Chapitre 29

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Un filet de lumière perçait sous la porte de chambre de Florence mais aucun bruit n'était perceptible.

Plusieurs minutes s'écoulèrent sans que Pascal ne puisse bouger, comme paralysé, la petite boite au creux de sa main. A plusieurs reprises, sa main libre avait tenté une approche pour toquer à la porte mais le geste s'était arrêté net à quelques millimètres du bois à chaque tentative.

De son côté, Florence, après avoir rapidement, peut-être un peu trop, pris congé de son invité, s'était changée et avait attendu d'entendre la porte de Pascal se refermer pour, à son tour, utiliser la salle de bain. De retour dans sa chambre, elle s'assit sur le bord de son lit, ferma les yeux et inspira profondément. Cette soirée avait été tellement merveilleuse que de penser que c'était fini, la mélancolie avait pris le dessus lorsqu'il fut temps de se dire bonsoir, c'était la raison pour laquelle elle avait écourté ce moment.
Elle se ressaisit, s'allongea et éteignit sa lampe de chevet.

Le filet de lumière disparut sous la porte, Pascal avait manqué l'occasion et il était hors de question de la déranger maintenant. Il essaierait de trouver un autre moment. Il se décida à faire demi-tour et regagna sa chambre. Il posa la petite boîte sur la table de chevet, puis s'allongea sur le dos. Son regard se posa sur un point imaginaire du plafond et son esprit commença à s'évader dans de mystérieux souvenirs. Il ferma enfin les yeux et éteignit la lumière.

La nuit allait être longue pour ces deux âmes qui se cherchaient sans vraiment se trouver... du moins pour le moment.

Le lendemain matin, lorsque le réveil de Pascal sonna, sa main partit à tâtons chercher l'objet de malheur qui osait le réveiller alors qu'il avait l'impression qu'il venait à peine de s'endormir. Il attrapa enfin son téléphone, coupa la sonnerie pour ne pas non plus réveiller Florence et regarda l'heure qu'il affichait. Six heures tapantes ! "Et merde" se dit-il en constatant qu'il était bien l'heure prévue pour son réveil. Il se redressa alors difficilement, s'étira longuement tout en baillant puis s'assit sur le bord de son lit, histoire de prendre un instant avant d'entamer cette nouvelle journée. Il finit par se lever et s'habilla en silence.

Avant d'aller prendre son petit déjeuner, il contempla une dernière fois cette chambre qui l'avait accueilli tout au long de son rétablissement, il imprima dans sa mémoire chaque détail qui lui rappellerait son hôte quand il en aurait besoin. Florence avait vraiment tout fait pour qu'il se sente à l'aise et il lui en serait reconnaissant toute sa vie, comme il pouvait déjà l'être pour tous les moments passés où elle avait été là pour lui.
Alors qu'il allait sortir de la chambre, il fit demi-tour jusqu'à la table de chevet et remit le précieux coffret dans sa poche. En pénétrant dans le couloir, il fut surpris d'apercevoir de la lumière provenant de la cuisine. Était-il possible qu'il ait oublié d'éteindre la veille ? Non, l'un ou l'autre s'en serait aperçu en faisant leurs aller-retours. Il n'y avait qu'une possibilité...

Au fur et à mesure qu'il avançait à pas de velours vers la cuisine, il percevait des bruits de couverts, les odeurs de café et de pain grillé commençaient à lui chatouiller les narines. Quand enfin il se posta dans l'encadrement de la porte, il put observer Florence s'activer pour préparer un fastueux petit-déjeuner, il se demandait même si elle s'était couchée. Il se décida enfin à lui faire part de sa présence en se raclant la gorge. Florence se retourna et afficha un immense sourire.

- Bonjour Capitaine ! Bien dormi ?

- Bonjour Commissaire ! Heu... non, pas vraiment ! Et vous ? Vous avez dormi ou vous avez passé la nuit à préparer tout ça ? Demanda-t-il en avançant vers elle.

Elle rit de sa remarque.

- Oui, bien sûr, j'ai passé la nuit à préparer votre petit-déjeuner... Non, j'avais passé commande à mon boulanger qui m'a gentillement livré tôt ce matin. Je vous devais bien ça avant votre retour chez vous.

- Merci Florence ! Je suis touché. Dit-il en se noyant dans son regard. Et alors, et vous, bien dormi ?

- Ce n'est pas la meilleure nuit que j'ai passée mais ça va le faire ! Bon, on déjeune ?

- On déjeune ! Reprit Pascal. Mais vous n'étiez pas obligée de vous lever si tôt. Je ne voulais pas...

- De toute façon, je ne dormais pas. Fit-elle en le coupant. Et puis, j'avais envie de passer ce dernier matin avec vous. Termina-t-elle, sentant son ventre se tordre.

- Je ne vous l'aurais pas demandé mais je suis heureux qu'on déjeune ensemble.

Leur échange de sourires attesta de leur plaisir à se retrouver une nouvelle fois en tête à tête.

Ils s'installèrent à nouveau face à face comme la veille et déjeunèrent tranquillement, un peu plus en silence que le soir passé, tout en regards et en sourires. Ils discutèrent du déroulement de leur matinée. Puis Florence débarrassa la table, ordonnant à Pascal de finir de se préparer, il n'osa pas la contredire et fila à la salle de bain.

Alors que Florence jetait un œil à ses sms, une silhouette apparut à l'entrée du salon, une valise à la main. Florence releva la tête et adressa un sourire amical à son invité qui s'apprêtait à quitter le navire. Malgré son coeur qui se serrait, elle tenta de ne rien laisser paraître, sachant qu'ils allaient se retrouver peu de temps après.

- Ça y est ! C'est le départ ! Vous n'avez rien oublié ?

- Heuuu... Oui... Oui.... et non, enfin je ne crois pas ! Fit-il un petit sourire moqueur.

Florence sourit de plus bel, un brin gênée.

- Oui, questions bêtes !

- Mais non ! Je vous taquine. Bon, je vais mettre mes affaires dans la voiture.

- OK, je vous attends ici.

Pascal chargea sa voiture qu'ils étaient allé chercher quelques jours plus tôt afin qu'il puisse repasser par chez lui avant sa reprise au boulot.
Florence l'attendait sur le pas de la porte d'entrée et ne le quittait pas des yeux. Même si elle savait qu'elle allait le retrouver au bureau pour toute la journée, elle savait aussi qu'une page se tournait. Ils avaient eu comme une parenthèse un peu hors du temps, où ils avaient été plus proches. Mais à la seconde où Pascal allait disparaître de sa vue, le cours des choses allait reprendre tel qu'ils l'avaient quitté avant l'accident. Elle avait un peu peur que leur prochain rendez-vous ne rate aussi comme avaient pu l'être ceux d'avant. Et pour graver ces semaines passées dans sa mémoire, elle s'imprégna de son image en gardant son regard bien fixé sur lui.

Il revint vers le chalet, tombant dans ses yeux légèrement humides. Il comprenait mais essaya de garder le plus grand sourire possible.

- Allez ! Je passe par la maison et je vous retrouve au bureau vers 8 heures ?

- 8 heures pétantes, Capitaine ! Pas de retard dès le premier jour ! Tenta-t-elle faussement sérieuse.

- A vos ordres Commissaire !

Leurs rires éclatèrent d'un même son, ce qui détendit un peu l'atmosphère.

- Non, prenez votre temps. On vous attendra.

- Merci Florence. Bon, à tout à l'heure alors !

- Oui, à tout à l'heure Pascal !

Un dernier sourire, Pascal glissa sa main gauche dans sa poche, hésitant, puis repartit en direction de sa voiture. Arrivé à côté, il se tourna une dernière fois vers Florence, lui fit un signe de la main auquel elle répondit d'un même geste, puis se retourna vers sa voiture et entrouvrit la portière. Il marqua alors un arrêt de quelques secondes avant de refermer cette dernière. Florence s'interrogea, fronça des sourcils et commença à s'inquiéter lorsqu'elle le vit faire demi-tour pour reprendre le chemin en direction du chalet.

Pascal avança d'un pas hésitant mais lorsque son regard tomba dans celui de Florence, il ne le lâcha plus jusqu'à ce qu'il arrive face à elle.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant