Chapitre 11

872 35 11
                                    

Florence entra dans la chambre puis referma la porte derrière elle. Elle constata avec une pointe de regret que rien n'avait changé mais au moins il n'avait pas profité de son absence pour se réveiller sans elle.

Elle s'approcha du lit, regarda avec tendresse ce visage endormi, serra sa main dans la sienne et caressa sa joue de son autre main, avec un petit sourire triste. Elle commençait à trouver le temps long sans son capitaine ou plutôt sans Pascal. Ce n'était pas vraiment son collègue qui lui manquait à ce moment précis mais juste Lui, son regard, son sourire. Elle n'en pouvait plus de ne rien pouvoir faire, parler lui semblait si futile, elle se sentait inutile. Pourquoi ne se réveillait-il pas ?

- J'ai besoin de vous... Chuchota-t-elle, le coeur gros. Je me sens si perdue sans vous. J'ai l'impression que je vous parle ne sert à rien.

Elle se pencha au-dessus de lui, la gorge nouée, les yeux pleins de larmes, puis s'approcha un peu plus.

- Réveille-toi ! Murmura-t-elle dans un sanglot. ... Ou fais-moi un signe... que je sache que je ne fais pas tout ça pour rien !

Ce fut comme une décharge dans le corps de Pascal, elle ne l'avait jamais tutoyé, il sentit la tristesse l'envahir. Il devait réagir et vite.

Florence hésita un instant puis déposa un baiser sur ses lèvres. Des larmes glissèrent sur sa joue jusqu'à ses lèvres et tombèrent sur celles de Pascal.

Il sentit la chaleur de son baiser mélangée au goût salé de ses larmes, un frisson le parcourut de part en part. Elle ne devait pas craquer et devait garder espoir. Elle devait lui faire confiance encore une fois et croire qu'il faisait tout pour se réveiller.

Elle se détacha de ses lèvres avec regret et l'observa quelques secondes avec tristesse. Elle posa son front contre le sien et ferma les yeux.

- Je suis désolée... tout ça c'est de ma faute !

Me lâche pas Florence, pas maintenant ! Moi aussi j'ai besoin de toi...
C'est pas de votre faute, je voulais vous protéger et j'ai réussi. C'est le plus important pour moi.
Continuez à me parler, j'aime tellement entendre le son de votre voix et j'en ai besoin pour me sentir encore vivant. J'aime quand vous repensez au passé... à notre passé !
Je suis là Florence...

Elle sentit ses doigts se resserrer autour des siens. Son coeur se serra et une lueur d'espoir rejaillit dans ses yeux. C'était un signe qu'il l'entendait. Elle devait se battre pour lui et y croire de toutes ses forces. Elle balaya d'un revers de main les larmes qui avaient envahi ses joues.

Elle sourit. Même dans le coma, il arrivait à lui faire passer des messages. Elle avait compris depuis longtemps qu'un lien invisible les unissait quoi qu'il se passe et encore une fois, elle le sentait. Pascal était bien là, avec elle, coincé dans ce corps inerte mais bien présent quand même. Elle caressa sa joue et embrassa sa main qu'elle tenait fermement. Elle ne voulait plus le lâcher, le moindre mouvement était un signe supplémentaire d'espoir et elle ne voulait en manquer aucun.

- Je suis là, je ne vous lâche pas mais il va vraiment falloir vous réveiller, je n'ai pas un nombre infini de souvenirs Capitaine... mais dès votre retour parmi nous, je suis prête à en construire plein d'autres avec vous ! Chuchota-t-elle.

Mais quand vous voulez Florence ! Moi aussi je suis prêt et depuis longtemps mais , j'ai un léger problème. Promis, dès que je trouve le moyen de sortir de ce fichu coma, je fonce ! J'espère juste que ça ne prendra pas des plombes !

Elle se rassit près du lit et resta silencieuse quelques minutes. Elle avait besoin de puiser auprès de lui un peu d'énergie.

C'est alors que quelqu'un frappa doucement à la porte. Florence se tourna sans rien dire et aperçut Jules. Elle lui fit signe de rentrer.

C'est qui ? Allez, Florence ! Dites-moi...

Jules déposa quelques affaires puis s'approcha de sa mère. Il l'enlaça et déposa un baiser sur son front.

- Bonjour mon chat ! Je suis contente de te voir. Dit-elle en lâchant la main de Pascal pour se lever.

Ah c'est Jules. Salut mon pote ! ... Pfff ras-le-bol de parler tout seul ! Rala-t-il.

Florence prit Jules dans ses bras et souffla de soulagement. Elle pouvait enfin se reposer un peu sur les épaules de quelqu'un et son fils était sûrement le mieux placé. Ils se séparèrent, Florence reprit place auprès de Pascal tandis que Jules rapprocha une chaise près de sa mère. Instinctivement, Florence reposa sa main sur celle de Pascal.

- Alors ? Comment va Pascal ?

- Il est toujours dans le coma. De temps en temps, il a des sursauts mais l'infirmière m'a dit que ça pouvait être long avant qu'il ne se réveille et qu'il aurait régulièrement des mouvements comme ceux-là.

Elle se retourna vers Pascal et la tristesse regagna son regard.

- J'ai l'impression que cela fait une éternité qu'il est dans cet état. C'est dur de se sentir inutile...

- T'es pas inutile ma petite maman. Pascal a besoin de te sentir auprès de lui, je suis certain qu'il fait tout ce qu'il peut pour se réveiller. Allez, il est costaud ton capitaine, il va s'en sortir.

Il lui caressa le bras pour la réconforter. Elle regarda son fils et afficha un sourire de remerciement.

Heureusement que t'es là pour soutenir ta mère... si seulement j'étais là !

- Bon ! Qu'est que tu dirais de manger un morceau ?

- Je peux pas le laisser... s'il se réveille et que je ne suis pas là !

- Je te propose d'aller nous chercher deux sandwichs à la cafet, histoire de te dégourdir un peu les jambes et de t'aérer la tête. Promis je reste avec Pascal et je t'appelle au moindre petit mouvement d'un seul de ses doigts !

- ....

- Alors ? Ça te va comme proposition ? En plus, ça me permettra de bavarder un peu avec lui... d'homme à homme ! J'ai deux, trois choses à lui dire !

- Ah bon ? Quoi ?

- C'est entre lui et moi ! Alors, tu y vas ?

- Pffff.... Bon, d'accord ! Mais au moindre geste...

- Promis, je t'appelle immédiatement ! Ce sera un jambon/fromage pour moi !

Moi aussi ça me tenterai bien un sandwich... Non ? Bon, tant pis.

- D'accord, j'y vais.

Elle se leva puis s'approcha de Pascal.

- Je vous laisse avec Jules mais je reviens vite. Promettez-moi de m'attendre pour vous réveiller... Chuchota-t-elle.

Elle l'embrassa sur le front, lâcha sa main et sortit de la chambre, non sans un dernier regard vers Pascal avant de refermer la porte derrière elle.

Jules se déplaça sur la chaise qu'occupait sa mère juste avant et posa sa main sur le bras de Pascal.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant