26 - On the Precipice of Defeat

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[Song reference : On the Precipice of Defeat - an original soundtrack from Bleach]

Alors que Maxine prenait place pour le deuxième examen écrit de la semaine, son corps lui semblait d'une extrême lourdeur, comme ankylosé. Mais ce n'était rien à côté de la lassitude de sa tête ; son esprit encore enfouillé au milieu des oreillers, encore perdu dans les souvenirs de la veille. Souvenirs maintenant mélangés à l'angoisse de son réveil des plus abrupts il y a de ça à peine une heure et demie. Sa mère était entrée dans sa chambre, s'approchant du lit pour caresser son avant-bras. Un réveil qui fut des plus abrupts, donc, lorsqu'elle découvrit le visage de Susan penché au-dessus d'elle, lui intimant qu'elle était en retard, elle qui avait été sur le point de murmurer le nom de son demi-frère et qui avait la poitrine encore dénudée ; reconnaissant le visage de sa mère, sentant la panique lui déchirer les veines, croyant (à tort, le temps d'une seconde) que Billy était encore allongé à côté d'elle, cherchant déjà les mots, les explications.

À la déception de ne pas avoir remarqué le départ nocturne du blond s'était encore ajouté le dépit de ne pas le trouver prêt à l'amener au collège comme la veille, pas même d'entrevoir ses contours au fond du couloir de la petite maison. Elle avait compris qu'il n'allait tout simplement pas l'accompagner lorsqu'elle aperçut sa mère s'emparer des clefs de sa voiture – non pas une Camaro bleue rugissante mais une sympathique, quoique poussiéreuse, Ford beige – et elle comprit qu'il était déjà parti, ailleurs, loin, si loin, lorsqu'elle découvert que la Camaro bleue rugissante était aussi absente que son propriétaire.

Ce fut finalement sans stress et dans le silence le plus tranquille qu'elle arriva devant la salle d'examens. Pas de moteur hurlant ni de pneu crissant sur le béton, juste le paysage défilant avec une douceur terriblement ennuyeuse. Ce fut un simple encouragement oral qui ponctua sa sortie de la voiture étonnamment fumante, auquel elle répondit avec un vague sourire superficiel, presque hypocrite, presque coupable. Pas de baiser surprise, pas de regard inquisiteur, pas même de langue léchant avec appétit cette tendre lèvre inférieure, juste la monotonie.

Mathématiques. Maxine devait avouer qu'elle se réjouissait presque de cet examen-là : si la littérature ne la réussissait pas tant que ça (bien qu'elle commençât presque à changer d'avis), les chiffres, eux, lui donnaient une certaine satisfaction – et Dieu sait à quel point elle en avait besoin de satisfaction en cet instant précis, elle et sa vie ridiculement sans satisfaction. Les mathématiques étaient pour elle l'incarnation du « possible », c'est-à-dire une infinité de liens, de parallèles et de connexions qui montraient à quel point tout peut se comprendre – que ce soit par des calculs faisant plus de deux pages de long ou des graphes aux courbes extraordinairement complexes –, à quel point tout fonctionnement est en fait résultat d'un ensemble. Il suffisait qu'elle ait cet éclair, cette soudaine révélation pour que le problème écrit sur sa feuille devienne aussi évident qu'une partie aux arcades. Crayon dans la main, elle ne pouvait plus s'arrêter.

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Si la matinée fut désagréablement différente, l'après-midi prit exactement la même tournure que celui de la veille. Maxine termina son examen avant les quatre garçons et retourna les attendre sur les marches en dehors du bâtiment. La rouquine se stoppa lorsqu'elle distingua une silhouette déjà assise sur le côté droit, en plein soleil, habillée d'un marcel noir. Oh, elle n'avait pas besoin de faire un pas de plus pour savoir à qui appartenait ce marcel noir. Elle pivota et fut sur le point de retourner à l'intérieur – sur la pointe des pieds, la respiration retenue au plus profond de ses poumons – lorsqu'elle entendit son nom :

-       Max !

-       Maxine..., corrigea-t-elle en se tournant vers Patrick, lequel s'était alors levé et marchai vers elle.

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