Chapitre 48 : Ce Froid

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Les minutes s'écoulent, longues et silencieuses, sans que personne ne dise mot, ne bouge. Le temps semble s'être arrêté.

Arwen, accompagnée de Lastalaica et Mardil, marche silencieusement entre les cadavres des victimes d'un ennemi dont elle ignore absolument tout, sauf une certaine puissance pour avoir réussi à mettre à mal le dit Beau Peuple, réputé pour être un des plus puissant en terme de magie défensive comme offensive, maîtres des éléments et des voies spirituelles.

Alors qu'elle déambule, l'âme en peine, les yeux dans le vide, ne réalisant pas réellement l'horreur qui se déroule à ses pieds, elle avance.

Elle ne sait pas où elle va. Mais désormais, où peut-elle donc aller ?

Lastalaica vient la sortir de ses sombres pensées en posant une main sur son épaule et la devance en lui intimant délicatement.

-C'est par là : suivez moi.

Et il oblique un peu plus à gauche, laissant une Arwen démoralisée immobile le temps que ses paroles atteignent son cerveau déconnecté.

Puis son corps finit par suivre inconsciemment le médecin qui s'était retourné attendant qu'elle avance.

Hors du temps, ses membres bougent seuls, remis sur le droit chemin grâce à son âme sœur qui la suit à la trace, dans un silence bienveillant.

Son esprit lui vogue dans des flash de souvenirs avec ses parents. Si elle ne se rappelle toujours pas des émotions qui accompagnaient la majorité de ses souvenirs qui remontent à avant ses cinqs ans, une boule finit par se former dans sa gorge, bien rapidement partagée à son estomac.

Elle sait, où plutôt, elle sent ce qui l'attend dans quelques mètres, lorsque les arbres qui les entourent, semblant s'écarter avec tristesse sur leur passage, laisseront totalement place à la clairière centrale du village ou réside la quasi totalité des habitations. Cependant, son Esprit, où plutôt sa Louve, cherche à l'en éloigner émotionnellement au maximum, du moins tant que l'instant présent ne nécessite pas la présence mentale d'Arwen.

Au ralenti, et pourtant bien trop vite au goût de l'elfe, l'ombre rassurante des arbres laisse peu à peu plus de place à la lumière de l'un des plus beaux moments de la journée, là où les deux astres partagent le ciel, nuancant celui-ci de douces couleurs pastel dignes de l'arc en ciel.

Mais personne ne perçoit la beauté du monde au-dessus de leur tête. Le deuil qu'ils doivent affronter n'est pas un de ses rêves nés des étoiles, et il les empêche de s'envoler, accrochant avec acharnement et violence leur pieds et leurs yeux à terre où les enfers se sont abattus.

Arwen et ses accompagnants franchissent enfin la limite de l'abri de la forêt, et la réalité doit s'imposer, l'Esprit d'Arwen se raccrochant à son corps.

Le moment est venu de voir la vérité en face.

Lastalaica, bien droit devant elle, bloquant la vue, quête son regard.

Lorsqu'il y apercoit la petite bille blanche signifiant la présence de l'Esprit, il baisse le regard et s'écarte sur sa droite lentement, révélant ce que son corps souhaitait cacher à la vue de la jeune elfe. Car personne ne devrait être le témoin d'une telle scène. Du moins pas de cette manière.

On est tous voués à voir ses proches nous quitter, à devoir enterrer des amis, de la famille et dans l'ordre des choses, ses parents également. Mais pas comme ça.

On ne devrait pas être obligés de contempler la mort injuste d'êtres chers, la vie volée par autrui. On ne devrait pas revouvrir leurs corps de ces draps immaculés destinés à cacher les souffrances physiques subies aux yeux des autres. On ne devrait pas fermer leurs paupières de nos mains....

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant