Chapitre 50 : Reconstruire

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Une nouvelle journée avait débuté sur le territoire elfique, ou du moins ce qu'il en restait.

Après l'enterrement des morts du côté du Beau Peuple, ils avaient entamé, manuellement, le nettoyage des dégâts causés par leur subite attaque.

Des voix s'étaient rapidement élevées, lentes et mélancoliques, dans une langue incompréhensible pour les loups. Cependant, certaines paroles n'avaient pas besoin d'être comprises pour être ressenties.

Chacun avait senti ses poils s'hérisser et une peine immense les atteindre, en même temps que l'atmosphère prenait une senteur sacrée et... Magique.

Le vent s'était doucement mit à souffler, et les arbres à se balancer au rythme des voix toujours plus nombreuses à se mêler au chant. Aucun loup n'aurait pu dire si ce phénomène était dû au vent ou à l'âme même de la Nature se liant aux elfes en deuil, mais ils n'en restaient pas moins stupéfaits.

Au fur et à mesure du chant, les gravats et cendres des bâtisses naturelles étaient balayés, emportés par le vent, les blessures béantes de la Terre se refermaient, le sol bougeant sous leurs pieds, comme animé de vie, et les heures défilaient, le temps toujours aussi immuable continuant sa route, indifférent aux peines du Monde.

Ils ne savaient pas comment expliquer cela, mais les elfes avaient une relation profonde avec la nature. Si les Loups avaient eux aussi une connexion particulière avec leur environnement, ils se rendaient peu à peu compte qu'elle était bien loin de celle qu'entretenaient les elfes avec elle.

Chaque élément semblait accompagner ce peuple dans le moindre des pas de leur vie. Michael restait lui aussi fasciné. Il sentait comme ses compères que bien que le chant soit imprégné de magie, ce n'était pas eux qui forçaient la nature à agir de cette manière, mais bien elle qui avait décidée de les aider.

-Ce chant est ancestral, vient le renseigner Mardil. Il relate notre vie, du jour où nous avons ouvert les yeux, à celui qui nous a vu le quitter. Une vie entière où la Nature, où la Déesse Artémis a suivi chacun de nos pas. Ce chant s'allonge aujourd'hui pour la perte de nos souverains et de nos nombreux autres semblables.

-Et... Cette magie ? L'interroge Michael.

-C'est celle de la nature. Notre énergie n'est pas vraiment nôtre Michael. En réalité, elle nous est simplement prêtée. Un elfe ouvre les yeux lorsque la nature lui offre son Énergie. Et lorsque la Déesse nous rappelle à elle, celle-ci repart à son propriétaire original. Notre vie et notre magie ont la Nature pour source.

Michael hoche la tête, remerciant son ami de sa confidence, lui permettant d'ainsi répondre à de nombreux questionnements.

Il comprend enfin également d'où ce peuple tire ses dons exceptionnels et cette réserve quasi infinie de magie.

Mardil lui accorde un dernier regard avant de rejoindre les siens, accorder quelques paroles bienveillantes pour finir par les rejoindre à leur tâche.

Il voit rapidement ses loups venir les aider un a un à effacer le triste passage de leurs assaillants.

Michael sait désormais que les elfes ne sont pas insensibles à leur perte, comme cette pensée l'a effleurée en voyant des personnes revenir avec un air serein que le visage des abris improvisés pour déposer et accompagner leurs défunts dans leur dernier Voyage.

Ils peuvent réellement dire que ces personnes sont toujours à leurs côtés, car c'est un peu le cas. Leur énergie est celle de la nature, et elle la rejoint lorsque leur heure est venue, pour veiller et voir naître et les autres elfes.

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant