« J'aime les voyages qui créent les rencontrent, mais je préfère plus que tout les rencontres qui font voyager. »
Damien Berrard
Cette première journée a été une bouffée d'air frais. Je n'y aurais jamais cru...
Avec Zack, nous avons erré ici et là et avons opté pour la simplicité : un bon fast-food. Sans prêter attention à l'heure, nous avons plus ou moins fait du lèche-vitrines et visiter le Louvre. Se promener avec lui me paraît étrange, car cela fait très longtemps que je ne me suis pas autant rapproché d'un garçon et finalement, il me met en confiance.
Il m'a parlé de lui, de comment il a commencé à faire de la musique au lycée et comment il a été aidé par Internet en y postant chaque jour des covers sur YouTube.
Aujourd'hui, il est heureux de ce qu'il fait, même s'il fait tout pour garder les pieds sur Terre. De son côté, il ne m'a aucunement posé de question, Zack s'est montré respectueux, peu curieux et ça me convient très bien. Le jour où je me sentirai assez rassurée, m'a-t-il dit, il sera ravi d'être cette oreille attentive dont j'ai besoin.
– À quoi tu penses ? me demande-t-il soudain, alors que nous sommes assis sur une grande étendue d'herbe, non loin de la Tour Eiffel.
– Je n'en sais trop rien, à tout et à rien à la fois.
Celui-ci acquiesce en hochant la tête de haut en bas tout en restant silencieux.
– Et toi ? lancé-je, un peu moins à l'aise que lui pour poser des questions.
– Je me demande si nous ne sommes pas tombés dans une grosse arnaque.
– Comment ça ?
– David semblait si enthousiaste à l'idée d'avoir une opportunité sur Paris que je n'ai trop rien dit sur le moment, même si je n'en pensais pas moins. Cependant, le fait de me retrouver ici et d'attendre encore et toujours des nouvelles de ce soi-disant type qui veut nous embaucher pour trois soirées, ça me paraît louche. Tout est louche d'ailleurs. Nous n'avons rien à débourser, nous n'avons toujours pas signé de contrat, du moins pas officiellement. Enfin bref, je suis peut-être trop paranoïaque, mais je ne la sens pas cette histoire. En plus de ça, David et Tony sont dans un état pitoyable...
– J'ai remarqué ça.
– Ils ont complètement pété les plombs. Ils savent que je ne veux pas d'alcool ni de drogues dans mon groupe, mais là, c'est pire que tout. Ils étaient déjà défoncés de bon matin.
– Ça fait longtemps que tu les connais ?
– Oui, enfin, David est un ami d'enfance et il m'a présenté Tony quand il étudiait à la fac. Donc, pour ce dernier, non, ça ne fait pas si longtemps que ça finalement.
Sans nous en rendre compte, nous avons continué de discuter toute la journée et nous nous apercevons seulement de l'heure que lorsque Zack reçoit un appel de Chantal à dix-huit heures quinze.
Je n'entends pas ce qu'elle lui dit, mais ce dernier semble inquiet. Son visage trahit son angoisse, ses yeux se plissent et semblent fixer un point invisible sur l'herbe dans laquelle nous sommes toujours installés. Je m'interroge sur cette conversation quand enfin, il prend la parole.
– Ne me dis pas ça, tu sais très bien que je n'aime pas te savoir seule. Tu prends ta santé à la légère et ça m'agace, tu le sais, Chantal, bon sang !
Nouveau silence avant qu'il ne reprenne d'une traite :
– Maintenant, tu vas m'écouter : tu vas prendre rendez-vous chez ton médecin, tu lui expliques ce qu'il t'est arrivé et ne minimise pas les choses sinon je rentre sur Nantes et je ne t'y traîne pas les oreilles ! Non ! Tu m'écoutes, je n'ai pas fini ! S'il le faut, je le ferai. Je préfère te savoir en forme qu'être ici à me morfondre à la moindre mauvaise nouvelle que je pourrais recevoir d'un moment à l'autre. Il s'agit de ta santé, bordel ! Réveille-toi !
Le nouveau silence qui suit semble durer une éternité.
– Sérieusement, arrête. Tu n'es pas morte ! Ce n'est pas foutu, tu peux le vaincre. Chantal, pense à moi et ne me parle plus d'héritage, tu sais que j'ai horreur d'entendre ce mot ! Tu fais tout pour me mettre en rogne ou quoi ?
Le long soupire qu'il pousse me fait mal au cœur. Je m'apitoie sur mon sort concernant ma relation passée, alors que sa tante semble avoir un problème plus grave que ma misérable expérience.
– Moi aussi, Chantal. Oui. S'il te plaît, promets-moi d'y aller et de te ménager ? Bien sûr que si tu peux le faire ! Ok, soupire une fois de plus Zack, je rentre dans quelques jours, tu peux tenir seule jusqu'ici ? Très bien, alors repose-toi dans ce cas.
Les yeux rivés sur son téléphone, je n'ai pas remarqué plus tôt que ses yeux étaient rivés sur moi. Gêné d'assister à cette discussion, je souris bêtement avant de reporter mon attention aux gens autour de nous.
– Je suis arrivé ce matin, oui. Je sais que je n'ai pas eu le temps de te prévenir, mais j'allais le faire.
Celui-ci esquisse un sourire avant de répondre à sa tante :
– Je suis avec Montaine, à la Tour Eiffel.
Dès qu'il prononce ces mots, je sens mes joues rougir tels deux coquelicots au beau milieu d'un champ de blé. Le fait qu'il parle de moi à Chantal me trouble, peut-être que cela n'aurait pas été le cas si je ne connaissais pas moi-même mon ancienne patronne. Cette situation est très déroutante...
– C'est gênant. N'en fait pas des tonnes, Chantal.
Alors que je suis plongée dans mes pensées, Zack pose une main sur mon avant-bras me ramenant sitôt sur Terre. Sur ma peau, ses doigts sont électrisants de sensualité.
– Pardon ?
– Je disais que Chantal te souhaite un bon séjour et elle te passe aussi le bonjour.
– Oh ! C'est gentil.
À la suite de ma réponse, il me sourit, mais celui-ci ne ressemble en rien au sourire envoûtant et carnassier que je lui connais. Ce sourire-là est empli de tristesse. J'ai envie de savoir pourquoi, mais pour moi, la curiosité est vraiment un vilain défaut. S'il veut me parler à cœur ouvert, à ce moment-là, je serai là quand il le voudra.
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You give Love a bad name
RomanceMontaine est une jeune femme au cœur brisé, qui préfère de loin la littérature aux relations humaines. Lorsqu'elle se rend à son premier jour de travail, elle fait la rencontre d'un banal client cherchant conseil auprès d'elle. À partir de ce jour...