Montaine - 6

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« Si les rencontres sont le fruit du hasard, l'attirance est une passion qui ne se contrôle pas. »

Bruno Beauval.

Je ne sais plus quoi faire pour passer le temps. Travailler me manque beaucoup trop. Non pas que je veuille passer ma vie à travailler, mais ma dernière expérience m'a laissé un goût amer. 

Et puis, je me sens un peu seule en ce moment. Clarisse passe ses journées à la fac, quant à mes autres amis, ils sont pour la plupart en couple, avec un ou plusieurs gamins et tout roule comme sur des roulettes pour eux. 

Moi, je n'ai pas de boulot, pas de mec, pas d'enfants et zéro vie sociale. Autant dire : le néant total.

Je décide alors de me bouger les fesses et d'aller au moins me changer les idées dans ma boutique préférée, qui n'est autre que celle appartenant à Chantal. 

Là-bas, je compte bien y trouver mon bonheur littéraire afin de remonter un peu mon moral. Même si j'ai été licenciée, ce n'est pas une raison pour fuir ce lieu. Je le trouve beaucoup trop attrayant. C'est la caverne d'Alibaba !

Arrivée à la boutique, je retrouve mon ancienne employeuse qui semble contente de me revoir. Je dois avouer qu'elle m'a manqué aussi, c'est une femme d'une cinquantaine d'années, vive et joviale. Toujours à vouloir rendre service aux autres.

Autant dire que le courant est directement bien passé entre nous deux, car ma nature timide n'aide pas toujours à m'ouvrir facilement aux autres.

Je lui demande si elle a eu des nouveautés dans les genres sentimentales ou fantastiques. Elle acquiesce et me montre du doigt l'arrière-boutique.

– Fais-toi plaisir, regard derrière la caisse, ce sont les livres que j'ai reçu, mais que je n'ai pas encore eu le temps de mettre en rayon.

– C'est gentil, merci !

Ravie de pouvoir fait mes emplettes en mode VIP, je me laisse aller à la contemplation des romans de ces cinq étagères énormes.

Entre temps, mon ancienne patronne me rejoint et ne me lâche pas du regard. Je la sens étrange. Son comportement a changé tout d'un coup.

– Tu sais, depuis que tu es partie, ce n'est plus vraiment la même ambiance ici. Je dois admettre que je m'ennuie à mourir. Ta fraîcheur me manque beaucoup.

– Moi aussi tout ça me manque.

– Ah ! J'oubliais. Zack est passé me voir il y a deux semaines. Il était déçu de ne pas te trouver ici. Il comptait avoir d'autres conseils de ta part. J'ai dû lui annoncer la nouvelle. Il n'avait pas l'air très ravi, je crois.

– Ah oui ? Tu parles du garçon qui était fan de musique ? demandé-je, bien que je sache de qui elle parle.

– Lui-même ! C'est un chouette garçon. Je me suis dit que je pourrais peut-être te donner sa carte si jamais ça te disait de le contacter afin de l'aider, ajoute-t-elle, un sourire malicieux au coin de ses lèvres, il avait l'air vraiment désespéré ce jour-là.

– Oh...

Ma réponse n'est pas superbe, mais je prends tout de même le bout de papier qu'elle me tend si impatiemment. Visiblement, elle veut jouer les entremetteuses et ça me fait rire intérieurement. C'est mignon de sa part.

– Il adore tellement la musique qu'il en a fait son métier. C'est pour ça qu'il est toujours à la recherche du livre idéal. 

– C'est super de pouvoir faire de sa passion son travail.

– La dernière fois, ajoute-t-elle sans m'écouter, il n'a fait que de me parler de toi. Ça m'a beaucoup surprise. Visiblement, tu lui as fait bonne impression.

– Si cela a pu l'aider, alors ça me fait plaisir.

Mais elle me fait quoi là, Chantal ? Je me sens mal à l'aise, je n'ose pas lui parler de ma deuxième rencontre avec Zack au Stereolux. Je n'ai pas pour habitude de m'épancher sur ma vie privée.

C'est un peu gênant d'être mis en avant par un inconnu que j'ai rencontré que deux fois dans ma vie, mais c'est aussi plaisant d'avoir retenu l'attention de cet homme, car il faut bien admettre qu'il est assez plaisant à regarder.

Retournant le bout de papier dans tous les sens pour cacher mon malaise, je finis par y jeter un œil, sans plus d'intérêt que ça. 

Lorsque Chantal s'éloigne de nouveau pour encaisser une cliente tenant une sacrée pile de livres dans les bras, je retiens un hoquet de surprise.

Mon sourire se fige en même temps que je fixe cette carte de visite immaculée. Celle-ci a pour seule inscription : Zack Tova, ainsi qu'un numéro de téléphone.

En fin de compte, je pense avoir rencontré ce fameux Zack bien plus de fois que je ne le pensais.

Est-ce un bon ou un mauvais signe ? Je ne sais pas. Quoiqu'il en soit, je crois fortement au destin, mais est-ce que le hasard est intimement lié à ce dernier ? Je pense que cela dépend de la situation et des personnes.

Pour ma part, dès que j'ai posé mes yeux sur Zack, quelque chose en moi s'est passé. C'est inexplicable, c'est un battement incessant dans la poitrine, une chaleur ardente piégeant mes joues, des tremblements et des balbutiements excessives.

Mis à part ces effets corporels, j'ai ressenti une chose que je n'ai jamais connu. Alors y mettre un nom dessus, c'est assez délicat. Un coup de foudre ? Non, c'est certain. Mais ce chanteur m'a diablement envoûté.

Alors que devrais-je conclure de tous ces événements ?

C'est claire : soit je lui plaît, soit il veut s'amuser.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant