Montaine - 11

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« Le rock est la foutue meilleure drogue du monde. »

Angus Young.

Finalement, j'ai joué le jeu. Pour faire plaisir à Clarisse. Une fois de plus.

J'ai enfilé une des robes de mon dressing, de couleur noire et à mi-cuisses, accompagnée de collants opaque de la même teinte pour pallier au froid hivernale de l'extérieur. Avec, j'ai revêtu ma longue veste en cuir arrivant au-dessus de mes genoux ainsi que mes Dr.Martens préférés à lacets blancs. Avec elles, j'arrive à avoir une certaine assurance et à me sentir bien dans ma peau.

Avec ses détails en plus, le fait de mettre une robe passe facilement. Mon maquillage est plus neutre. Je ne suis pas une adepte du fond de teint, le crayon noir est ma seule arme pour sortir. Cela me permet de faire ressortir mes yeux en amande.

Clarisse, restée dans le salon, trépigne d'impatience sur le canapé. Je le remarque instantanément lorsque que je reviens auprès d'elle.

– Eh bah voilà ! Un peu trop dark, mais le geste est là.

– Dark ? répété-je, dans le flou le plus total.

– On dirait que tu vas à un enterrement. Pire, à un concert de métal.

Je la scrute ne comprenant pas où est le problème. Elle m'a toujours connu sous cet angle, pourquoi aurais-je changé en une nuit ?

– Clarisse, hormis la robe, c'est mon style de tous les jours. Je ne vois pas où est le problème.

– Tu ne vois pas ? Tu veux que j'éclaire ta lanterne qui s'est perdue dans les méandres de ton esprit ?

– À toi l'honneur !

– Ça fait déprimant, voilà tout. D'accord, je ne te l'ai jamais dit jusqu'à aujourd'hui, mais je n'aime pas du tout.

– Eh bien ce style, c'est moi. Tu vas devoir continuer à t-y faire.

– Je sais, mais... Parfois, tu vas trop dans le trash et là... Tu y es.

– Clarisse ?

– Quoi ? demande-t-elle en posant ses yeux sur les miens.

– Je m'en fiche.

– OK ! Très bien. C'était juste un conseil d'amie, s'écrit-elle en levant les mains en l'air.

– Merci quand même.

Oubliant cette conversation, j'attrape mes clés et nous sortons de mon appartement.

Dehors, il fait frais et déjà noir, alors qu'il est à peine dix-neuf heures. Je ne sais pas où Clarisse compte m'emmener, mais je me laisse porter, à l'aise dans mes baskets. Ou plutôt, dans mes bottes.

Après tout, pourquoi résister alors qu'au final, je lui dis tout le temps « Amen » ?

En espérant tout de même que ce ne soit pas un traquenard. Je viens tout juste d'y penser et rien qu'à cette idée, mon cœur s'emballe à toute pompe.

– Où est-ce que tu nous emmènes comme ça ? l'interrogé-je, curieuse et angoissée à la fois.

– Rejoindre David dans un bar.

– Un bar ? David ? m'époumoné-je, horrifiée. Tu sais que je fuis les bars comme la peste ! Pourquoi tu tires toujours sur la corde ? Je t'ai encore fait confiance, Clarisse !

– Du calme, Montaine ! Je veux seulement passer une bonne soirée avec mes amis. Tu verras, ce ne sera pas si terrible. Il faut surmonter ses phobies parfois et là, ce sera l'occasion pour toi d'y remédier.

Son ton détaché ne me plaît pas. Elle n'a pas l'air de mesurer à quel point je hais ces endroits.

– Et ce David, qui est-ce encore ?

– Bah, voyons ! Tu le connais. Ne fais pas l'amnésique.

– C'est à moi que tu dis ça alors que tu me traîne tout droit dans la gueule du loup ?

– Détrompe-toi, ma belle, ce loup-ci sera bien différent.

En arrivant dans le bar, nous avons rejoint ce cher David que j'ai reconnu comme étant le batteur du groupe de glam-rock qu'on a été voir il y a quelques jours de ça.

Quelle surprise ! Clarisse ne perd jamais une occasion pour trouver un nouveau boyfriend à se mettre sous la dent.

– Alors je vais tenir la chandelle, c'est ça ? murmuré-je à mon amie alors que David jette un regard à la foule.

– Tu es encore loin du compte.

Devant mon regard peu convaincu, elle ajoute :

– Bon, j'avoue ! Tu as raison à cinquante pourcents.

– Et les cinquante qu'il reste ?

– Eh bien, il ne va pas tarder à pointer le bout de son joli museau, minaude-t-elle en faisant une nouvelle allusion au loup.

En effet. Ce fameux loup ne ressemble en rien à tous ceux que l'on peut admirer dans la nature.

Clarisse m'a encore bien eu !

Le loup est entré dans la bergerie et l'agneau que je suis veut à présent fuir au plus vite.

Je savais que c'était un piège. J'aurais dû me méfier. Quant à ce dernier, il semble tout aussi surpris que moi de me voir d'un coup dans son champ de vision.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant