Zack - 13

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« Même les rencontres de hasard sont dues à des liens noués dans des vies antérieures. »

Haruki Murakami

Montaine à réellement l'air étonné par la nouvelle que je viens de lui apprendre, pourtant, j'étais presque persuadé qu'elle s'en doutait. Cette fille à le don de détendre l'atmosphère en une fraction de seconde et de façon si naturelle que j'en suis subjugué.

Je ne sais pas pourquoi elle me fait cet effet, je pensais pourtant avoir tourné la page aussi facilement qu'avec mes autres conquêtes d'un soir, mais visiblement, il n'en ai rien. Montaine, elle, me hante l'esprit. Tout ce que je vois, ce que j'entends, ce que je fais, me relie indubitablement à elle et pourtant, nous nous connaissons si peu !

Le reste du trajet a été un calvaire. Non pas d'un point de vue désagréable, mais le fait de m'être retrouvé à quelques centimètres de son corps, de frôler son bras dû aux secousses du train m'ont mit dans tous mes états. J'en ai eu souvent la goutte au front et mon corps réagissait de manière disproportionnée. J'en étais moi-même surpris. Mais j'ai finalement réussi à me contenir, à ne pas me comporter en véritable sauvage, prêt à sauter sur sa voisine de voyage.

Un peu de civilisation tout de même, Zack ! m'a bien souvent crier ma conscience.

Nous sommes arrivés en moins de temps qu'il n'en faut sur Paris, la vie est bien différente de Nantes, mais je ne m'y vois pas y habiter au quotidien.

Le reste des Cheeky Boy's sont toujours avec leurs copines, décidément, je n'aurais jamais imaginé passer après une fille. Entre mecs, on se répète souvent que ce sont les potes avant les meufs, sauf que là, c'est comme si ces paroles entre nous n'avaient jamais existé. Je ne dis rien, j'agis comme si de rien n'était, mais au fond de moi ça me blesse. En réalité, Chantal a toujours eu raison de me réitérer sans cesse que dans la vie, nous n'avons que très peu d'amis digne de confiance. Aujourd'hui, j'en ai la preuve sous mes yeux.

Nous arrivons tous les six dans un immense appartement de la capitale où il y a quatre chambres. C'est peu, mais avec les binômes qui se sont formés ça devrait le faire. Montaine prendra certainement la restante.

La décoration n'est pas trop mal en soi, le style Haussmannien donne un côté chic et épuré aux pièces.

Je pose mes bagages dans la chambre la plus éloignée au fond d'un long couloir et m'affale, épuisé, sur le lit King Size qui trône au milieu de cette pièce plus grande que mon propre salon.

Tout ceci ferait tourner la tête à bien des gens en quête de célébrité, mais j'ai toujours réussi à garder les pieds sur terre. C'est important pour moi.

Les yeux fermés, presque sur le point de somnoler, un bruit sourd me fait bondir sur le matelas.

À bout de nerfs de cette matinée merdique, je suis sur le point d'envoyer valser la personne en question, quand mes yeux se posent sur un visage un peu trop triste à mon goût.

– Montaine ?

Le regard dans le vague, elle ne réagit pas immédiatement. Debout, à l'entrée de ma chambre, son sac de voyage qu'elle tient à bout de bras, la Montaine que j'observe me semble bien trop peinée et étrangement, une colère incompréhensible m'envahit en une fraction de seconde lorsque je perçois une larme couler sur son visage d'ange.

Je me lève brusquement et fonce sur elle. Posant mes mains avec douceur sur ses épaules, repoussant au passage ses cheveux ondulés, je tente d'attirer son attention non sans difficulté.

– Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandé-je, décontenancé par cette situation.

Lentement, elle relève la tête et répond d'un ton monotone :

– Il faut croire que tout amitié a une fin.

Perdue, les sourcils froncés, je tente de comprendre où elle veut en venir quand j'entends plus loin des rires un peu exagéré pour ma part. Je suis peut-être loin de connaître cette fille, mais du peu que je sais d'elle, elle ne mérite pas d'être rejetée, ni même blessée de la sorte. Même si c'est de mon pote David qu'on parle et de sa copine.

Je la prends dans mes bras, sa tête reposant contre mon torse. Ses larmes me font de la peine, en temps normal, l'ancien Zack en aurait profité pour l'embrasser et, qui sait, aller même plus loin. Mais avec Montaine, c'est différent. Je me sens différent au point de ne pas le faire. Je veux agir correctement envers elle, je veux qu'elle ait confiance en moi et je souhaite seulement que si un jour l'embrasser doit se faire, je tiens à ce qu'elle le désir aussi. Et non pas qu'elle le regrette à la seconde d'après.

Peut-être que ce changement soudain est dû aux comportements dédaigneux de mes camarades ? Peut-être n'ai-je plus envie de jouer ce rôle de mauvais garçon ?

Assis tous les deux sur le lit, j'essaie autant que faire se peut de la calmer face aux spasmes dont elle est la martyre.

– Montaine, murmuré-je afin de l'apaiser, s'il te plaît.

– Tu crois que c'est vraiment de ma faute ? me questionne-t-elle en s'éloignant de mon corps qui ne demande qu'à être collé au sien. Tu penses que j'ai commis une erreur en voulant m'éloigner du monde durant tout ce temps ?

– Bien sûr que non ! J'ai fait la même chose, tu sais, et personnellement, je me suis senti renaître. Les personnes qui ne peuvent pas comprendre ça sont des gens qui, finalement, ne pensent qu'à eux. Ne culpabilise pas pour ce que tu as cru bien faire et ceci juste pour ton bien.

– Tu le penses vraiment ?

– Sincèrement, confirmé-je en hochant de la tête.

Cette dernière me dévisage longuement avant d'esquisser un sourire, petit, mais je prendrais tout ce qu'elle me donnera sans rechigner. Quant à moi, je la déshabille du regard sans indiscrétion aucune, mais à mon grand étonnement, cela n'a pas l'air de la déstabiliser. Un sourire s'étire sur mon visage et nous semblons tous les deux voguer vers un autre monde que celui dans lequel nous sommes emprisonnés.

– Merci, chuchote Montaine à son tour.

– Pourquoi ?

– Pour être toi. Pour être présent alors que tu ne sais pas à qui tu as affaire.

– Au contraire, je sais toujours quel genre de femme se trouve à mes côtés.

– Tu dis ça seulement par ce que...

– Parce que je suis objectif. Je te l'accorde, tu me plais toujours autant qu'au premier jour, mais là, il ne s'agit pas seulement de ça. Je suis persuadé que tu es une fille bien.

Celle-ci sourit, les joues rosies par mes paroles et intérieurement, mes entrailles se resserrent me criant d'accaparer sa bouche, là, maintenant ! Elle ne me ferme pas la porte comme la dernière fois, alors un brin d'espoir renaît en moi.

– Je, je ne sais pas où dormir cette nuit. Toutes les chambres semblent être prises.

– Je ne comprends pas ?

– En fait, ils dorment tous en couple, mais la quatrième chambre a été utilisée pour déposer vos valises et instruments. Donc...

J'acquiesce, sachant dorénavant pourquoi elle était dans cet état. Clarisse n'a pas voulu d'elle, ce doit être ça...

– Ma chambre est assez grande pour nous deux. Je dormirai sur la banquette à côté si tu le souhaites.

– Ne te prive pas pour moi. C'est ton voyage, ton business, tes concerts, tu ne dois pas être fatigué seulement parce que je dors dans ton lit et toi sur un banc.

Dans mon lit ? Ces mots résonnent en moi et mon esprit immisce des images peu catholique dans ma tête.

Calme-toi Zack !

– J'insiste. Ce soir, tu dors ici.

Montaine passera la nuit dans cette pièce. En aucun cas, je veux la laisser dans une autre chambre, seule et triste.

Bon d'accord, j'en profite peut-être un peu, mais je suis loin d'avoir agi comme l'ancien Zack. Aujourd'hui je suis Zack Tova et non pas Zack des Cheeky Boys.  Et ça, j'en suis très fière.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant