Chapitre 5

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Ils arrivèrent enfin à l'hôpital. Roche fut pris en charge par une équipe médicale et emmené en salle d'opération tandis qu'une infirmière accompagna Cassandre en salle d'attente. Elle lui proposa d'aller dans les sanitaires pour enlever le sang qu'elle avait sur elle. Pendant ce temps, l'infirmière partit lui chercher un café.

Cassandre se regarda dans le miroir, son regard était vide, les traits tirés, elle faisait peur à voir. Elle se lava les mains et passa un peu d'eau sur son visage.

Tout ce sang qu'il avait perdu, elle espérait seulement que la balle n'ait pas touché d'organes vitaux. Elle s'essuya les mains puis recula pour se retrouver dos au mur. Elle se laissa glisser au sol et ne put retenir plus longtemps le torrent de larmes qui inonda ses joues. Elle plia les jambes, les entoura de ses bras et posa sa tête sur ses genoux. L'infirmière venait d'entrer et s'accroupit à ses côtés.

- Ne vous inquiétez pas, le chirurgien qui s'occupe de votre ami, c'est le meilleur, ça va aller. Allez, venez vous asseoir. Je vous ai ramené un café.

- Merci.

Le temps lui parut une éternité, pourtant seulement trente minutes s'étaient écoulées depuis leur arrivée. Heureusement, Jules, qui avait été prévenu par Sissi, arriva auprès de sa mère.

- Maman ! Comment tu vas ?

- Oh mon chat ! Je suis contente de te voir.

Jules prit Cassandre dans ses bras. Elle qui avait réussi à stopper le flot de larmes, replongea de plus belle.

- Moi ça va, chéri. C'est pour Pascal que je m'inquiète.

- Qu'est-ce qui s'est passé au juste ?

- On poursuivait un suspect et il nous a tiré dessus, Pascal s'est jeté sur moi et il s'est pris la balle. C'est de ma faute, c'est moi qui devrait être à sa place.

- Dis pas ça maman. Il l'a fait pour te protéger.

- Mais il n'avait pas à le faire. Dit-elle en colère.

- Il tient à toi, maman !

Elle repensa à la phrase qu'il lui avait dit un peu plus tôt : " J’ai plus que vous ". Pourquoi avait-il dit ça ?

Jules s'assit à côté de sa mère. Cassandre se pencha vers lui et posa sa tête sur son épaule. Elle ferma les yeux et souffla un grand coup. Jules serra la main de Cassandre pour la rassurer et ils attendirent en silence encore un long moment. Au moins, elle se reposa un peu.

Une heure plus tard, le chirurgien sortit du bloc et retrouva Cassandre et Jules.

A l'arrivée du médecin, Cassandre se leva d'un seul coup et le fixa dans l'attente de son verdict.

- Commissaire Cassandre. L'opération du Capitaine Roche s'est très bien passée, nous avons pu retirer la balle sans encombre. Il a eu beaucoup de chance car la balle n'est pas passée loin du poumon. Heureusement elle n'a touché que légèrement une artère et grâce à votre compression, l'hémorragie était limitée, et nous avons pu la réparer sans qu'il n'ait perdu trop de sang. Il a été ramené dans sa chambre, seulement pour le moment, il est dans le coma.

- Dans le coma ? Comment c'est possible ?

- Le traumatisme sûrement, son corps a besoin de repos.

- Il va rester longtemps dans le coma ?

- On ne peut pas le dire, entre quelques heures ou quelques jours. Mais vous pouvez aller le voir, il est dans la chambre 458.

- Merci docteur.

- Vas-y maman. Je vais aller au commissariat pour leur donner des nouvelles de Pascal. Je reviens plus tard.

- Merci mon chéri. A plus tard.

Elle embrassa Jules et longea les couloirs à la recherche de la chambre de Roche. Arrivée devant, elle souffla, frappa et ouvrit la porte. L'infirmière, qui l'avait accompagnée à son arrivée, finissait de mettre en place tous les appareils médicaux. Elle se tourna et lorsqu'elle vit Cassandre, un sourire s'afficha sur son visage.

- Vous pouvez venir, j'ai fini, je vous laisse avec lui.

Cassandre lui sourit puis son regard se figea sur Roche, son sourire disparut pour faire place à la tristesse. L'infirmière s'approcha de Cassandre et posa sa main sur son épaule.

- Ne vous inquiétez pas, il va bien. Les machines sont justes là pour l'aider le temps que son corps se repose. Il n'a pas mal. Mais surtout, il faut lui parler. Entendre une voix familière ne peut que lui faire du bien et l'aider à sortir du coma. Il faut qu'il sente votre présence.

- Mais qu'est-ce que je dois lui dire ?

- Tout ce que vous voulez, parlez de votre vie, de vos amis, de vos souvenirs... de moments dont il se souviendra. Ce qui compte, c'est qu'il entende votre voix. Bon, je dois vous laisser mais n'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin. Je suis de garde jusqu'à sept heures demain matin, je m'appelle Sarah.

- D'accord, c'est gentil. Merci Sarah.

Cassandre déposa ses affaires sur une chaise puis elle rapprocha le fauteuil du lit et s'assit aux côtés de Roche. Elle croisa ses mains sur ses genoux et observa Pascal, le regard triste. Même si le chirurgien lui avait assuré que tout s'était bien passé et qu'il était sorti d'affaire, le savoir dans le coma ne la rassurait pas. Il fallait qu'il se réveille et elle allait tout faire pour l'y aider, mais encore fallait-il savoir comment s'y prendre. Parler, elle savait faire mais parler à quelqu'un tout en sachant qu'il n'y aurait pas de réponse, là elle était moins à l'aise.

Elle rapprocha le fauteuil au plus près du lit et posa sa main sur celle de Roche. Elle était un peu gênée de ce geste alors que Roche ne pouvait pas protester, d'ailleurs elle ne l'aurait sûrement pas fait s'il avait été réveillé mais elle sourit en pensant qu'il aurait apprécié qu'elle le fasse et elle avait besoin de ce contact, sentir la chaleur de sa peau sous la sienne la rassurait un peu, cela voulait dire qu'il était vivant.

Elle l'observa un instant puis se lança.

- Bon Capitaine, vous me mettez dans une situation particulière là, j'ai l'air ridicule de parler, comme ça, toute seule. J'aimerai tant entendre le son de votre voix...

Une larme s'échappa, elle l'essuya du revers de la main. Elle devait rester forte. Elle se ressaisit et afficha un immense sourire.

- Très bien ! Puisqu'il faut commencer, je me dis que... reparler de mon arrivée ici est un bon point de départ. Et au moins ça vous laissera le temps de récupérer, et je me rends compte qu'il y a un avantage au fait que vous soyez dans le coma... au moins vous ne me contredirez pas !

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant