Montaine - 20

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« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde »

Oscar Wilde

J'avoue être un peu désarçonnée face à ce revirement de situation. Zack veut enfin apprendre à connaître la personne que je suis et non pas seulement profiter de mon corps. Car c'est tout ce qu'il attendais jusqu'ici. À moins que ce ne soit là que des paroles pour me faire plonger dans son piège avec un peu plus de facilité.

D'un côté, j'ai l'impression que le coup de file de sa tante a changé quelque chose chez lui. Mais peut-être que je me fais des idées. Aprés tout, en quoi un simple appel peut modifier le comportement naturel d'une personne ?

Je réponds donc positivement à sa proposition.

– Montaine, je me nomme Montaine.

– Enchanté, Montaine, moi, c'est Zack, Zack Tova, dit-il en déposant un baiser sur ma main qu'il attire vers lui.

Un peu gênée par ce geste, je souris timidement et ramène mon bras à moi, cachant mes deux mains entre mes cuisses croisées.

— Je te mets mal à l'aise ? me demande Zack, inquiet.

— Non. Enfin si. En fait c'est juste que je n'ai pas l'habitude de tout ça.

— Que veux-tu dire ?

— Je sais bien que tu veux me séduire en utilisant une façon moins rentre-dedans. Cela dit, me retrouver dans cette situation m'intimide beaucoup. C'est... bizarre pour moi.

— Personne ne t'a jamais fait la coure ?

Je secoue négativement la tête tout en baissant les yeux sur mes cuisses, me refermant petit à petit dans une bulle de protection.

Ce n'est pas que je ne sais pas ce que je veux, mais je n'ai guère confiance en moi et en mes atouts de pouvoir attirer un homme.

Ce dernier redresse ma tête, ses doigts docilement posés sous mon menton.

— Ne te pose pas de question, Montaine. Plus tu le feras, plus tu hésiteras.

— C'est si facile à dire.

— Je sais, mais je peux te dire que je comprends ce que tu ressens. Ces milles et une questions que tu te posent et se percutent dans ta petite tête ont aussi prit possession de moi un temps.

— Vraiment ? réponds-je étonnée par cette confession.

— Oui. J'étais un adolescent renfermé et peu compris. Mes parents ne cherchaient pas plus loin que ce que l'infirmière et la conseillère d'orientation de mon collège leurs racontaient. C'était trés dur pour moi de devoir affronter certaines choses seul, sans réellement pouvoir en parler à une oreille attentive. Mes parents étaient trop jeune. Du moins c'est l'excuse que je me répétait sans cesse, les pardonnant chaque fois qu'il le fallait.

— Est-ce que... ça te dérange de me raconter ? Pour Chantal, précisé-je hésitante. S'il te plaît ?

Son sourire étire lentement son visage. Un sourire néanmoins triste et nostalgique. Si je ne cogitais pas autant, j'aimerais le prendre dans mes bras et le sentir tout contre moi.

— Je vais t'ennuyer avec ça, Montaine, soupire ce dernier, las.

— Non, tu ne comprends pas Zack. C'est ça que je veux de ta part, c'est ça que je veux connaître : le vrai toi ! Et cette histoire entre dans cette case.

— Tout savoir ?

— Plus ou moins, oui. Et une fois que tu auras fini, ce sera à mon tour de te raconter mon histoire.

Le garçon qui se trouve face à moi semble d'un coup moins si sûr de lui. Alors je me rends compte que nous ne sommes peut-être pas si différent que ça, lui et moi.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant