Chapitre 30

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Elyo

Gabriel souffle à mes côtés quand nous nous retrouvons garés devant la maison du père de Clémence. Nous sommes tous les deux bien habillés, apprêtés comme si nous étions des chefs d'entreprises. Je ne souhaitais pas en faire plus. J'espère que nous ne serons pas ridicules.


Je tape l'épaule de mon meilleur ami avant d'être le premier à prendre mon courage et sortir de la voiture. Il me suit et on se dirige vers l'allée dessinée par des pierres parfaitement taillées dans la terre. Gabriel passe devant, remuant les doigts et lançant des regards vers les fenêtres de la maison.

Je le ressens, il n'est pas rassuré mais je dois avouer que cela me fait assez rire. Il fait la moue quand il se rend compte que je me moque quelques fois de lui.


La maison est magnifique et moderne. Les contrastes des murs blancs et certains endroits recouverts de bois la rendent accueillante. Je trouve cependant la grande porte d'entrée effrayante. Disons que cela met dans l'ambiance. C'est un adversaire de taille sur lequel nous voulons nous affronter. Mais ça fait quelques jours qu'on s'y prépare. Je lui ai dit que je serai là pour lui et que je l'encouragerais. Si le père de Clémence est raciste, peut-être qu'une personne blanche à ses côtés lui offrira des privilèges. C'est affreux dit comme ainsi mais je compte vraiment sur cette idée pour nous en sortir. Ce n'est évidemment pas comme ça qu'on lui changera son opinion mais un peu de réflexion ne lui fera normalement pas de mal.

— ­J'ai envie d'opérer un demi-tour, marmonne Gabriel, anxieux.

Je lève les yeux au ciel et mes mains s'écrasent sur son dos pour le pousser vers la sonnette.

— Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer.

— Mais il me déteste, grogne-t-il.

J'affiche un faux semblant d'agacement qui reconcentre immédiatement Gabriel sur son objectif. Mon meilleur ami pousse un soupir et presse son doigt sur la sonnette sans aucune hésitation.

Convaincre le père de Clémence.

Quand la porte s'ouvre, c'est sa belle dulcinée qui se dévoile. Ses yeux sont surpris par ce qu'elle voit, la jeune femme s'empresse de venir avec nous sur le palier en prenant soin de refermer derrière elle.

— Tu es trop stupide ! chuchote-t-elle, avant de poser délicatement ses lèvres sur les siennes.

Gabriel la serre dans ses bras et insiste pour prolonger le baiser. Il obtient rapidement ce qu'il veut ce qui fait que je me retrouve dans une position inconfortable mais je souris bêtement en voyant mon meilleur ami être heureux.

Je me souviens qu'il y a quelques années, on passait des nuits entières à parler de crushs et de comprendre leur comportement. Les casse-têtes que c'étaient pour trouver la bonne formulation dans nos messages pour ne pas se faire friendzoner. Aujourd'hui, nous sommes des grands adolescents qui possèdent un statut d'adulte et beaucoup plus de problèmes.

Parfois, j'aimerais retrouver cette innocence que j'avais, cette période de ma vie où je pensais que la gymnastique, mes amis et Candice seraient toute ma vie. Et que rien ne pourrait me dérouter de mes objectifs. J'étais persuadé que j'allais réussir.

Maintenant, je ne suis plus persuadé mais je fais tout pour. C'est bien la différence entre mon moi du passé et le présent. Elodie m'affirmait que la vie était faite d'embuches et que c'était normal. Je n'avais pas à faire la victime ou m'appuyer sur mon sort. D'un côté, heureusement qu'elle était là pour moi avec ce tempérament assez virulent. Ça m'a permis de me faire confiance.

Le saut des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant