Chapitre 56 : à Travers Tes Yeux

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Arwen déambulait, ses pieds guidant maladroitement son corps, sa démarche pouvant être comparée à celle d'un homme sous l'emprise de substances illicites.

La vaste forêt s'étendait encore une fois à perte de vue devant et tout autour d'elle.

Mais cet environnement lui convenait parfaitement. Et aujourd'hui, elle n'espérait plus jamais avoir à le quitter pour n'importe quelle raison.

Elle souhaitait juste qu'on lui accorde réellement cette paix qu'Esmeria elle-même lui a promis quelques heures auparavant...

Flashback :

À peine a-t-elle déposé son doux baiser d'adieu sur le front de Raphaël que Lucifer et une des déesses, la silhouette brumeuse ne lui permettant pas de la reconnaître, s'avancent tout deux vers elle.

Mais elle prend le corps du Sang Mêlé dans ses bras et tout en le serrant contre son torse hurle aux deux Immortels, pleine de colère :

- Ne le touchez pas !

Alors que ses yeux brillent de leur doré habituellement si merveilleux mais désormais animé d'une lueur dangereuse, ceux de Lucifer rougeoient un peu plus et se froncent sous le signe de son mécontentement face à sa résistance.

Comme s'il croyait que son attitude, lui faisant plus songer à un parent sur le point de disputer son enfant après une action qui leur déplaît, allait l'effrayer.

"Il en faut plus que ça mon coco" pense-t-elle.

Cependant, un petit coup sous son bras serrant le corps de Raphaël et qui devient insistant la fait quitter son regard à contrecœur. Alors qu'elle s'apprête à foudroyer du regard le responsable de cette gêne, une réplique cinglante brûlant ses lèvres, ses ardeurs tombent à l'eau dès qu'elle voit le fameux loup blanc d'Esmeria.

"Il faut les laisser l'emmener... Chantonne doucement sa voix dans son esprit. Tu ne peux plus rien faire pour lui, alors laisses-le."

Arwen reporta son regard sur le corps sans vie de son semblable et se pince les lèvres.

"Ce n'est que son corps. L'enveloppe de son âme. Celle-ci m'a rejoint. Ne t'inquiètes pas pour lui, tout ira bien désormais, il connaîtra enfin le repos."

Arwen scrute les yeux du loup, à la recherche d'un quelconque mensonge, et Esmeria la laisse faire comme bon lui semble, soutenant son regard d'or et son analyse.

Elle finit par reporter encore une fois son regard sur le Sang Mêlé puis soupire. Dans des mouvements lents et précis, elle passe délicatement le corps de Raphaël de ses propres bras au sol humide de la terre, comme si celle-ci exprimait également de la tristesse face à tout ce qu'a pu représenter cet homme.

Sans un regard ou une parole de plus, elle tourne les talons et quitte l'endroit et ses divinités qu'elle ne peut plus supporter pour le moment, leur comportement l'ayant déçue comme jamais elle ne l'aurait imaginé.

Aujourd'hui, elles avaient montrées une toute autre facette d'elles, loin de la bienveillance qu'elle a toujours cru ressentir.

Ou Raphaël a-t-il simplement levé le rideau sur leurs véritables visages et ce qu'il se cache derrière les apparences ?

Comment les personnes censées veiller sur les êtres peuplant la Terre pouvaient être si cruelles et insensibles envers la douleur de l'un de leurs enfants ?

Alors qu'une brusque bourrasque de vent la fait frissonner, elle serre son corps de ses bras et ses yeux se ferment alors qu'elle revoit encore une fois le rayon de lumière transpercer le Sang Mêlé.

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant