Montaine - 9

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« Ne pas être sexy sur une scène de rock'n roll, c'est un handicap. »

Michel Braudeau.

Plusieurs jours se sont écoulés et je désespère de trouver un job. D'accord, je pourrais positiver en me disant que ça ne fait pas longtemps que je suis au chômage, mais je déteste ce mot, il est tellement péjoratif aux yeux des gens !

Alors que moi, je ne suis pas le genre de fille à me reposer sur mes lauriers, je hais la routine et là, ma vie en deviens une. Cependant, à choisir, je préfère m'ennuyer que d'être ballottée par Clarisse dans je ne sais quelle galère.

Mais c'est sans compter sa détermination sans faille. Le soir même, cette dernière me donne enfin des nouvelles en m'indiquant que ces examens se sont bien déroulés. Elle enchaîne sur le fait qu'elle veuille retrouver les plaisirs de la vie d'étudiant en sortant tous les soirs qui suivront et comme à son habitude, elle compte m'embarquer dans ses mésaventures.

Je lui rétorque que je n'en ai guère envie, mais elle insiste, encore et toujours.

– Au moins pour un soir, fait-le pour moi !

– Clarisse, ce n'est pas parce que je ne travaille plus, que je reste cloîtrée H 24 sur mon canapé en skaï.

– Ah oui ? Et tu fais quoi alors ?

– Je cherche du boulot, je te rappelle ! Et les offres n'attendent pas. Je ne veux pas passer à côté d'une bonne affaire.

– À t'entendre, je dirais que tu passes plus ton temps sur les sites de shopping chinois que sur des sites de job.

– Dans ce cas, je t'invite à venir interroger l'historique de mon PC.

– Pas la peine, ce n'est pas fiable. Tu pourrais tricher.

– Tu as toujours réponse à tout, ma parole !

– Et ton bourreau des cœurs ? Qu'est-ce qu'il en ait ?

Mais qu'est-ce qu'elle raconte encore ?

– Je te demande pardon ?

– Ton Zack ! Tu sais, celui du groupe des Cheeky Boys ?

Comment aborder le sujet ? Rebondir sur un autre ? Faire croire à un problème de réseau téléphonique ? Raccrocher, purement et simplement ? J'hésite.

– Je t'entends cogiter, alors ne me mens surtout pas, intervient-elle interrompant mes plans.

– Je ne comprends toujours pas, soupiré-je, désabusée.

– Mais tu te fiches de moi ? s'égosille Clarisse, m'obligeant à éloigner le téléphone de mon oreille. Alors là, ma vieille, tu vas le sentir passer !

– C'est une menace ?

– Peut-être bien.

– Je n'ai pas peur de toi.

– Mais de lui, si. Alors je vais arranger ça. Tu as eu un ticket à l'After, je te rappelle ! Tu n'as même pas sauté sur l'occasion ?

– Clarisse, si tu fais quoi que ce soit, je...

– Je n'ai pas peur de toi, rétorque-t-elle, visiblement amusée.

– Ne me fais pas de coup foireux, tu sais que je n'aime pas ça et que je me braque.

– Bien sûr que non, minaude Clarisse, mais plus tard, tu me remercieras, tu verras.

– Je ne pense pas.

– On parie ?

Je souffle bruyamment. La connaissant, elle est capable à cet instant même de s'occuper de mon cas d'une manière dont je ne connais pas encore le secret.

– Demain soir, tu sors. C'est non négociable.

– Quoi ? Non ! Je ne peux pas.

– Pourquoi ça ?

– J'ai...

Je suis à court d'arguments. Purée, ce n'est pas le moment de défaillir !

– Donc tu es libre.

– Clarisse !

– Vingt heures demain soir devant ta porte. Sois à l'heure.

– Mais...

– Je te laisse, je suis arrivée à ma salle de sport. Biz !

Elle me raccroche au nez sans que je n'aie eu le temps de protester. Tant pis, demain, je ferais la morte. Qu'elle ne compte pas sur moi pour lui ouvrir, ce sera hors de question.

Je passe la soirée à traîner devant une série DC Comics jusqu'à ce que la fatigue me tenaille. Malheureusement, je passe une bonne partie de la nuit à me triturer les méninges à cause de Clarisse et de Zack, même si ce dernier n'y est pour rien en fin de compte.

Qu'est-ce qu'elle va encore me réserver demain soir ? Je croise les doigts pour que ce soit tranquille et pas trop stressant, je n'ai pas besoin de ça en ce moment. Mon référent de Pôle emploi le fait déjà très bien.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant