II. And now, what?

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5 Mars

Je me relève du sol, du sable plein les cheveux. Autour de moi, tout semble être un mirage. J'aperçois le corps d'un autre, ou du moins une partie.

- Pratt, Pratt, attends, ne bouge pas, ça ira. Promets je en m'approchant d'elle.

Je noue un garrot autour de son bras et l'aide à se redresser en regardant tout autour de moi.

- Et toi? Chuchote-t-elle.

Je fronce les sourcils puis baisse les yeux sur moi-même pour découvrir mes blessures.

- C'est rien. Assuré je en finissant de déchirer mon tee-shirt pour couvrir la fracture ouverte sur un de mes bras.

J'enlève les morceaux de la bombe qui se sont logés dans mon autre bras. Mon regard tombe sur notre supérieur, en train de bouger. Je me précipite vers lui et inspecte toutes ses blessures, bien plus importantes que les nôtres.

- Pratt, tu peux venir? Garde le éveillé. Ordonné je.

Quand de l'aide arrive enfin, je l'aide à se lever. On s'occupe de mes bras et je reste, absente, sans un mot.

14 Avril

Il est mort. Notre supérieur est mort. Après une trop longue agonie, il est mort. Pratt va toujours aussi bien, sa seule blessure guérit doucement. Mon bras coincé dans une attelle, je regarde encore et encore la même photo de mes enfants et leur père, tous en train de rire, au dernier anniversaire de ma fille, juste un an plus tôt.

- Elle est vraiment trop mignonne. Sourit Pratt. Et le petit aussi. Et leur père.

- Je sais, ils sont beaux, tous les trois. Soufflé je. Tu te rends compte, L. a 3 ans, aujourd'hui. Elle est tellement grande. Et Charlie! Il doit commencer à pas mal parler, maintenant. Ils me manquent, tu n'as pas idée.

Elle sourit et me serre la main.

20 Avril

Elle est morte. Pratt est morte. À son tour, d'un coup, sans prévenir, elle m'a laissée seule. Dans la nuit, alors que nous rentrons en France. Enfin, que je rentre. Toujours sans nouvelles, mon téléphone a fini en mille morceaux lors de l'explosion, et c'est sûrement pour le mieux. Le soir, je me retrouve seule dans le studio que je connais trop bien, celui où je suis restée de si longues heures, en revenant de mes déploiements. Et en regardant la pluie taper contre la fenêtre, je n'ai même pas la force de pleurer.

1er Mai

La porte sonne longtemps et me réveille. J'arrive à aller l'ouvrir et celle qui est derrière me repousse à l'intérieur.

- Qu'est-ce que tu fais là? Grimacé je avec la tête qui tourne, sans ne rien voir d'autres que des étoiles. Comment tu sais où je suis?

- Tu m'as donné l'adresse et le code de l'immeuble, il y a quelques années. Depuis quand est-ce que tu n'as pas mangé?

- Aucune idée. Zoé, Zoé, arrête, qu'est-ce que tu fous? Je n'ai pas faim. Et pourquoi tu n'es pas à Chicago?

- Tiens, mange ça, je ne veux pas t'amener à l'hôpital. Ordonne-t-elle avant de fouiller ma cuisine. Va te laver et t'habiller pendant que je te prépare un vrai repas. Ça aussi, ça doit faire des jours que tu ne l'as pas fait.

Quand je suis prête, elle me tend une assiette et m'oblige à manger.

- Je n'ai pas faim! Répété je, le peu de nourriture dans ma bouche me donnant déjà la nausée.

En amour comme à la guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant