Chapitre 55 : Plus rien à perdre

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Le vent souffle aussi fort que l'esprit d'Arwen est consterné. Jamais elle n'aurait pu imaginer une telle histoire possible.

Elle observe, le cœur en peine et déchiré, l'homme en face d'elle, le regard criant milles souffrances, les joues baignées de larmes et les bras grands ouverts en une plainte aux esprits divins restés silencieux qui les observaient.

Cet homme ne souhaitait que des explications à sa tragique histoire. Et Arwen le comprenait.

Son cœur et sa raison s'entendaient enfin. Ils s'accordaient sur le fait qu'ils se ressemblaient dans un sens.

Ils ne cherchent tous deux que des réponses à leurs questions.

L'homme hurlant toujours aux déesses son désespoir usait de sa voix pour rien. Arwen pouvait sentir les divinités les observant et même discerner leurs silhouette faites d'une brume laissant croire à des fantômes.
Elles n'accordent aucune attention aux lamentations de celui qu'elles avaient vu naître et déchu de leurs propres mains. Leurs silhouettes restaient obstinément tournées vers elle, comme attendant ses prochains actes. Arwen en était désemparée. Elle ne comprenait pas le comportement de celles qui l'ont aidées et choisie pour une mission qu'elle ne s'est jamais sentie capable d'accomplir, et encore moins maintenant.

Arwen ne sait quoi faire, partagée entre ses désirs et sa peine pour l'histoire de celui qu'elle considérait jusque maintenant comme son ennemi. Elle n'arrive plus à le voir comme tel désormais. Son vécu qu'il traîne derrière lui comme un poids dont il ne peut se défaire et qui l'épuise chaque seconde un peu plus, le tirant définitivement vers les ténèbres sombres et effrayantes du désespoir et de la solitude, l'attriste. Elle l'a vécu, et elle se rend compte en l'observant qu'elle même n'en est pas totalement libérée.

Alors oui, ils se ressemblent. Ils sont deux êtres hors du commun, ayant tous eux connus des événements tragiques qui les ont amenés à commettre des actes presque ou même tout autant terribles.

Parce que nous sommes perdus... pense Arwen tristement.

Et elle sait que ce sentiment de solitude nous change, sans même nous en rendre compte. Cherchant à nous éloigner de nos douleurs, de notre cœur qui crie à l'agonie et de notre âme qui est poussée à la folie, nous nous occupons l'esprit comme possible. Et pour des personnes brisées, elles essaient de se faire comprendre en faisant ressentir leur douleur à d'autres, parfois de la pire des manières. Mais après coup, la culpabilité nous accable et nous ronge le corps et l'esprit, nous éloignant toujours un peu plus de ceux qui sont restés auprès de nous et nous enfonçant dans nos travers.

Mais si Arwen a pu s'en sortir, c'est parce qu'elle a rencontré des personnes qui tenaient à elle. Mais pour Raphaël...  La seule personne qui comptait n'est plus là désormais.

Alors comment pourrait-elle l'aider à revenir ?

-Est-ce que tu regrettes ? Lâche-T-elle comme un murmure.

Raphaël s'arrête brusquement dans ses cris, reportant son lourd regard sur elle et baisse ses bras.

-Que... Quoi ?

Arwen souffle pour prendre du courage et laisser sa propre peine et rancœur de coté, se concentrant sur l'homme en face d'elle qui n'a jamais connu de repos dans sa peine immense.

-Est-ce que tu regrettes ? Réitère-t-elle en le regardant le plus sérieusement de monde. Regrettes-tu d'être tombé amoureux de cette démone ?

-Si... Je regrettes ? Demande-t-il.

Il abandonne sa posture de provocation et son regard se baisse pour croiser ses pieds, et Arwen sait que les souvenirs se rejouent devant ses yeux tel un film. Elle lui laisse tout le temps qu'il lui faut pour se remémorer les bienfaits de ce qu'a pu être son amour ne doutant pas de sa réponse qui ne tarde pas.

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant