Chapitre 34

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Elyo

Asha était partie.

La décision de ne pas être venu la voir pour son départ n'avait pas été comprise par mon entourage. Asha devait être d'accord avec moi et puis de toute façon ça aurait été bien trop douloureux de la voir s'en 'aller.

Je n'en suis absolument pas remis.

Tous les soirs pendant ma douche, je pleure. C'est la première fois que je ressens une tristesse partielle, assis, sous le pommeau de douche écoutant les musiques motivantes de mes entraînements pour camoufler à mes proches que je suis au bord du gouffre.

Je pense à elle avant de m'endormir.

Puis, je pleure de nouveau me laissant submergé par la fatigue. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour m'endormir. Rien que le fait de fermer les yeux et de m'allonger dans mon lit me fait penser à son sourire et son regard noir qu'elle m'adressait tellement et dont j'en interprétais des je t'aime.

Parfois, je me demande si elle est aussi dévastée que moi. D'un côté, je ne le veux pas car j'aimerais la voir heureuse, réussir et se relever. Je sais qu'elle y arrivera, c'est une battante.

Mais je ne sais absolument pas si je vais me relever.

***

Candice et moi étions dans une petite chambre d'hôpital car elle avait pris la décision de mettre un terme à la grossesse. Je lui ai proposé de l'accompagner car c'est ce qu'Asha aurait fait et je ne voulais pas qu'elle vive ça toute seule.

La belle blonde a une mine fatiguée, assise au bord du lit, elle tripote les médicaments dans ses mains qui vont mettre arrêter cette grossesse. Elle n'a rien dit depuis que le médecin est venu lui expliquer les conditions dans la chambre. Je l'ai sentie complètement sonnée et pas attentive, alors j'ai pris le temps de tout écouter afin qu'elle ne fasse pas n'importe quoi. Le docteur s'en est allé mais elle n'a toujours rien dit, la seule chose que j'aperçois c'est sa respiration de plus en plus profonde. Elle pose les médicaments sur le lit, attrape le coussin et le serre contre sa poitrine, les yeux fermés.

Elle s'effondre en larmes comme je le fais tous les soirs.

Je la rejoins sur le lit pour la prendre dans mes bras, elle enroule les siens autour de moi afin de poser sa tête contre mon torse. Mes doigts passent entre ses cheveux pendant que j'essaie de la rassurer.

— Je m'en fiche d'être une championne Elyo, déclare-t-elle la voix cassée. Je m'en fiche tellement...

Ses sanglots résonnent dans la pièce faisant vibrer les cordes sensibles qui permettent de tenir les morceaux brisés de mon cœur ensemble.

Je sais que Candice a toujours voulu faire plaisir à ses parents depuis qu'elle est jeune. Ils sont tellement absents que le peu de fois où elle les voit, elle a besoin de voir qu'ils sont fiers d'elle. Le seul moyen qu'elle ait trouvé, c'est la gymnastique et elle se tue dans ça. Elle gagne un peu d'amour et de reconnaissance de ses parents avec ses exploits, ça lui suffit.

Mais quand l'enjeu est aussi important, tout devient compliqué. Ce n'est pas le genre de décision qu'on prend à la fin d'un enchaînement savoir si on a assez de vitesse et de puissance pour rajouter une dernière acrobatie qui pourrait nous couter une blessure grave. Non.

Elle n'aime pas la gymnastique quand bien même qu'elle soit si talentueuse. Cette grossesse peut lui permettre d'être heureuse et elle le sait. Malgré notre son début de vingtaine, je suis persuadé qu'elle apprendrait très bien à être une bonne maman. Et je suis ferme dans ce que je lui ai dit, je serai là pour elle et ce bébé quoiqu'il arrive même s'il n'est pas de moi.

Le saut des angesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant