Chapitre 7 :Émilie/Si le loup y était,il nous mangerait

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Émilie

-Oui,tout va bien tu n'as pas à t'inquiéter.

Je sourie comme si mon père était capable de le voir à travers l'écran de mon cellulaire.

-Je serais plus rassuré si tu n'étais pas seule après ce qui est arrivé.

-Je ne suis pas seule ne t'en fais pas pour moi et profite de New York,on dit que c'est une ville gigantesque.Je détourne la conversation en rêvant de pouvoir être avec lui dans la ville de mes rêves.Mon père continu à prendre de mes nouvelles tout en me racontant quelques anecdotes sur son voyage puis je raccroche.

J'observe avec grande attention la pièce dans laquelle je suis comme si je la voyais pour la première fois.Le salon avec ses carreaux en marbre blancs,ses murs de la même couleur habillés de tableaux que j'ai moi même peints représentants pour la plupart des paysages forestiers,le piano au centre qui détonne par sa couleur noir,le canapé immense ivoire face à l'écran plat et puis cette bée vitrée offrant une vue sur les arbres,et enfin il y a moi,planté dans ce décors sans âme,seule.Terriblement seule.

Autrefois j'appréciais la solitude puis la vie m'a ôtée la personne que j'aimais le plus au monde. Aujourd'hui être seule me rappelle comme je n'ai plus rien.

J'avais vu Brice la veille,nous étions allé déjeuné chez Milks and Co',un restaurant café vintage dans lequel j'avais travaillé l'été dernier,bien que je n'avais pas besoin d'argent,j'aimais m'occuper et surtout me rendre utile.Nous avions surtout parlé du lycée et de nos souvenirs de Cynthia,cette rouquine au tempérament réservé qui n'avait jamais fait de mal à personne volontairement.L'injustice de sa mort me frustre plus qu'elle ne m'attriste à vrai dire,cette fille ne méritait pas ça.

Depuis presque deux semaines mon cerveau tournait en boucle sur cette tragique soirée,il essayait de comprendre comment un tel drame avait pu arriver et même si le grand blond avait tout tenter pour me divertir je n'arrivais pas à penser à autre chose.À part peut être à mes deux meilleures amies qui font tout pour ne pas me voir depuis ce soir là.

J'avais tenté de joindre Maddy mais je n'ai eu aucune réponse et quand à Lucie elle m'a inventé une sornette à laquelle je n'ai pas cru une seconde.Pourquoi me mentent-elles ? Est-ce que j'aurai fais quelque chose qui les a déplus ? Non,si ça avait été le cas Maddy me l'aurait dit,elle n'aurait pas manqué de délier sa langue et me servir sa franchise légendaire.Voilà pourquoi je ne comprends pas,bien qu'il arrive qu'elles disparaissent quelques jours,elles ne me font jamais sentir responsable de leurs absences.

N'y tenant plus j'attrape un pull en coton où j'ai glissé mes écouteurs dans une des poches avant et sors sous une pluie calme sans vent.

Je niche mes écouteurs dans mes oreilles et fais défiler ma playlist en commençant mon footing à travers la forêt.

J'habitais la dernière maison de notre quartier,j'étais isolée tout en étant prêts des commerces et d'autres maisons.J'avais parfois l'impression de vivre entre deux mondes,comme si cette forêt qui bordait notre propriété était une frontière entre deux univers,auparavant je ne m'étais jamais aventurée seule le soir,surtout aussi loin mais cette nuit mon instinct me dictait de continuer,de m'enfoncer encore et encore à travers les arbres comme si je cherchais quelque chose.

Soudain la voix de Anson Sebra n'est plus la seule que j'entends,ou plutôt un son étrange,plus fort qu'un cri et plus menaçant qu'un aboiement résonne dans mes tympans.

Devant moi se dresse un loup,du moins ça y ressemble tout en étant plus gros et plus grand,non pas que je ne m'y connaisse vraiment.

Celui ci à le pelage marron comme les arbres autour de nous,ses yeux d'une forme plus étirée que celle des humains me fixent avec férocité.

S'il pouvait parler je suis sûre qu'il me dirait qu'il comptait me manger,j'en ai des frissons rien qu'à l'imaginer.

Lentement il s'avance tandis que je recule à la même vitesse,pour chaque pas qu'il fait vers moi j'en fais en arrière et puis soudain comme si ce jeu ne l'amusait plus,la bête bondit sur ses pattes et me saute à la gorge.Je ferme les yeux,les bras devant mon visage comme seule défense je m'attends à ce qu'ils soient déchiquetés sous l'assaut du monstre mais rien ne se passe.

J'ouvre un œil puis l'autre,l'obscurité rends presque invisible la silhouette qui me sépare du loup aux poils marrons.

Devant moi,faisant barrage à mon corps un loup encore plus grand grogne contre mon assaillant.

Je me souviens alors de ce moment où Lucie et moi étions attaqués et où un loup au poil aussi noir que la nuit nous avait sauvé.

Serait-ce le même loup? Mais pourquoi me protéger...

Le loup marron baisse la tête en couinant comme s'il souffrait avant de relever les yeux brièvement vers moi et de s'enfuir en repartant de là où il venait.

Je réalise que mon corps tremble et que mon cœur bat à tout rompre.Le loup au pelage ébène se retourne se retrouvant le museau contre mon ventre.

Je me fige,sentant mon ventre se contracter.Que va-t'il me faire? C'est alors que je remarque ses yeux qui sont posés sur moi,des billes vertes avec une touche de dorée.

-C'est toi.Je réalise que j'ai parlé à voix haute lorsque le loup noir incline la tête sur le côté en me regardant d'une façon étonnamment perturbante.

-Merci.Ce simple mot représente tant,sans ce loup je serais morte non pas une mais deux fois.

Le loup hoche la tête comme s'il avait compris ce que je venais de lui dire avant de reculer,de se retourner et de courir dans la même direction d'où était venue le premier loup.

Je ne bouge que lorsque je ne le vois ni l'entends plus,m'interrogeant sur le fait que j'avais autant envie de le suivre.

L'appel du loup : ImmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant