You give Love a bad name

Montaine - 3

« La musique est au-delà des mots. »
Julien Green

Mon amie a eu raison de me forcer à sortir ce soir, car le concert est vraiment au top ! Fan de rock, je ne m'imaginais pas un instant ce résultat-ci. Peut-être parce que j'avais des à priori sur les musiciens qui sortent tout droit des réseaux sociaux.

Quoiqu'il en soit, j'admets avoir passé un bon moment en compagnie de Clarisse, cela m'a réellement fait du bien.

- J'ai chaud, s'écrit-elle, toute excitée.

- Il va commencer à se faire tard, souviens-toi que je travaille demain, à neuf heures !

- Ça va, ça va ! Ce n'est pas la mort !

- Je te raccompagne jusqu'à ta voiture.

- Niet ! J'ai encore un petit truc à faire avant que mémé n'aille se coucher accompagnée de sa tasse de thé et de son châle.

- Un plaid, Clarisse ! C'est un plaid !

Poussant un long soupir, je me demande quand elle arrêtera de me trimballer de gauche à droite.

- Tu m'emmènes où comme ça ? riposté-je, perdant ma patience légendaire.

Celle-ci n'en a que faire de mes protestations, car elle m'attrape le poignet et me tire en avant, m'obligeant à la suivre dans un autre délire qu'elle seule a le secret.

- Il n'est pas question que tu rentres si vite, surtout pas après un concert comme celui-ci. Suis-moi !

On s'engouffre dans un couloir, toujours à l'intérieur du Stereolux. J'avoue ne pas connaître le coin, car je n'y suis jamais allé, mais les spots de toute part et les néons rendent le décor chaleureux et magique.

- Tu me prépares quoi, encore ?

Soudain, elle s'arrête dans sa course et se retourne afin de me faire face. Fouillant dans son mini sac à main, elle en sort deux bouts de papiers que je reconnais comme étant nos pass d'entrée.

- As-tu bien lu ce qui était écrit sur ce sésame, ma belle ?

- Pour quoi faire ? Ce n'est qu'un stupide billet d'entrée, lâché-je, tout en haussant les épaules.

Clarisse me donne un coup de sac et me fusille du regard.

- Ne dis pas n'importe quoi ! Regarde bien.

Ayant les deux bouts de papiers juste devant le nez, je relis malgré ma lassitude et je me rends compte que mon amie n'a pas tout à fait tord. D'un côté, elle a raison, d'un autre, je me liquéfie sur place.

- C'est une blague ? Ne me dis pas qu'on a encore ça à faire ?

- Hey ! Ce n'est pas rien ! J'ai payé plus cher pour avoir cette option en plus. Tu devrais plutôt me remercier que de m'en vouloir. Ce n'est qu'une soirée dans toute ta misérable vie. Fais un effort !

- Attends, tu te fiches de moi ? Ma misérable vie ? Si tu veux parler de ma vie, regarde la tienne avant de me juger.

- C'est bon ! Je plaisante !