Chapitre 41 : Missions

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Cela fait aujourd'hui deux jours qu'ils marchent sans arrêt à travers le dédale des arbres de la forêt. Pour tout être ordinaire, l'Hybride n'aurait fait que les mener en rond. Mais pour toutes personnes sensible et liée à la nature d'une manière tout à fait inexplicable, le chemin n'est jamais le même. Les arbres changent, malgré qu'ils soient tous de la même espèce, de la même taille et au même aspect. Car sans être forcément proches, ils aperçoivent les rainures dans leurs écorces aux motifs différents. Ils sentent dans leur veine s'écouler infiniment lentement la sève intimement liée à une quantité variable d'énergie.

C'est ça la véritable magie des êtres Surnaturels : percevoir au-delà de ce que leurs simples sens leur montrent.

Arwen écoute avec attention et admiration Claire lui parler amoureusement de la forêt et tout ce qu'elle héberge. Toute vie est importante, elle reconnaît bien là la coutume des elfes. Mais sa manière de conter est encore plus magique. Imaginer ce qui l'entoure à travers ses paroles lui fait part d'un monde magnifique, où chacun à sa place et est utile, tout à son niveau. Même la plus petite fourmi que vous pourriez écraser à chacun de vos pas à son rôle à jouer dans l'équilibre de la nature.

Arwen boit avec avidité les paroles de la sang-mêlé à ses côtés et elle perçoit le monde d'un œil tout à fait nouveau.

-Nous les Surnaturels ne devons pas nous croire supérieurs. Nous avons un rôle à jouer également, mais pas plus important que celui de n'importe quelle petite bête rôdant autour de nous. Nous faisons partis de ce qu'on appelle le cycle de la vie. Notre devoir à nous est simplement d'écouter la nature et de veiller à bon fonctionnement de son équilibre. Malheureusement, la majorité d'entre nous ont finis par perdre ce simple objectif de vue, bien trop imbus d'eux-mêmes. Seuls les elfes continuent à essayer de perpétuer cette communication avec ce qui les entoure. Nous sommes ceux censés protéger toute vie, et aujourd'hui, divisés, nous ne faisons que la détruire à cause de futilités. Si on tend l'oreille ; si on prend le temps d'écouter réellement, alors on entend le cri de détresse de la nature. Elle souffre... beaucoup, s'attrite la jeune femme.

Arwen sent la profonde désolation de l'Hybride ressent cet horrible sentiment de culpabilité, car bien malgré elle, elle se considère comme une partie de la source de ce mal-être.

-Tu n'as pas à te morfondre, la rassure-t-elle délicatement en prenant son épaule. Si une seule personne serait la cause de chaque maux assaillant cette terre, alors les régler serait aisé. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Des milliers de personnes en sont responsable, même celles se croyant innocente. Nous avons tous fait des erreurs, tous pensé à un moment ou à un autre à nous et seulement nous, à ne souhaiter qu'un peu de bonheur en essayant d'oublier tout ce qui pouvait nous entourer. Beaucoup diront que c'est "humain", et dans un sens ils n'ont pas tort. Au fil des siècles, nous avons évolués, tant en bien qu'en mal. Nous sommes mieux dans notre tête, plus en phase avec nous même qu'à notre création. Cependant cette évolution a amené bon nombre de défauts. Nous nous sommes mis à penser comme des humains, et à vouloir autant notre bien que celui des autres. Mais notre destinée est de nous sacrifier s'il le faut pour le bien d'autrui. Nous sommes seulement destinés à donner, et non à recevoir. Nous pouvons seulement apprécier voir nos bons actes assurer l'avenir. Et ça devrait être amplement suffisant. Nous les Hybrides essayons de nous raccrocher à notre devoir originel.

-Quel est-il ? L'interroge Arwen.

-Le même que celui de tout autre Surnaturel ma chère. Nous sommes aussi des Surnaturels, quoi qu'en disent tous les autres, lui répond-t-elle avec un grand sérieux.

-Je ne comprend pas, avoue-t-elle finalement en soupirant.

-Quoi donc ?

-Que vous ayez la même mission que tous les autres. C'est vrai, vous êtes nés des millénaires après les autres peuples Surnaturels. Pourquoi créer une nouvelle race, méprisée des autres et sûrement plus puissante, pour le même objectif ? S'exclame-t-elle. Les déesses ne m'ont jamais parus aussi incompréhensibles...

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant