Chapitre 11

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Elyo

— T'as encore gagné, je marmonne en posant les cartes.


Mon père m'offre un grand sourire. Je n'arrive jamais à gagner à son jeu de cartes. Il a inventé ses propres règles et je suis sûr que c'est une stratégie pour qu'il l'emporte à chaque fois que nous jouons. Mais ce n'est pas grave. J'aime partager ces moments avec lui. Je le regarde réfléchir quand il analyse ses cartes et je me demande si un jour, quand il partira, je me souviendrai de son visage, de la couleur de ses yeux, de la tâche noire qu'il a dans le blanc de l'œil. Quand j'étais petit, il m'expliquait que c'était un ange qui avait touché du bout des doigts son œil pour lui donner des supers pouvoirs de vision. J'y ai cru. Et j'y crois encore. Il a toujours eu cette qualité de prendre le temps de tout observer avant d'agir. Papa cerne très vite les gens. C'est quelque chose que j'admire chez lui.

— Un jour, je t'apprendrai comment gagner.

— Tu me dis ça depuis que j'ai huit ans !

Il éclate de rire en passant sa main sur mon épaule. Je souris légèrement ému. Ses mains rangent les cartes rapidement pour former un petit paquet sur la table de lit. Cette pièce ressemblait à une chambre d'hôpital mais mon père a décidé qu'il n'avait plus besoin de toutes ses machines. Alors, après de nombreuses disputes et des pleurs, je l'ai laissé faire ce qu'il voulait. Nous avons refait sa chambre avec un lit qui lui convient, moins de machines. Je lui ai offert un chevalet avec de la peinture. Il peint tous les jours depuis.
Il a toujours dit que les machines le maintenaient certes en vie mais l'épuisaient aussi. Papa souhaite partir sans que personne ne le retienne, il veut être soulagé et ne plus souffrir.

— Arrête Elyo... Ne pleure pas.

J'avale ma tristesse en acquiesçant. Je le prends dans mes bras en prenant le temps de sentir son odeur. Ses mains se posent sur mes joues. Les siennes sont abîmées comme les miennes car, il a toujours travaillé très dur pour subvenir à nos besoins avec Louise surtout depuis que maman a quitté le foyer familial.

— Je suis très fier de toi. Ne l'oublie jamais.

Je souris faiblement pendant que mon père s'installe dans son lit. Papa nous a toujours dit qu'il était fier de nous avec ma sœur. Il était hors de question pour lui de nous rabaisser. Il nous a toujours supporté et donné confiance en nous. Résultat, je suis peut-être un peu prétentieux. Mais on va dire que cela fait mon charme.
Je le borde doucement pour qu'il soit bien lors de sa sieste. Je l'embrasse sur le front puis je sors de la chambre.

***

Quelques heures plus tard, je suis sur le parking du gymnase. J'ai garé ma voiture à ma place habituelle. C'est bizarre car personne ne se met jamais dessus. Pourtant, rien n'est écrit le goudron. Mais c'est une habitude que j'ai prise. Elle est légèrement reculée par rapport à l'entrée parce que généralement avec Candice on venait plus tôt avant les entraînements pour se bécoter dans ma voiture. C'était le moyen d'avoir un peu d'intimité.
Quand je sors de mon véhicule après avoir refermé la portière, je me dirige vers mon coffre.

— Elyo ?

La voix de Candice résonne dans mon dos. Je lui souris, une fois retourné vers elle. Ses yeux me regardent avec douceur. Je fronce un peu les sourcils quand elle s'approche de moi.

— Je voulais te féliciter pour la compétition de la dernière fois, j'en ai pas eu l'occasion.

J'acquiesce silencieusement pour la remercier. Des frissons me parcourent au moment où le souvenir des applaudissements provenant des gradins me reviennet. C'était un moment qui m'a fait du bien.

Le saut des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant