« Il y a quelque chose dans la musique qui dépasse clairement le language lui-même. »
Matt Bellamy.
Aujourd'hui, ça va faire quatre jours que j'ai de nouveau croisé le chemin de ma future dulcinée. Pour une soirée et une nuit, du moins.
Je me rends à la boutique de ma tante afin d'y jeter un œil, au cas où Montaine y serait. C'est le loto chaque fois que j'y vais, mais la chance pourrait un jour me sourire.
– Bonjour Zack ! me lance Chantal une fois à l'intérieur de son antre. Comment vas-tu ?
– Comme d'habitude. Et toi ?
– Oh tu sais, la routine, mon petit loup.
– Je peux m'installer dans ton bureau ? Je dois bosser une nouvelle chanson.
Je lui montre ma sacoche où se trouve mon PC portable et celle-ci acquiesce un grand sourire aux lèvres.
Je compte bien utiliser cet avantage pour trouver la faille qui fera défaillir ma Cendrillon. Enfin, Montaine.
Pourquoi diable, je parle comme un niais chaque fois qu'il est question de cette nana ? Ça devient barbant, mais ça vient tout seul, comme une sorte de lapsus sorti de nulle part. Heureusement que je pense au lieu de parler haut et fort
Sinon j'aurais l'air fin !
Je me pose sur la chaise et pose mon PC afin d'y faire quelque recherche. J'espère trouver quelque chose à me mettre sous la dent, parce que ce que j'ai appris de Montaine jusqu'ici m'a rassasié sur le moment, mais là, je suis clairement en manque de renouveau.
Prêt à partir a l'attaque de Google, je mets mes oreillettes et allume mon mp3.
Sur fond de Lou Reed « Walk on the wild side », je tape le prénom et le nom de famille de celle qui squatte malgré elle mes pensées.
Bon, il faut vraiment savoir trier les informations, mais j'arrive quand même à me perdre dans cette jungle d'information.
Sans m'y attendre, ma tante entre dans la pièce et je me surprends à fermer au plus vite les pages que je consultais à laide du CTRL - W. Il me sauve souvent la vie celui-ci.
– Je ne te dérange pas, j'espère ?
– Du tout ! Quelle question, mens-je un sourire goguenard planté sur ma face. Tu cherches quelque chose ?
– Bah non. Je suis en pause voyons. Il est midi et j'ai faim !
Mince ! Je n'avais pas fait attention à l'heure, trop obnubilé par mon objectif du jour. Tant pis, il va falloir que je fasse avec ma tante. Les recherches internet attendront ce soir. Si d'ici là, j'arrive à me retenir.
– Tu faisais quoi ? me demande-t-elle un coup, un peu trop suspicieuse à mon goût.
– Je cherche de l'inspiration.
– Oh ! Tu vas écrire d'autres chansons ?
J'opine de la tête, trop honteux de lui mentir de la sorte.
– C'est l'occasion de discuter posément, mon loup. C'est tellement rare de nous retrouver rien que tous les deux.
– C'est vrai.
Je ne le sens pas ce début de conversation. Ça sent mauvais.
– Tu sais que je ne te souhaite que ton bien ?
– Bien sûr ! Enfin, je l'espère !
Celle-ci rigole et se met à toussoter quand enfin, elle reprend la parole :
– Je sais que tu aimes ton métier et que tu donnerais tout pour y arriver. Mais il y a un moment où il faut aussi que tu penses à ta famille, mon garçon.
Sur ces mots, je fronce des yeux ne comprenant pas son sous-entendu.
– Tu es un homme à présent et je peux comprendre que tu veuilles encore t'amuser, mais il arrivera un temps où tout cela ne sera qu'un plus dans ta vie et tu souhaitera beaucoup plus qu'une carrière déjà acquise.
– Chantal, où est-ce que tu veux en venir au juste ?
– Je veux que tu sois heureux ! Vraiment heureux !
– Mais je le suis ! Qu'est-ce qui te fais croire du contraire ?
– Oui, tu l'es, je le vois. Mais bientôt il te faudra encore plus que ce que tu as déjà. L'Homme veut toujours plus et je pense qu'il faudrait que, dès à présent, tu cherches cette stabilité avec laquelle tu pourras vraiment t'épanouir et compter.
– Vas droit au but, tata, soupiré-je, excédé par la tournure de cette entrevue.
– Il te faut une famille, pardi ! Je me fais vieille et je ne serais pas là éternellement.
Ah non ! Pas ça ! Pas ce coup-là !
– Ne commence pas à aborder ce sujet, s'il te plaît, rétorqué-je, piqué au vif, je déteste ça et tu le sais très bien.
– Mais il le faut !
– Non ! crié-je, cette fois hors de moi. Jamais.
Chantal baisse la tête, sans doute attristée par ma réaction. Or, c'est plus fort que moi. Il ne me reste qu'elle, je ne peux pas concevoir qu'un jour je devrais vivre sans elle. C'est impossible ! Alors je préfère mettre un terme au plus vite à cette discussion.
– D'accord, bredouille-t-elle, en se raclant la gorge.
– Tu comptes en faire quoi de la boutique ?
Ma tante relève immédiatement la tête et me lorgne avec des yeux larmoyants. Elle me fait de la peine, mais moi, je ne veux pas en avoir. Je suis égoïste, mais je me protège de cette manière et ça me convient.
– La revendre, peut-être. Où te la léguer. Tu en feras ce que bon te semble.
– Chantal...
– Zack, me coupe-t-elle, je suis malade, tu sais.
– Arrête. Je ne veux pas en entendre parler.
– Mais il va falloir, Zack !
– Je t'ai dit non ! m'emporté-je, au bout du rouleau. Non. C'est clair ?
– J'aimerais tellement que tu arêtes de souffrir en gardant tout ici, ajoute ma tante en posant sa main contre mon cœur. Il faut que tu avance !
– Je vais bien, ne t'en fait pas pour moi.
Au fond, je sais pertinemment que j'ai tort et que Chantal a raison. Mais il est hors de question pour moi de souffrir de la même façon que ma mère à souffert avec mon père. Je ne suis pas fait pour avoir une vie de couple, encore moins pour fonder une famille. J'ai un cœur beaucoup trop brisé pour y parvenir et surtout pour le vouloir.
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You give Love a bad name
RomanceMontaine est une jeune femme au cœur brisé, qui préfère de loin la littérature aux relations humaines. Lorsqu'elle se rend à son premier jour de travail, elle fait la rencontre d'un banal client cherchant conseil auprès d'elle. À partir de ce jour...