Chapitre 15

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Florence chargea les affaires dans le coffre, alors que Pascal prit place du côté passager. Il attrapa la ceinture de sa main droite mais n’arrivait pas à la clipser. Florence, sans un mot, attrapa la ceinture, se pencha au-dessus de Pascal et clipsa la ceinture. Au moment de reculer, son regard fut happé par celui de Pascal. Elle resta comme paralysée quelques secondes, son coeur se mit à battre plus rapidement, tout comme celui de Pascal.

Elle se détacha finalement de son regard, puis recula tout en affichant un léger sourire gêné. Elle ferma la portière, fit le tour de la voiture tout en soufflant pour tenter de ralentir les battements de son coeur, puis prit place derrière le volant.

La route de l’hôpital à chez Pascal se fit dans un silence plutôt décontracté, seul un léger fond musical les accompagnait et rendait ce trajet agréable. Malgré l'appréhension de se retrouver rien que tous les deux, ils étaient heureux d'enfin quitter l'hôpital, encore plus pour Pascal qui n'en pouvait plus de tourner en rond.
Florence, quant à elle, allait enfin pouvoir abandonner cette routine quotidienne entre le commissariat, l'hôpital et son lit car il faut dire que ces dernières semaines, elle n'avait pas vraiment eu le temps de profiter de sa maison. Elle essayait d'aller tôt au commissariat pour pouvoir rejoindre Pascal en fin d'après-midi, elle passait ensuite la soirée avec lui et ne rentrait chez elle que pour se laver et dormir. Il était temps de retrouver un rythme plus familier, bien que le fait que Pascal allait être là, n'avait rien de familier mais cela ne lui déplaisait pas. Elle espérait juste que cette situation un peu particulière n'allait pas trop bousculer leur relation dans le mauvais sens, à savoir ne plus pouvoir se supporter.

Florence se gara devant chez Pascal, elle coupa le contact, se détacha et déclipsa la ceinture de Pascal.

- Et voilà Capitaine ! Vous êtes chez vous. Je dois faire des courses si on veut avoir quelque chose à manger, en attendant je vous laisse préparer vos affaires et je reviens vous chercher après ? Ça vous va ?

- Non !

Florence, étonnée, fronça les sourcils.

- Enfin, j'veux dire... je préfèrerai que vous restiez avec moi. Si jamais il m'arrivait quelque chose... on ne sait jamais ! Reprit-il pour se justifier.

- On ne sait jamais, oui ! Vous avez raison.

Elle afficha un sourire rassurant.

- Et puis, il faut mieux que je vienne avec vous si on ne veut pas manger que du surgelé ! Fit-il en sortant de la voiture.

- Heeeey ! Je ne mange pas que du surgelé... j'achète aussi des plats chez le traiteur !

- C'est bien ce que je dis ! Dit-il en se penchant dans la voiture, affichant un sourire moqueur. Bon, vous venez ?

- J'arrive ! Répondit-elle faussement vexée.

Elle descendit de la voiture et rejoignit Pascal qui se dirigeait déjà vers sa porte d'entrée.

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Pascal retrouva avec joie son intérieur. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il n'était pas venu ici, ce qui n'était pas totalement faux au vu des semaines qu'il avait passées à l'hôpital. 

Florence entra, déposa son sac sur la table et observa Pascal retrouver ses repères.

Après plusieurs minutes à arpenter cuisine et salon, il se tourna vers Florence.

- Faites comme chez vous ! Fit-il en lui montrant le canapé. Je me dépêche.

- Merci mais prenez votre temps, on n'est pas si pressés.

Pascal abandonna alors Florence pour filer vers sa chambre. Il prit une petite valise et y glissa quelques habits complémentaires en plus de ceux qu'il avait déjà dans la voiture de Florence. C’était quand même bien plus pratique qu’un sac, se dit-il en repensant à l’hôpital. Il récupéra aussi quelques affaires dans la salle de bain.

Florence, bien qu'ayant déjà fait quelques passages chez Pascal pendant son séjour à l'hôpital, n'avait jamais osé en faire le tour.
Elle observait donc avec détail chaque objet de la pièce, son regard s'arrêta sur tout un tas de photos accrochées sur un grand panneau coloré. Tout le monde y avait sa place, Evelyne et Audrey, des amis qu’elle ne connaissait pas, leur équipe au grand complet à différentes années, puis Jean-Paul, Nicky et des photos d'enfance.
Jules y était également. D'ailleurs, ils s'étaient bien trouvés ces deux-là et s'entendaient comme larrons en foire, parfois à ses dépens mais surtout pour son plus grand bonheur. Elle n'aurait pas pu imaginer que son fils ne s'entende pas avec... avec qui d'ailleurs, elle n'était pas sûre de savoir où ils en étaient.
Elle secoua la tête pour se sortir ces idées de la tête et reprit le tour des photos jusqu'à tomber sur des photos avec elle, juste eux deux. Son coeur se serra en voyant son regard posé sur elle. Il y avait deux photos, la première prise à son anniversaire surprise et l'autre environ deux ans plus tard au mariage de Sissi et Batelier. Il s'en était passé des choses entre ces deux photos et aussi entre eux, mais le regard de Pascal n'avait pas changé, il était toujours aussi brillant et protecteur. Il n'avait jamais cessé d'être là pour elle malgré les barrières qu'elle avait essayé de mettre entre eux. Encore aujourd'hui, elle retrouvait ce même regard qui la faisait fondre.
Certes, à ce moment précis, après tout ce qui venait encore de leur arriver, elle ne savait plus où ils en étaient mais elle était certaine que c'était plus que de l'amitié. Entre l'attitude de Pascal envers elle et son coeur qui s'envolait au moindre de ses faits et gestes, aucun doute n'était possible, encore fallait-il mettre des mots sur ce lien si spécial qui les unissait. Mais là, c'était une toute autre paire de manches, ni l'un, ni l'autre n'étaient doués pour cela et il leur faudrait sûrement trouver autre chose pour faire évoluer leur relation.

Du bruit provenant de la chambre la sortit de ses pensées.

- Pascal ?... Pascal, tout va bien ?... Pascal, vous m'entendez ?

Ne recevant toujours aucune réponse de son capitaine, Florence se décida à le rejoindre dans sa chambre.
Elle se posta à l’embrasure de la porte et aperçut une boite au sol, boite qui avait dû provoquer le bruit qui l'avait surprise.
Son regard tomba ensuite sur Pascal qui était en train de se changer. Torse-nu, il cherchait un haut dans son armoire. Elle croisa les bras, s'appuya au montant de la porte et observa en silence le dos musclé de son capitaine.
Comment un homme comme lui pouvait-il toujours être célibataire ? Puis elle se rendit compte de la bêtise de sa question... Principalement à cause d'elle sûrement.
C'est alors qu'il se retourna et tomba dans le regard gêné d'être prise en flagrant délit de Florence. Elle se redressa.

- Excusez-moi... je ne voulais pas... Fit-elle en baissant le regard. Ses joues prirent un ton un peu plus rosé. J'ai entendu du bruit, j'ai cru que...

Elle releva les yeux et tomba directement dans le regard de Pascal, qui affichait un sourire malicieux. Il s'approcha, tenant une chemisette à la main et s'arrêta face à Florence.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant