Chapitre 26

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Florence se libéra des bras de Pascal un peu brusquement et recula d'un pas, le fixant d'un air perplexe.

- Quoi ? Comment... qui vous a parlé de ça ?

- Bah c'est vous... à l'hôpital !

- Alors vous m'entendiez ? Demanda-t-elle surprise.

- Ohh oui ! Mais pas vous et c'est pas faute d'avoir essayé.

- Et vous vous souvenez de tout ?

- Tout, je ne sais pas mais on a pas mal discuté Vous et moi. Je n'étais pas toujours d'accord d'ailleurs, mais bon...

Florence s'assit sur l'accoudoir du canapé, elle baissa les yeux et se mit à remonter le fil du temps. Elle devait essayer de se souvenir de ce qu'elle avait dit... de ce qu'elle avait fait.
Les images lui revenaient en mémoire comme des flashs et son coeur se serrait de plus en plus. Elle s'entendait lui lister leurs dernières années ensemble, tous ces moments parfois intimes, qui avaient fini par lui faire avouer quelques-uns de ses sentiments.
L'angoisse que Pascal l'ait entendue à ce moment-là fit monter la panique qui commençait à la gagner.
Puis elle se revit aussi être très tactile avec lui, jusqu'à revoir ce baiser qu'elle avait osé lui donner dans ce moment de fort désespoir. Et là c'était comme si son cœur s'arrêta de battre.
Elle n'avait jamais été aussi sincère avec lui que pendant qu'il était dans le coma. La peur de le perdre à jamais lui avait fait ouvrir son coeur si grand qu'elle en frissonna à nouveau. Mais maintenant qu'il était là, bien en vie, bien réveillé face à elle, elle n'était plus capable du moindre aveu comme si une force invisible l'empêchait de parler sentiments avec lui.
Elle ne savait pas ce dont il se souvenait et ne savait pas vraiment comment gérer la situation alors elle décida de ne pas trop s'avancer.

Pascal s'étonna de son revirement de comportement, mais en fait pas tant que ça. Il avait touché un point sensible et même si cela allait peut-être la faire réagir en mode défensif, il se devait d'y aller.

- Alors ?

Florence sortit de ses pensées et le regarda de nouveau avec un peu d'appréhension dans le regard mais tenta tout de même de le cacher en prenant sa question avec légèreté.

- Alors quoi ?

- Bah ma mère ! Elle vous a vraiment demandé de ne pas m'approcher ?

Il y allait à tâtons pour le moment.

- Ah ! Heu oui. C'était au tout début où je suis arrivée, lors de l'enquête sur la mort d'une des éducatrices de Jules. Quand votre mère a vu que vous commenciez à prendre ma défense et à être de mon côté, elle s'est inquiétée pour vous, j'imagine. Elle m'a dit, je cite "Je vous interdis de toucher à mon fils !" Fit-elle avec la même intonation qu'Evelyne à l'époque. Je la revois encore. Dit Florence avec un sourire nostalgique sur les lèvres.

Son regard s'égara dans ses souvenirs.

Pascal sourit également, il imaginait tout à fait la scène entre Florence et sa mère.

- Et elle ne connaissait pas encore votre... force de caractère ! Que lui avez-vous répondu ?

Florence releva la tête et replongea dans ses billes noisettes, une boule au ventre. Ils restèrent à se regarder pendant plusieurs secondes, Pascal attendant une éventuelle réponse de Florence et Florence se demandant si elle devait jouer la sincérité au risque de s'aventurer sur un sujet délicat, ou rester sur un ton léger et ne pas lui tendre la perche sur ce sujet délicat...

Alors Florence se releva, en n'ayant pas quitté son regard, et afficha un petit sourire malin.

- Je lui ai répondu que... qu'elle n'aurait pas dû me dire ça parce qu'en général, si on m'interdit de faire quelquechose, je fais tout le contraire...

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant