Le saut des anges

Chapitre 42

Elyo

J'ai tellement la boule au ventre que j'ai songé à passer aux toilettes pour me faire vomir. Malheureusement pour moi, il y a des gymnastes et je ne peux pas prendre le risque de faire ça. Je suis assez décrédibilisé comme ça. Certains me saluent et me souhaitent bon courage alors que je suis empoigné à ce foutu lavabo. C'est le grand jour, la première partie de la compétition, elle est décisive car c'est grâce à elle que je suis supposé me qualifier pour la finale de demain. Je me fais confiance pour réussir mais il y a pleins de facteurs qui me font stresser. Les journalistes attrapent les gymnastes et leur posent des questions pour savoir comment ils se sentent. À l'époque j'aimais tellement faire ça, je me sentais aimé, je savais que j'avais ma place. Maintenant, ce n'est plus le cas, il faut que je prouve que je vais de nouveau tout déchirer.

Je passe rapidement de l'eau sur mon visage et j'en profite pour plaquer mes cheveux en arrière. Mon regard s'attarde sur une porte de toilette qui s'ouvre et qui donne sur mon plus grand adversaire. Tristan. Il s'approche d'une vasque tout en me regardant dans le miroir, le sourire aux lèvres. Comment Candice a pu me tromper avec cette merde ambulante ?

— Quelle surprise ! lance-t-il d'un ton sarcastique.

Je lui fais un simple signe de tête pendant qu'il passe ses mains sous l'eau. Du coin de l'œil, je sens qu'il dégage une confiance en lui presque étouffante. Il est plus musclé que moi et plus petit, ça peut faire la différence dans le milieu de la gymnastique.

— On essaie de se faire vomir mon grand ? Tu sais après avoir détruite ta vie sentimentale, je peux très bien détruire ta carrière.

Son rire résonne dans les toilettes. L'anxiété qui me consumait se transforme étrangement en un élan de détermination et de rage. Il quitte les toilettes me laissant seul face à mon reflet.

— Non, non, tu ne détruiras rien Tristan.

Je me retourne vers une porte de toilette ouverte, l'idée de me faire vomir est toujours au fond de ma tête. Elle est là et ne va pas me quitter. Mais je ne ferai pas ça aujourd'hui. Parce que je suis prêt à aller mieux.

Et détruire Tristan.

Lorsque je sors des vestiaires, je tombe directement sur Asha dans les couloirs avec son petit badge autour du cou qui signifie qu'elle peut rester près de moi durant la compétition. Ses yeux marrons pétillent d'impatience et elle attrape ma main. J'adore la voir dans les vêtements floqués au nom du club. S'il y a quelques mois on m'aurait dit que je serai de nouveau aussi gaga d'une femme et fou amoureux d'elle, je ne l'aurais pas cru.

— Tu vas tout déchirer !

Asha m'embrasse intensément et caresse mon dos. Je rigole tendrement quand je vois mon coach lève les yeux au ciel. Depuis hier, elle m'a prouvé qu'elle avait envie que ça évolue entre nous. Elle fournit des efforts sans que je lui en demande.

— Je t'aime, je soupire en embrassant son front.

— Je t'aime aussi, file les gars t'attendent !

Elle me pousse le sourire aux lèvres. J'aimerais entendre ses mots à chaque minute de ma vie, j'aime tellement Asha.

Je rejoins les garçons dans leur belle tenue de compétition. Ils ont l'air apaisé. Je les prends dans mes bras et je leur souhaite bonne chance. Parce que même si ce sont des épreuves individuelles, je n'arrêterai jamais de les encourager, ils sont ma deuxième famille. Le coach nous emmène face à un journaliste qui tient un micro sûrement pour nous poser quelques questions. Nous montons sur le plateau de l'interview qui se trouve au fond du gymnase.