Chapitre 17

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Florence sortit de la voiture, fila ouvrir sa porte d’entrée puis revint chercher les courses. Pascal l’aida de sa main disponible, il enfila son sac sur l’épaule et attrapa un des sacs de course. Ils déchargèrent tous les deux tranquillement la voiture, faisant quelques aller-retours et échangeant quelques regards au détour.
Une fois les courses entreposées dans la cuisine, Florence prit la valise de Pascal et l’accompagna jusqu'à sa chambre. Elle avait décidé de lui prêter la sienne, plus spacieuse que celle de Jules. Lorsqu’ils y pénétrèrent, Pascal s’arrêta dans l’encadrement de la porte. Florence sentit son hésitation.

- Ça va pas Pascal ?

- Heu... si si mais c’est votre chambre ?

- Oui, vous serez plus à l’aise. Je vais prendre celle de Jules.

- Ah non ! C’est déjà gentil de votre part de m’accueillir, je ne vais pas en plus vous piquer votre chambre !

- Mais vous ne ”piquez” pas ma chambre, je vous la laisse avec plaisir. Et c’est un ordre Capitaine !

- Désolé, je ne suis pas en service... je suis en arrêt de travail !

- Oui mais vous êtes chez moi et je décide encore de qui dort où !

- Vous avez vraiment un sacré caractère vous !

- Oui et c’est ce que vous aimez chez moi ! Lança-t-elle sans réfléchir.

- Et encore plein d’autres choses... Répondit-il du tac au tac avec un petit air charmeur.

Florence resta sans voix, ses joues rosirent un peu, son regard se figea dans celui de Pascal et son coeur se mit à battre un peu plus vite, surprise de la tournure que prirent leurs échanges, en même temps, c’était elle qui avait lancé les hostilités.
Le temps sembla suspendu pendant quelques secondes puis reprit son cours lorsque Florence lâcha le regard de Pascal de peur de ne plus pouvoir s’en passer.
Elle se retourna et alla déposer la valise près du lit, laissant échapper un petit soupir soulagement.

Pascal se décida à entrer dans la chambre, il avança jusqu'au lit, déposa son sac à côté de la valise puis fila vers la baie qui donnait sur les montagnes.

- Vous avez vraiment une vue magnifique !

Florence s’approcha et se plaça, bras croisés, juste à côté de Pascal, le regard également porté sur le paysage qui s’offrait à eux. Et alors que leurs épaules se frolaient, aucun des deux ne fit de mouvement.

- C’est vrai que j’ai de la chance et je ne pourrais plus m’en passer.

- Ah c’est sûr que ce n’est pas la même vue qu’à Paris ! Dit-il taquin.

Florence le regarda du coin de l’oeil, un sourire amusé sur les lèvres.

- J’sais pas, j’ai oublié !

- Tant mieux ! Répondit-il réconforté.

Leurs regards replongèrent vers l’horizon, affichant un large sourire.
Après quelques minutes silencieuses et sereines, Florence brisa le silence.

- Je vous laisse vous installer. Prenez votre temps, j’ai quelques papiers à faire. Dit-elle en s’éloignant.

- C’est quoi comme affaire ? Tenta-t-il.

Florence s’arrêta net dans son élan, puis après quelques secondes fit volte-face, le regardant droit dans les yeux en recroisant les bras. Elle se rapprocha pour lui faire face.

- Alors Pascal, écoutez moi bien, répondit-elle en décroisant les bras et en pointant son index sur sa poitrine. Vous êtes là pour vous reposer et vous remettre sur pied donc il est hors de question que je vous parle des affaires en cours. C’est bien compris ?

- Ouh là ! Fit-il en levant son seul bras valide comme pour se défendre. Je ne voudrais pas m’attirer les foudres de la commissaire ! Mais si jamais vous avez besoin d'un avis...

- N'y comptez même pas Capitaine ! Reprit-elle en lui assénant une petite tape sur le torse.

Pascal rit alors que Florence secoua la tête et leva les yeux au ciel. Lorsqu’il se calma, son regard plongea dans celui de Florence. Troublée, elle détourna le regard puis fila vers le salon sans un mot. Elle essayait de calmer les coups de tambours qui résonnaient en elle, abandonnant là son Capitaine, qui ne l’était plus pour le moment.

Pascal soupira, ces petits instants hors du temps lui rappelaient combien elle faisait battre son cœur mais il n’avait pas encore trouvé le moment opportun pour revenir sur tout ce qu’elle lui avait dit lorsqu’il était dans le coma. Il faudrait sûrement un peu de temps, tout dépendait également de leur cohabitation.

Pascal entreprit de défaire ses valises. Florence lui avait fait de la place dans son armoire, ce serait plus pratique surtout si son séjour ici devait durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Il faisait à son rythme, pas toujours facile avec un seul bras, et il devait aussi laisser du temps à Florence pour bosser un peu sur ses dossiers. C’est qu’il l’avait quelque peu accaparée ces derniers temps et bien que ce n’était pas pour lui déplaire, il devait la laisser travailler.

Florence, pendant ce temps, s’était tranquillement installée à la table du salon, une tasse de thé fumante d’un côté, divers dossiers éparpillés de l’autre et son ordinateur au centre. Malgré toute sa bonne volonté, elle avait du mal à se concentrer, la preuve en était, elle avait oublié d’allumer son ordinateur. Son esprit ne pouvait s’empêcher de repartir dans la pièce d’à côté où un certain capitaine de police se trouvait. Elle avait tellement mal vécu les jours où il était dans le coma qu’elle avait envie de profiter au maximum de sa présence éveillée. Elle secoua la tête pour faire sortir ces idées de sa tête et tenta de se reconcentrer sur ses dossiers.

Après une bonne heure de travail assidu, elle rangea toutes ses affaires dans un tiroir afin que Pascal ne soit pas tenté d’y jeter un œil puis se décida à aller voir où il en était dans son rangement. Il devait aussi avoir faim, son ventre à elle, en tout cas, réclamait famine.

- Pascal ? Pascal, vous avez faim ? Demanda-t-elle en finissant de mettre un peu d’ordre.

Mais aucune réponse n’arriva à ses oreilles.

D’abord un peu inquiète qu’il lui soit arrivé quelque chose, elle avança d’un pas rapide vers la chambre.

- Pascal !

Toujours aucune réponse mais elle fut vite rassurée. Elle s’arrêta quelques secondes dans l'encadrement de la porte et posa un regard attendri sur Pascal. Puis elle s’approcha doucement. Pascal avait fini par s’endormir. Elle remonta la couette jusqu'à ses épaules puis s’assit un instant près de lui sur le bord du lit.
Il faut dire qu’il avait eu une journée bien remplie par rapport à celles des dernières semaines, la sortie d’hôpital, le passage à son appart, les courses... avec tous ces jours de coma et de convalescence, il n’avait pas beaucoup bougé, son corps n’était plus habitué à autant d’activité.
Il semblait apaisé et reposé, être enfin dans un environnement plus intime devait lui faire du bien.

Elle hésita mais la tentation était grande et elle devait bien se l’avouer, cela lui manquait, alors elle osa poser délicatement sa main sur la joue de son capitaine et lui laissa une douce caresse. Son coeur était plus léger que les fois précédentes, au moins maintenant, il était juste endormi, plus question de coma. Elle l’observa respirer encore un instant puis quitta la chambre. Elle tira la porte et alla se changer. Elle passa un pyjama très rose mais tout à fait décent lorsqu’elle se retrouverait face à Pascal. Elle enfila par-dessus un long gilet blanc qui lui servait de robe de chambre et enfin ses pantoufles molletonnées. Elle était bien plus à l’aise comme ça.

La faim étant toujours présente mais n’ayant pas la volonté de grande cuisine, elle opta pour des œufs brouillés, un plat simple et à sa portée. Elle rejoignit donc sa cuisine, sereine.

Le cœur a ses raisons - Cassandre & Roche Où les histoires vivent. Découvrez maintenant