'elle. En regardant plus largement, elle remarque qu'en fait, elle est dégagée dans toute la pièce. Décidée, elle prend une grande inspiration et lorsqu'après un battement de cil, ses yeux devenus inconsciemment pourpres redeviennent verts, effaçant la fumée que produisait l'odeur, elle se rend compte qu'elle connaissait cette senteur : elle appartenait à...

Michael.

Son cœur bondit dans sa poitrine devant cette révélation, et ce dernier apparaît subitement dans l'encadrement de la porte, essoufflé, les yeux fixés sur elle.

Sans le vouloir, ses propres prunelles se plongent d'elles-même dans celles océans de l'homme en face d'elle.

Le temps semble s'être suspendu, lorsqu'un seul mot franchi les lèvres de Michael, brisant cette bulle.