Zack - 4

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« J'aime la musique parce que... ça me fait me sentir libre, plus libre que je ne me suis jamais senti de toute ma vie, et ça me donne la liberté de faire n'importe quoi sans trop de conséquences. » 

Dom Howard.

Je n'ai décroché aucun autre contrat depuis celui du Stereolux. L'hiver, c'est plus difficile de faire des shows case que durant les beaux jours. Mais je ne me décourage pas, même si mes deux acolytes n'en branlent pas une ces derniers temps. Ils pensent plus au plaisir charnel qu'au plaisir de jouer.

Parfois, j'en ai ras la casquette de tout faire, d'autres fois, je positive en me disant que c'est moi qui ai voulu tout ça. Alors je dois assumer et accepter les coups durs et les échecs. 

Aujourd'hui, pour me ressourcer, je décide donc d'aller rendre visite à ma tante dans sa boutique. On ne se croise pas beaucoup ces jours-ci, bien que nous vivons sous le même toit. Elle est de jour, je suis plus de la nuit. C'est comme ça, nous avons deux métiers différents et donc façons de vivre différente. 

Néanmoins, nous arrivons quand même de temps à autre à se croiser, et dans ces moments-là, on en profite pour les partager pleinement.

Lorsque je passe la porte d'entrée du magasin, la petite sonnette retenti et j'entends la voix enjouée de Chantal s'écrier au loin. Ce qui me fait instantanément sourire.

– Bienvenue ! En quoi puis-je vous aider ?

– En fait, commencé-je imitant une voix rauque, je voudrais avoir un renseignement sur un de ces Arlequins.

J'aperçois cette dernière descendre de l'étage toute essoufflée, et quand elle pose enfin les yeux sur moi, elle fait la moue et croise les bras.

– Dis donc, jeune homme, vous n'êtes pas un peu trop jeune pour ça ?

– Pas du tout ! Il faut bien que je commence quelque part !

Bouche béante, ma tante se dirige vers moi et me frappe l'avant-bras.

–Tu as un sacré toupet toi !

– Ne fais pas l'innocente Chantal. Je ne suis plus aussi sage qu'avant, tu dois bien t'en douter.

– Malheureusement, oui, soupire-t-elle avant de reporter son attention sur moi une fois derrière sa caisse, que me vaut cette visite, mon petit Zack ?

– J'avais envie de te voir. Je n'ai pas le droit ?

– Mais si, voyons !

Pendant qu'elle s'affère à ranger des livres, je fais le tour de la boutique désertée par la clientèle.

– Il n'y a personne ?

– Oh, tu sais les gens ne sont pas trop présent la semaine, encore moins lorsqu'il fait moins deux dehors. Mais va voir dans les bars, tu verras qu'ils y sont tous ces dépravés !

– Tata ! Ce n'est pas parce qu'on y va qu'on est forcément alcoolo !

– Tu ne changeras pas mes opinions.

Chantal a toujours eu des a priori sur tout, mais je n'en partage aucun avec elle. Elle est de la vieille époque, mais celle-ci est révolue. Aujourd'hui, les mentalités ont changé et la manière de vivre sa vie aussi.

– Mais attends, tu travailles toute seule ?

– Depuis quelques jours, oui. Pourquoi ?

– Et la nouvelle ? m'exclamé-je, estomaqué par cette information.

– Montaine, tu veux dire ? Je n'ai pas pu la garder, m'annonce cette dernière dans un haussement d'épaule que j'ai du mal à interpréter.

Est-ce qu'elle s'en fiche ou est-ce de la déception déguisée ?

– Comment ça ? Explique-moi, bon sang ! Pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ?

– Hey, doucement ! Qu'est-ce qui t'arrive enfin ?

– Je...

En fait, je suis à la fois sidéré qu'elle ne m'en a pas parlé et tout aussi triste. Je m'étais dit que si jamais je voulais recontacter cette fille, je n'avais qu'à aller voir ma tante et j'aurais eu le plaisir de la retrouver. 

Aujourd'hui, je me rends compte que c'est foutu. Mon plan tombe à l'eau, aux oubliettes, à la poubelle, bref...

C'est fichu.

– Non, rien.

– Zack, ce n'est pas la joie tous les jours ici. J'ai les créanciers qui me mettent la pression chaque mois. Je n'ai pas eu le choix. Elle était si douée, si bonne, mais...

J'écoute ma tante seulement d'une oreille. C'est vrai, elle semblait si bonne, mais je ne pense pas avoir la même définition du mot que Chantal. 

Et douée, en plus. J'aurais voulu le savoir par moi-même, sauf qu'à cause de ce licenciement, je ne le saurais peut-être jamais.

Fais chier ! Quoique...

Eurêka !

– Tu as quand même gardé contact avec cette fille, non ?

– Plus ou moins. Elle passe de temps à autres.

– Malgré ne pas l'avoir embauché ?

Celle-ci acquiesce et ajoute :

– Je l'ai embauché grâce à sa fidélité, justement.

Et moi qui pensais avoir tout perdu, finalement, j'ai une infime chance de la revoir dans les jours ou semaines à venir, quitte à rester travailler avec ma tante. 

Je la veux, et pour cela, j'emploierai tous les moyens qu'il faut pour y parvenir.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant