29 - Save Your Tears

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[Song reference: Save Your Tears by The Weekend]

Allongée par terre, sur un linge trop détrempé pour être vraiment agréable, l'herbe lui piquait les bras, lui chatouillait les narines. La tête reposée sur ses deux bras croisés, Maxine tentait tant bien que mal de chasser toutes les pensées qui torturaient son esprit depuis qu'elle était sortie de la Camaro de Billy.

Le goût de gerbe était toujours là. L'envie de pleurer également – quoiqu'elle eût maintenant encore plus envie de crier, d'hurler à gorge déployée. Seule différence : un examen en moins sur cette liste (qui lui semblait définitivement interminable), probablement raté d'ailleurs vu le peu de temps qu'elle a réussi à lui consacrer. Si elle était restée dans la salle pratiquement jusqu'à la fin, cela avait été uniquement parce qu'elle ne se sentait pas d'aller déjà au-dehors, d'affronter la suite de la journée. Pire encore, de se retrouver seule, à attendre pendant plus d'une heure et demie le reste du groupe, avec pour seule compagnie ses pire pensées. Contempler sa feuille vide par-ci, raturée par-là, était une perspective bien plus réjouissante.

Couchés à côté d'elle, les garçons avaient bien vu son mal-être ; Mike et Will étaient même allés chercher Eleven pour qu'elle se joigne à leur habituel après-midi piscine, dans l'espoir que cela allait la réconforter d'une quelconque manière. Ce fut le cas. Pendant une bonne heure en tout cas, et puis elle fut rattrapée par toutes ses réflexions. Et surtout, elle croisa le regard de Billy. Un regard des plus vides et des plus indifférents.

La main de sa meilleure amie se pose sur son bras et le secoua légèrement.

-       Tu viens prendre une glace avec moi ? demanda-t-elle avec un sourire.

-       Vas-y, répondit-elle, maussade.

Une fois les cornets de glaces en main, Eleven stoppa Max qui s'apprêtait à retourner vers les garçons, toujours sur l'herbe.

-       C'est Billy ?

Elle sut que même si elle voulait mentir cela ne servirait à rien. Déjà parce qu'elle avait horriblement besoin d'en parler avec quelqu'un. Ensuite parce qu'elle savait très bien qu'El le remarquerait. De toute façon, son sourire mi-niais – il suffisait qu'elle entende ce foutu prénom pour que ses lèvres s'étirent en ce rictus caractéristique de la personne secrètement amoureuse –, mi-désespéré l'avait déjà trahie. Elle lui raconta tout, dans les moindres détails, lui expliquant comment Billy était passé du garçon doux, quasi intéressé et investi, à cette version de lui qui semble dépourvue de sentiments. Elle lui raconta l'état de parfaite incompréhension dans lequel elle ne cessait de tourner en rond. Et encore, « ne plus rien comprendre » était un euphémisme. Surtout, elle lui décrivit les événements du matin, en particulier leur dernier échange.

-       Il sabote tout quoi.

-       « Sabote » ?

-       Ouais. Un peu comme moi quand j'avais tout fait pour pas retrouver Will. Enfin quoique non, c'est pas vraiment la même chose, continua Eleven. Mais au fond peut-être que si : j'ai agi comme ça parce que j'avais peur d'être remplacée. Je m'en rends compte maintenant, j'ai (failli) saboté notre amitié à nous cinq ; ça aurait été beaucoup plus supportable que ça se finisse comme ça plutôt que parce que quelqu'un me remplace...

-       Et du coup ?

-       Du coup, c'est simple, je pense que Billy a peur d'un truc. Quoi, je sais pas, mais en tout cas c'est suffisant pour qu'il préfère gâcher sa relation avec toi...

-       Ah bah super, ça fait plaisir... maugréa Maxine d'un rire jaune. Et je fais quoi, maintenant ?

-       Mmh... rien. À lui de régler son problème.

CONTAMINATEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant