Chapitre 23 :Émilie/À la mémoire de nos disparus

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Émilie

Comme je le pensais le cimetière était désert,je prends une profonde inspiration avant de franchir le portail blanc,cet endroit avait toujours eu un effet plus ou moins étrange sur moi,j'avais cette impression de passer dans une ville ou les habitants étaient invisibles mais bien présents et ça me faisait un drôle d'effet, pourtant je ne manquais jamais d'y venir au moins deux fois par ans.

Aujourd'hui,suivant ce rituel je me trouvais à nouveau devant la tombe en pierres marbrées,un bouquet de pavots dans les mains.

-Ici repose Laure Lopez Green,une femme et mère aimante.

Je dépose les fleurs sous l'inscription et décide d'arracher les satanées mauvaises herbes qui ont poussé autour.Ça pousse sans que tu ne t'en aperçois et puis ça étouffe tout.Je m'accroupis et arrache avec empressement les racines vertes.C'est comme des putains de fars,ça t'éblouis d'un coup et puis plus rien !

Les larmes coulent dans une saveur amère sur mes joues glacées,refroidis par le vent qui s'est levé.

Ça fait cinq ans maintenant qu'un chauffard nous l'a prise pourtant la douleur est encore là,elle n'est jamais partie,plus intense encore.Ma mère méritait bien plus,elle était d'une douceur infinie et d'un cœur d'une rare pureté,elle aurait du pouvoir me voir grandir,m'aider à choisir ma fac et me donner des conseils sur les garçons,elle aurait dû être là pour me consoler lors de ma première peine de cœur,si elle avait été là,peut-être même que rien de tout ceci ne serait arrivé.

Mon téléphone vibre dans la poche arrière de mon jean me sortant de mes pensées,l'image de Marcus est balayée par celle de ma meilleure amie.

Maddy m'a envoyé un message.

"-Est ce que ça va?" Elle n'a pas oublié,alors même qu'elle à tant de choses auxquelles penser en ce moment même...

Les larmes repartent de plus belles alors que je lui réponds que tout va bien.

Les minutes passent et je reste à contempler la pierre en granit sur laquelle on a mit sa photo,elle était si belle,mon père trouve qu'on se ressemble,pour ma part,je me vois comme un parfait mélange de mes deux parents,j'ai hérité du nez en trompette de mon père et des yeux de ma mère .Son regard semble être dirigé sur moi tandis que je fixe l'image en noir et blanc.Si seulement je...Une main se glisse dans la mienne,ma meilleure amie me sourit en secouant la tête.

-Je sais toujours quand tu mens.

Maddy m'ouvre ses bras et je m'y réfugie aussitôt,j'ai le cœur broyait,quand la plaie cesseras-t'elle de saigner ? Quand la douleur se tairas-t'elle ? Quand est-ce que je pourrais enfin avancer ?

-Merci.J'hume son odeur familière.

-Je serai toujours là,toujours.Ses simples mots sont du baume qu'on applique sur mes blessures aussi bien visibles qu'invisibles,c'est tout ce que je demande,qu'elle reste,elle et tout ceux à qui je tiens,je ne peux plus perdre qui que ce soit.

Je rentre chez moi,le moral dans les chaussettes j'avise ma tenue de maison : un jogging pyjama très confortable et me cale sous ma couette que j'ai descendue au salon.Assise sur le grand fauteuil blanc je mange de façon tout sauf distingué les cookies aux pépites de chocolat que je me suis achetée lorsque j'ai fais les courses la dernière fois.Avant pour l'anniversaire de ma mère on avait l'habitude d'en faire toutes les deux.Cette époque me semble si loin et tel un vieux rêve,mes souvenirs du temps où elle était encore vivante s'effritent progressivement.Mon père m'a appelé tout à l'heure et j'ai bien cru que cet appel n'allait jamais finir.C'est la première fois que je suis seule à cette date,d'habitude mon père se débrouille toujours pour rentrer même si ce n'est que pour un jour,je crois qu'il le fait pour moi mais aussi pour lui,ensembles la peine est plus supportable mais cette année je suis soulagée qu'il soit à New York et non ici,après les récents événements je ne sais pas si j'aurais réussi à tout gérer. J'avais profité de mes moments de libres pour me renseigner un peu plus sur les loups garous,leurs légendes,leurs mythes en tentant de rassembler ce que je savais déjà.J'avais aussi lu pas mal d'histoires à ce sujet,des fictions parfois très loin de la réalité."La réalité",je n'en reviens pas d'être parvenu à ce point là,établir que tout ça fait parti de ma vie.Mais quand j'y pense,ce que je fais à vrai dire tout le temps,j'ai toujours été attirée par le danger et par les loups.Je devais avoir hérité de cette fascination de ma mère,quand j'étais petite on se retrouvait souvent sur notre ancien canapé pour regarder des documentaires animaliers.Je zappe les chaînes de la télévision accrochée au mûr à l'aide de la télécommande et m'arrête sur une rediffusion de la série "teen-wolf".L'ironie de la situation me fait sourire.Je suis au troisième épisode lorsque quelqu'un cogne à la baie vitrée.Je n'avais pas fermée le portail ? Je me lève sans grande motivation,ma couette toujours enroulée autour de mes épaules.Mes deux meilleures amies attendent dehors,des boîtes de gâteaux dans les mains.

L'appel du loup : ImmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant