You give Love a bad name

Zack - 7

« Je n'ai jamais cherché à être bizarre. C'est toujours les autres qui m'ont qualifié de bizarre. »

Frank Zappa.

Je suis plus que tendu, à cause de la discussion que ma tante a tenté d'amorcer ce matin et pour la énième fois, j'ai fui. De savoir qu'elle risque de me quitter du jour au lendemain et à n'importe quelle heure du jour comme de la nuit, m'effraye énormément, néanmoins, je n'en laisse rien paraître. Être faible, c'est donner l'occasion aux autres de vous enfoncer plus que vous l'êtes déjà. Et ça, c'est hors de question.

Je suis Zack Tova, chanteur et leader du groupe les Cheeky Boys et fière de l'être.

Cependant, pendant cette discussion un peu houleuse avec Chantal, j'ai eu le temps de dégoter le numéro de téléphone de celle qui me hante la tête depuis quelques jours. Et pas que la tête d'ailleurs...

Penché sur mon mobile depuis plus d'une heure, ma télé en fond sonore, j'écris et efface une dizaine de fois le message que je veux impérativement lui envoyer. Je veux qu'elle se souvienne de moi, qu'elle m'ait dans l'esprit comme je l'ai dans le mien. Cette fille est devenue un défi à elle toute seule. Je la veux, quoiqu'il m'en coûte. Quitte à lui promettre monde et merveilles, je veux pouvoir la toucher, la sentir, avoir sa peau nue contre la mienne. Je veux tout d'elle. Elle me rend dingue !

Dingue ? Qu'est-ce que je raconte ? Aucune fille ne m'a déjà fait cet effet, jamais je ne me battrais pour une femme, alors pourquoi en faire tout un plat pour elle ?

Toujours devant mon téléphone, j'inspire et expire, perdu dans un maelström de sentiments à l'égard de cette furtive relation dont j'imagine déjà les moindres petits détails.

N'ayant plus les idées claires, j'appuie sur le bouton envoyer sans même avoir prêté attention à ce que j'ai écrie.

Les relisant tour à tour, je jette mon mobile sur le canapé et me prend la tête entre mes mains. J'ai honte. Vraiment honte de moi.

« Bonsoir, je suis navré de vous déranger à l'heure du repas (si jamais vous mangez). Si je vous importune, j'en suis désolé (je m'excuse beaucoup visiblement et mon message est plus long que prévu...).

Zack Tova, le type de la bouquinerie. »

Le deuxième n'arrange pas ma médiocrité littéraire :

« Désolé, je me suis un peu égaré dans mon précédent message. Je tenais à vous dire que j'étais désolé (oui, encore, c'est redondant et lassant) j'ai récemment appris que vous aviez perdu votre poste à la bouquinerie de Chantal. J'en suis désolé. Je vous trouvais parfaite.

Zack, encore. »

Le dernier est un peu mieux, car pour moi, l'essentiel est là :

« Je m'épanche encore un peu trop. Je m'étais promis de ne pas sembler lourd. Alors je vais droit au but : est-ce que ça vous dirait de venir prendre un verre avec moi dans un bar ? J'aimerais vraiment échanger avec vous ;).

Zack. »

Je ne sais pas si je m'endors dans l'attente d'une potentielle réponse, mais ce qui est sûr, c'est que je me suis effondré de fatigue, comme une loque devant ma télévision.

Attendre qu'une fille daigne me répondre, je n'ai, et ô grand jamais, vécu ça !

Habituellement, je déteste qu'on me fasse languir de cette manière, ça me fait sortir de mes gonds et j'abandonne.

Ici, je me surprends moi-même. J'attends, certes impatiemment, mais cette attente fait monter en moi une toute nouvelle sensation. Une sorte de désir dont je ne connais pas encore le goût.

Au petit matin, je suis réveillé par le chant des oiseaux. Le soleil n'est pas encore levé, les rues sont encore désertes. Habitant en plein centre-ville, je ne vais pas m'en plaindre, car le calme s'y fait rare.

Néanmoins, la première chose qui a percuté mes pensées, c'est cette fille, Montaine.

Je me rue sur l'objet de mes attentes et ce que j'y découvre me laisse un goût amer.

Aucune réponse à mes messages ne s'affiche.

Dépité, je ne me laisse pas défaillir pour autant par cette mauvaise nouvelle.

Si tu veux jouer à ça, ma petite Montaine, alors, tiens-toi bien, car le plan B ne fait que commencer.