Chapitre 1

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4h30, un matin de décembre. Une sonnerie retentit dans la chambre de Cassandre. Encore à moitié endormie, elle tâtonna pour attraper son téléphone sur sa table de nuit. Elle ouvrit un oeil et aperçut le visage de Roche sur l'écran. Elle soupira, à cette heure-ci, il n'appelait pas pour prendre de ses nouvelles.

- Oui Pascal ?

- Bonjour Commissaire ! Désolé de vous réveiller si tôt, on a un double homicide et vous n'allez pas aimer.

- Ah bon ? Et pourquoi ?

- J'espère que vous êtes en forme, il fait un froid glacial, prévoyez des vêtements chauds et des chaussures fourrées. Je passe vous chercher dans 20 minutes.

- Et on va où ?

- Les corps ont été retrouvés près d'un chemin de randonnée qui mène à l'Hôtel du Chamois. C'est à l'écart de la route, on va devoir y aller en motoneige. Les équipes préparent le matériel et ils nous attendent au carrefour du Pic. C'est à partir de là qu'il faudra continuer en motoneige et il fait un froid vraiment très très froid dehors.

- Il est un peu tôt non ?

- Allez, préparez-vous, j'arrive. A tout à l'heure Commissaire.

- OK, je me lève. A tout à l'heure Pascal.

Roche finit de se préparer, il prit les clés de sa voiture, ferma sa porte et partit chercher Cassandre.

Pendant ce temps, Cassandre se leva et s'habilla le plus chaudement possible. Elle prit un café, elle en avait besoin pour se réveiller un peu plus. Tout en buvant son café, elle se mit face à sa baie et observa le paysage sous la lueur de la pleine lune. C'est alors qu'on toqua à sa porte. N'ayant aucun doute sur l'identité de la personne qui venait perturber le calme de cette fin de nuit, elle ne bougea pas.

- Oui, entrez !

Roche entra et rejoignit Cassandre dans le salon. Elle était toujours face à la baie, plongée dans ses pensées. Il resta à la regarder quelques secondes, puis se décida à la sortir de sa bulle.

- Commissaire ? Vous êtes prête ?

Elle l'entendit prononcer quelque chose mais ne l'écoutait pas, elle voulait rester dans ses pensées. Comme elle ne réagissait pas, Roche se décida à approcher jusqu'à être derrière elle, il posa une main sur son épaule.

- Ça va Florence ?

Surprise du contact sur son épaule et du son de sa voix si proche, elle se retourna immédiatement et se retrouva face à Roche. Leurs regards se croisèrent un instant, un frisson les parcourut. Puis Cassandre se ressaisit et lâcha le regard de Roche.

- Pardon, vous disiez ?

- Vous allez bien ? Dit-il inquiet.

- Oui, oui, je ne suis pas encore tout à fait réveillée. Mais j'imagine que le froid va s'en occuper. Bon, on y va Capitaine ! J'espère seulement qu'on n'aura pas de souci de motoneige, j'ai pas envie de repasser une nuit dans une grotte. Répondit-elle en souriant.

- Ah bon ? Vous n'avez pas apprécié ? Dit-il un sourire en coin.

- Disons que je préfèrerai rester coincée à l'hôtel, bien au chaud, si vous voyez ce que je veux dire !

- Je vois... oui... Enfin, du moment que je sois coincé avec vous, ça me va ! Dit-il taquin.

Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête, puis sourit.

- Bon, est-ce qu'on peut y aller ?

- Bah oui, je vous attends, moi ! Allez, en route Commissaire !

Il sortit et monta en voiture. Cassandre mit son plus épais blouson, enfila ses boots fourrées, ferma sa maison et rejoignit Roche dans la voiture. Il avait mis le chauffage, le contraste de température avec l'extérieur fit monter le rouge aux joues de Cassandre. Elle défit son manteau et enleva son foulard.

- Il fait chaud là-dedans !

- Je ne voulais pas que vous ayez trop froid.

Elle sourit. Il était toujours aussi attentionné.

- Merci Pascal. C'est bon, on peut y aller.

- OK, c'est parti.

Il démarra, seulement dix minutes de route, suffisant pour commencer le briefing.

- Bon alors, qu'est-ce qu'on a comme infos ?

- Alors, on a donc deux victimes, un homme, quarante-deux ans et une femme, quarante-neuf ans, mariés, ils avaient leurs papiers sur eux. Ils ont été retrouvés par un guide de haute montagne.

- Qu'est-ce qu'il faisait là aussi tôt ?

- Il est employé par l'Hôtel du Chamois pour descendre chercher les personnes qui veulent monter à l'Hôtel à pied. Ce matin, il est parti de l'hôtel vers quatre heures, il voulait repasser par chez lui, dans le centre d'Annecy avant de venir prendre un groupe afin de les accompagner. Et il a trouvé les corps en chemin.

Une motoneige attendait Cassandre et Roche afin de rejoindre le lieu du crime. Roche tendit un casque à Cassandre, il enfourcha la moto et Cassandre s'installa derrière lui. Elle passa ses bras autour de la taille de Roche et se colla à lui, ce qui n'était pas pour déplaire au capitaine. Il démarra.

Trente minutes plus tard, ils retrouvèrent le guide qui était resté près des corps et qui avait été rejoint un peu plus tôt par deux officiers.

Cassandre et Roche s'approchèrent des corps. Ils récupérèrent les papiers des victimes, Paul et Sylvie Cardon. Roche prit quelques photos et Cassandre fit les premières constatations.

- Malgré le froid, au vu de la rigidité cadavérique, ils doivent être morts depuis au moins six heures. Ils ont tous les deux reçu une balle dans le coeur, il y a du sang sur la neige donc ils ont été tués ici. A voir avec le légiste quel calibre a été utilisé.

Roche continua.

- Le tireur était à leur poursuite, ils essayaient de le fuir mais il les a rattrapés. On a retrouvé une des balles, la balistique nous en dira un peu plus. On a aussi trouvé des empreintes de pas, on fait des relevés mais avec la neige qui est retombée, ça va être compliqué.

Les différents relevés furent faits, puis les corps furent embarqués sur des remorques attelées aux motoneiges. Le vent commençait à se lever.

- Je vous ramène Commissaire.

- Avec plaisir, si ça continue, je vais perdre mon nez ou mes oreilles avec ce vent. Dit-elle en riant.

Roche sourit.

- Ce serait dommage quand même ! Fit-il le regard charmeur. Allez, je vous ramène au chaud.

Elle souffla dans ses mains en avançant jusqu'à la motoneige. Ils mirent leurs casques et montèrent sur la moto. Comme à l'aller, Cassandre s'installa derrière Roche et put s'accrocher à son capitaine sans que cela ne paraisse déplacé. A cet instant, elle se rendit compte que cette proximité entre leurs corps lui procurait une douce sensation. Ils entamèrent la descente.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant