Chapitre 54 : Le Crime d'Aimer

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Alors que les deux êtres se regardent toujours en chien de faïence, la chaleur du lieu devient de plus en plus insupportable pour Arwen, alors que le démon ne semble même pas sourciller.

-Tu dis ne plus t'appeler Raphaël, cela signifie donc que tu as bien porté ce nom fut un temps. Comment a-t-il changé ? S'enquit-elle.

-Tout comme toi. Tu as longtemps porté un autre nom que celui qui tu as actuellement, fait-il remarquer en commençant à marcher autour d'elle calmement. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte, mais tu es pareille que moi Arwen au final.

-Permets moi de te contredire, enchaîne-t-elle en le suivant du regard.

-Alors dis moi, qu'avons nous de différent ?

-Qu'est ce que j'en sais. Après tout, je ne sais rien de toi.

-Hum... C'est en partie exact, admet-il. Mais tu n'a pas réellement besoin d'en savoir plus que ce que tu viens de comprendre : Nous avons tous les deux tués de nombreuses personnes.

Arwen grince des dents, essayant de chasser les mauvais souvenirs que ses paroles ravivent.

-Je n'ai jamais fait ça par plaisir ou pour attirer l'attention de quiconque, gronde-t-elle.

-Oh mais je te rassures, je ne fais pas ça par plaisir non plus. Mais plutôt par nécessité, hausse-t-il des épaules.

-En quoi dévaster mon village et prendre la vie de nombreux des miens, et de mes parents, était une nécessité pour toi ? Crache-t-elle la colère refaisant surface. Que t'avaient-ils fait ?!

-Ils faisaient partis de toutes ces personnes n'acceptant pas mon existence. Mais même ça était dérisoire au final. Tout ce qui m'importait, c'était qu'ils étaient importants pour toi.

-Oui, ils l'étaient ! C'étaient mes parents ! S'emporte-t-elle en se rapprochant de lui inconsciemment. N'as-tu donc jamais aimé quelqu'un au-delà du raisonnable pour savoir à quel point se les faire violemment enlever est insupportable ? En cet instant, je ne sais vainement pas ce qui me retient de ta faire subir le même sort que tu leur a réservé... Gronde-t-elle, se faisant violence pour ne pas écouter son désir de vengeance auquel elle ne souhaite plus jamais céder.

-C'est pour cela que je te les ai pris. Pour que tu te sentes comme moi. Tu les sens n'est-ce pas ? Tes veines, bouillonner comme si elles allaient exploser, raconte-t-il s'approchant de plus en plus d'elle jusqu'à venir lui murmurer. Tes oreilles, bourdonner comme sourdes à tout ton environnement. Et tes yeux, uniquement centrés sur l'auteur de ta colère au-delà des mots.
Tu sens ton corps entier être dirigé vers la vengeance et l'envie de faire souffrir ?

Il s'éloigne à nouveau légèrement, laissant ses mots faire effet avant de continuer, détournant le regard, un bras tenant l'autre 

-Nous sommes exactement pareils toi et moi. Nous sommes deux personnes à avoir souffert milles vies en une seule.

Il rencontre encore son regard et enchaîne, le regard dur

- Et désirant aujourd'hui plus que tout vengeance pour cette injustice.

Arwen doit se calmer. Si ça continue, elle sent qu'elle pourrait exploser et commettre un acte sans retour pour elle. Quelque chose résonne en elle sous ses paroles.

Se forçant à respirer en se concentrant sur l'air faisant fonctionner son système pulmonaire, elle essaie tant bien que mal. Mais elle n'y arrive pas. Elle est beaucoup trop éloignée du seul endroit pouvant l'aider à se retrouver.

II. Âme sœur Aux Multiples NaturesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant