Montaine - 10

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« Quand le rock sera mort, le monde entier explosera [...] Les jeunes n'ont plus le même intérêt pour le rock que les générations précédentes. »

Kurt Cobain.

Ce matin, je me suis une nouvelle fois réveillée très tôt à cause de mes voisins du dessus rentré de boite de nuit. Je dois dire que c'est très irritant d'avoir ce genre de personne qui dirige ma propre vie au gré de leurs loisirs d'ivresse.

Mais il faut bien que je fasse avec, car je n'ai guère le choix. Aucune démarche ne peut être faite, car rien n'aboutit jamais.

Comme à mon habitude, je m'occupe de mon chat et m'affaire en cuisine afin de me préparer un bon petit-déjeuner. Commencer du bon pied le matin, c'est la meilleure chose à faire en plus de se motiver soi-même.

La matinée passe rapidement, je fais un grand coup de ménage dans mon appartement et il est très vite midi.

Après avoir mangé, je me replonge dans mes recherches d'emplois croisant les doigts pour avoir une chance qui puisse me sourire, mais il n'en est rien. Il n'y a aucune offre dans le domaine que j'affectionne et dans lequel j'ai fait des études.

Vers dix-huit heures trente, alors que je me pose un peu devant un divertissement musical, la sonnerie de mon téléphone, que j'avais presque oublié jusque-là, retentit. Celui-ci m'informe que c'est Clarisse.

– Prêt pour une soirée haut en couleur ?

– Clarisse, soupiré-je, excédée par ce don de toujours mettre ma vie sens dessus, dessous.

– Alors là, ma vieille, il est hors de question que tu te défiles ! Je suis derrière ta porte et si tu ne m'ouvres pas dans les dix secondes qui suivent, j'appelle un serrurier et je te préviens tout de suite que c'est toi qui paieras la facture, maugrée-t-elle, néanmoins avec une pointe d'humour dans la voix.

– Je te hais...

– Tu me remercieras plus tard de t'avoir secoué les cocotiers. Ouvre-moi maintenant !

Malgré la volonté de ne pas céder à son caprice du jour, je me sens forcée de lui ouvrir la porte et de l'accueillir chez moi. Elle a vraiment la capacité de me mettre en rogne.

– Non de Dieu ! C'est quoi cette tenue ? s'écrit-elle en me faisait face. Arrange-moi ça tout de suite ! Robe et maquillage, now !

– Hors de question.

Même en essayant de ne pas me soumettre à tout ce qu'elle exige, Clarisse arrive toujours à ses fins, mais ce soir ce n'est même pas la peine d'y penser ! Je préfère mourir que de porter une robe.

– Ce n'est pas un conseil, c'est un ordre.

– Hors de question, répété-je, fermée à la discussion.

J'accepte déjà qu'elle vienne chez moi pour faire tout son cinéma de divas et me traîner encore une fois dans l'une de ces soirées stupides, mais alors m'obliger à porter ce qu'elle souhaite, ça, jamais de mon vivant !

– Tu te tires une balle dans le pied, est-ce que tu en as conscience ?

– Non. Je ne pensais pas qu'une robe pouvait changer une vie.

– Et le mariage ? Tu y as pensé ? rétorque-t-elle sérieusement, néanmoins avec un sourire amusé.

Mince ! 1 - 0 pour elle...

– Tu me connais Clarisse, je...

– Justement ! Je te connais et tu ne sors jamais des sentiers battus. Sors de ta zone de confort l'espace d'une soirée, tu verras que les garçons te regarderont différemment.

– Parce qu'une robe changera la personne que je suis ? Parce que je suis forcément laide sans cet accoutrement ? Je peux m'en passer. Je ne vais pas vivre avec une robe vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour faire plaisir à un mec. Loin de là ! Le matin, au réveil, je serais comme tout le monde : décoiffée et en pyjama !

– Et après, tu t'étonnes de n'avoir personne ! soupire mon amie en levant les yeux au ciel.

– Je t'arrête tout de suite ! C'est toi qui veux absolument me voir avec un type au bras.

– Montaine, je sais ce que tu as dans la tête, mais il faut à tout prix que tu arrêtes cette torture que tu t'infliges depuis trois ans maintenant ! Tu ne vas pas pouvoir continuer à vivre comme ça encore longtemps. Tout cela a un impact sur ta vie sentimentale et bientôt, ça engloutira ta vie toute entière. Tu ne peux pas continuer sur ce chemin. Remue-toi, bon sang !

– Je t'interdis de revenir sur ce sujet ! Tu sais très bien que ça me fait du mal.

– Mais justement ! Il faut en parler. Moi, tout ce que je souhaite pour ma meilleure amie, c'est qu'elle puisse enfin oublier ce type qui l'a fait souffrir. C'était au lycée, bordel ! De l'eau a coulé sous les ponts depuis !

– Peut-être pour toi, mais moi le fleuve s'est asséché et je m'y suis empêtrée. C'est aussi simple que ça.

– Tu es en train de t'enterrer vivante. Mais punaise, Montaine ! Lui, il s'en balance de ta vie ! Alors fais en de même !

– Et tu penses que les sentiments que j'ai eus envers lui peuvent partir du jour au lendemain ? Eh bien non ! Je ne suis pas comme toi qui arrives à passer à autre chose la semaine suivante.

Clarisse me scrute longuement, visiblement vexée de mes propos, mais c'est la réalité. Elle et moi ne sommes pas pareilles, émotionnellement parlant.

– C'est sûr que je ne peux pas rester trois ans sur un type qui m'a brisé le cœur, voire plus ! rétorque-t-elle enfin, piquée à vif. Quand est-ce que tu comptes te réveiller de cette léthargie ? Parce que là, tu es bien parti pour gâcher ta vie, ma vieille. Tu as tout pour toi ! Tu as un corps de rêve, tu as une peau parfaite, des cheveux brun-cuivré que tu n'as même pas besoin de boucler tellement qu'ils sont magnifiquement naturels ! Et tes yeux, je n'en parlent même pas ! Ils sont tellement verts que je pourrais croire que tous ces arbres que l'homme abat renaissent dans ton regard.

Cette comparaison insensée m'arrache un sourire incontrôlable. Décidément, elle a le chic pour me mettre aussi bien en colère que de bonne humeur.

– Passe à autre chose, vraiment ! Il est temps, Montaine.

D'accord, il faut que j'oublie cet « ex » qui accapare mon existence, mais j'ai tout essayé jusque-là, et rien n'y a fait.

– Peut-être que de sortir avec quelqu'un t'aidera à oublier tout ça. C'est tout ce que je souhaite pour toi, crois-moi. Il faut que tu oublies cette histoire, tu verras, une fois cela fait, le monde va s'ouvrir à toi. Tout te paraîtra soudain plus facile. Aujourd'hui, tout ce que tu fais, c'est de te mettre des bâtons dans les roues. Et cela se répercute sur ton travail et ta vie personnelle.

Je souffle, ne sachant quoi ajouter pour la contredire. Au fond, elle a à cent pour cent raisons, mais je sais qu'il me faut un déclic pour y arriver, et ce déclic, je ne l'ai pas encore trouvé.

– Dans un premier temps, cesse d'aller espionner son profil Facebook. Ce sera déjà un bon début.

– Quoi ? Mais jamais je... ! Comment tu... ?

– Je te connais comme ma poche ! réplique cette dernière, hilare. Sans déconner, Montaine, on fait toute ça au moins une fois dans notre vie, alors je n'imagine même pas toi qui a tant donné pour ce type qui n'en valait surtout pas la peine. Tu étais accroc à lui, et tu l'es encore. Bon, moins qu'au lycée, mais tu l'es encore beaucoup trop selon moi. Maintenant, va te préparer ! On a une soirée qui nous attend !

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant