Chapitre 19

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Florence ne tenait plus, elle voulait savoir et Pascal faisait exprès de faire traîner, en employant tout un tas de mimiques qui ne faisait que décupler l'appréhension de Florence. Son visage se raidissait au fur et à mesure des secondes qui passaient.

- Alors ? Osa enfin demander Florence timidement.

- heummm...

- Quoi ? C'est pas bon ?

Pascal fit une grimace l'air de dire que ce n'était pas vraiment ça.

- C'est pas assez cuit... ou trop ?

A nouveau une mimique de Pascal.

- Bah quoi alors ? Exprimez-vous bon sang !

- Oui voilà ! Bah... c'est bon, même très bon !

- Vous vous foutez de moi ?

- Mais non, pas du tout Florence. Dit-il en reprenant un bouchée. C'est même délicieux !

- C'est vrai ? Redemanda-t-elle surprise.

- Vous avez assuré ! Il s'est passé quelque chose pendant mon coma ? Vous avez pris des cours de cuisine, c'est ça ?

Florence dodelina de la tête et sourit.

- C'est ça, moquez-vous de moi ! Je ne suis pas totalement nulle, c'est juste que j'ai jamais eu le temps de prendre le temps et puis c'est pas mon truc... mais je suis contente que ça vous plaise. Finit-elle en le regardant, sourire aux lèvres.

- C'est peut-être pas votre truc justement parce que vous n'avez pas pris le temps ou que personne n'était là pour vous apprendre !

- Peut-être !

Elle n'avait pas quitté les billes noisettes qui la fixaient aussi. Un sourire malicieux apparut soudain sur le visage de Pascal, ce qui fit froncer les sourcils de Florence.

- A quoi vous pensez encore ? Demanda-t-elle à demi inquiète.

Elle le connaissait si bien, mais peut-être pas encore totalement... et là, elle attendait la petite remarque pour la taquiner.

- Alors voilà une occasion inespérée pour passer à l'action !

- Quoi ?

- Et bien oui ! Je vais être là un certain temps, et du temps justement, je vais en avoir alors...

- ... alors ?

- Alors je me suis dit que je pourrais vous apprendre à cuisiner !

- Ahh ahah !

Un rire un peu crispé échappa à Florence. Mais lorsqu'elle comprit qu'il ne plaisantait pas, son rire stoppa net.

- C'est une blague ?

- Bah non ! Je suis sérieux ! Mais si ça ne vous intéresse pas, on laisse tomber. Répondit-il un peu blessé par la réaction de Florence.

Il baissa aussitôt la tête et se concentra alors sur son assiette.

Florence resta interdite, elle y était peut-être aller un peu fort. C'est vrai, ça partait d'une bonne intention après tout. Elle s'en voulait. La fourchette en main, elle déplaçait ses œufs d'un côté sur l'autre de son assiette tout en réfléchissant à comment récupérer la situation. Ils n'allaient quand même pas se faire la tête dès le premier soir et surtout pas par sa faute. Alors elle se lança.

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous blesser. Dit-elle en relevant son regard en direction de son partenaire, avec une pointe de tristesse.
Elle fit une pause, attendant qu'il daigne la regarder, son rythme cardiaque s'accéléra.

Pascal mit un petit temps puis finit par relever la tête et plongea dans le regard de Florence. Son coeur battait encore plus fort. Elle se décida à continuer.

- Vous savez, c'est juste qu'il y a le boulot et vous vos rendez-vous qui nous occupent déjà bien. Et puis vous connaissez mes talents en cuisine, je vais vous faire perdre votre temps.

Elle vit soudain apparaître un sourire sur le visage de son capitaine.

- Du moment que je passe du temps avec vous, c'est tout ce qui m'importe !

Le coeur de Florence explosa et ses joues prirent un teint un peu plus rosé. Elle répondit timidement à son sourire. Il avait toujours les mots pour arranger les choses.

- Très bien ! Vous ne savez pas où vous vous engagez là !

- Oh si, je sais très bien ! Et je suis certain d'arriver à quelque chose avec vous... Vous doutez trop de vos capacités ! Fit-il avec un clin d'œil.

- Quand vous avez une idée en tête, Vous !

- Ohhh, là-dessus, je pense que vous n'êtes pas mal non plus !

Elle haussa les sourcils feintant d'être offusquée, puis rit de bon cœur, entraînant Pascal dans cette bonne humeur.

- Mmm... Vous n'avez pas tout à fait tort.

Ils finirent tranquillement leur repas, discutant de choses et d'autres.

Après avoir débarrassé la table, Florence proposa une tisane à Pascal. Il sourit.

- Qu'est-ce qu'il y a ? C'est un peu trop "vieux jeu" pour vous peut-être ?

- Non non ! C'est juste que....

- Oui ?

- C'est juste que je vous imagine bien avec votre tisane, un plaid sur les genoux et... le chat qui va avec !

- Ah ah ah ! Et ben, j'aime bien. Il ne me manque plus que le chat !

Pascal sourit.

- Alors, vous en voulez une ?

- Ça dépend... vous avez un plaid pour moi ?

- Pfff ! Fit Florence en secouant la tête. Allez donc vous installer sur le canapé.

Pascal partit en direction du salon en riant.

Florence le regarda s'éloigner, affichant sur son visage un sourire apaisé. Elle se retourna vers sa cusine et sortit alors deux mugs, ainsi que son coffret à tisanes qu'elle déposa sur un plateau. Puis elle remplit la bouilloire et enclencha la mise en chauffe.
Pascal s'était donc tranquillement installé sur le canapé et l'observait faire ses petits va-et-vient.
Florence sentait son regard posé sur elle et son sourire s'élargit encore plus. Elle attendit patiemment que l'eau chauffe.
Ce fut le bruit de la bouilloire, l'avertissant que c'était prêt, qui la sortit de ce doux moment. Elle remplit alors les mugs puis emporta le plateau jusqu'à la table basse du salon.
Ce n'est qu'après avoir déposé le plateau que Florence se rendit compte que quelque chose n'allait pas. En effet, malgré ce qu'il voulait bien faire croire, Pascal avait le visage crispé, la douleur se réveillait. Tout ce temps passé en si bonne compagnie lui avait fait oublier de prendre ses médicaments.
Florence s'accroupit face à lui et posa ses mains sur ses genoux. Elle le fixa, cherchant à lire dans son regard.

- Ça va pas Pascal ? Vous avez mal ?

- Oui, j'ai oublié de prendre mon anti-douleur pendant le repas !

- Dites-moi où sont vos médicaments, je vais aller les chercher.

- Non, je vais y aller. Dit-il en tentant de se mettre debout.

C'était sans compter sur Florence.

- Pas question ! Vous, vous ne bougez pas !... De service ou pas, c'est un ordre, Capitaine !

Pascal n'opposa aucune résistance, la douleur était trop vive. Il se cala alors dans les coussins du canapé.

- Alors ? Ils sont où ?

- Sur ma table de nuit... enfin la vôtre... enfin bref vous avez compris !

Florence lui sourit, ce qui eut comme effet instantané d'apaiser un peu sa douleur. Elle se releva enfin et alla chercher ses médicaments.

A peine le temps d'arriver à sa chambre, actuellement celle de Pascal, de chercher la boîte de médicaments qu'un bruit sourd, suivi d'un cri lui parvinrent jusqu'aux oreilles. Elle attrapa rapidement la pochette de médicaments et se précipita vers le salon.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant